Vishal Rughoobur, économiste : «Les plus démunis méritent une compensation salariale»

Pour l’économiste Vishal Rughoobur, ce serait illogique de ne pas octroyer de compensation salariale cette année, car en 2015, on l’avait accordé malgré un faible taux d’inflation.

Les grandes manœuvres pour le paiement d’une compensation salariale débutent ce jeudi. Vos commentaires ?
Certes, le taux de l’inflation est très bas, mais l’année dernière, on a accordé une compensation salariale. Si une frange de la population peut se passer de cette compensation, tel n’est pas le cas de ceux qui se trouvent au bas de l’échelle. Les plus démunis méritent une compensation salariale.

Selon les syndicats, plus de 250 000 employés du secteur privé ont besoin d’une compensation. Mais le patronat estime que les conditions ne sont pas réunies pour le paiement. Qu’en pensez-vous ?
On entend les mêmes arguments année après année. Mais la réalité est que bon nombre de salariés vivent dans des conditions très difficiles. Leur situation ne s’améliorera que s’ils obtiennent une augmentation salariale réelle et pas à travers le paiement d’une compensation salariale. Même si cette compensation ne va pas améliorer sensiblement leurs conditions de vie, elle sera la bienvenue.

Quel serait le quantum idéal en tenant compte de tous les paramètres ?
Il y a un comité technique qui se penche sur ce dossier. Il appartient au gouvernement de prendre une décision en se basant sur les recommandations de ce comité.

Le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, se prononce en faveur d’une formule de révision qui mise davantage sur les conditions économiques prévalant que sur l’inflation. Êtes-vous du même avis ?
Les critères qui sont pris en considération incluent le taux d’inflation mais aussi les conditions économiques qui prévalent. Je pense qu’une révision du calcul de la compensation salariale doit se faire dans le consensus. On se souvient que dans le passé, le National Pay Council n’a pas fonctionné parce qu’on a voulu intégrer d’autres critères. Il y a eu beaucoup de réticences de la part des syndicats.

Dans certains milieux, on évoque la possibilité d’une perte d’emplois suivant le paiement d’une compensation salariale…
Jusqu’ici, on n’a jamais entendu de perte d’emplois massive après le paiement de la compensation salariale. Il se pourrait que les entreprises baissent leurs coûts en revoyant leur politique de recrutement, surtout celles qui n’ont pas la capacité de payer. Car il ne faut pas oublier que la compensation salariale a un coût.