La nature humaine est faite de telle manière qu’elle attend un drame avant de prendre les mesures qui s’imposaient depuis longtemps. Sauf que, des fois, même quand le drame est arrivé, les mesures correctives ne viennent pas.
Nous en avons eu la preuve (encore une fois) durant la semaine écoulée. Il a suffit de quelques heures de pluies torrentielles pour que plusieurs endroits de l’île soient (à nouveau) inondés. Heureusement, on a évité la tragédie du 30 mars 2013 – jour où les inondations ont exigé 11 vies à Port-Louis – et celle de 2008 à Mon-Goût, où deux personnes, une fillette et une personne âgée, ont été emportées par les flots.
Mais on est porté à croire que c’est davantage le facteur chance qui a joué, plutôt que les leçons mal apprises du passé, quand on a vu des maisons englouties jusqu’au toit à Plaine-des-Papayes.
En dépit de centaines de millions de roupies injectées dans des contrats de travaux d’urgence, octroyés sans appel d’offres à quatre firmes seulement, après les inondations de 2013, et des milliards de roupies investies dans la construction de drains au fil des ans, le fait est que des inondations spectaculaires deviennent de plus en plus fréquentes en cas de fortes pluies.
à qui la faute ? Certes, tout n’est pas à mettre uniquement sur le dos de nos gouvernants, même s’ils rabâchent à tue-tête qu’ils ont pris toutes les mesures pour éviter des inondations… jusqu’aux prochaines pluies. Il y a aussi la faute du citoyen, trop léger dans son comportement. Beaucoup pensent toujours que nos drains sont des poubelles.
Que dire de notre urbanisation tellement mal planifiée... Si certains quartiers de Grand-Baie ont été sous les eaux mardi, comme à chaque forte pluie, on connaît les raisons. Les zones marécageuses qui absorbaient le surplus d’eau de pluie ont été bétonnées par des promoteurs peu soucieux.
Dans d’autres villages inondés, ce sont les habitants eux-mêmes qui ont tout bétonné. La course aux profits juteux et l’insouciance ont mené à la situation présente. Les autorités le savent depuis des années, mais ont laissé faire au nom du développement. Sauf que ce développement-là coûte très cher aujourd’hui. Et il ne donne pas du tout l’image d’un pays moderne.
En attendant, à Canal-Dayot, zone sinistrée en 2013, les habitants prient pour leur vie à chaque forte averse, alors que des travaux de réhabilitation coûteux ont été entrepris sur les berges. Jeudi, ils ont frôlé la catastrophe. Surpris par une subite montée des eaux, ils pointent le doigt vers les autorités qui n’ont pas procédé au nettoyage du canal depuis belle lurette.
Tout ceci pour dire que les torts sont partagés. Tant que les uns et les autres ne seront pas vraiment conscients, on continuera à attendre le prochain drame, et celui d’après, et ainsi de suite…
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