Publiée la semaine d'avant, l’étude de Kantar TNS Analysis, à la demande de l’Association of Communication Agencies (ACA), fait état de menaces réelles sur le secteur de la communication à Maurice. Deux membres de l’ACA, Cyril Palan (Logos) et Vincent Montocchio (Circus), reviennent sur le rapport.
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Cyril Palan : Les objectifs du rapport sont multiples. Tout d’abord, il s’agit de faire connaître l’écosystème de la communication et du marketing. En effet, notre industrie est souvent méconnue car elle est segmentée et va bien au-delà des agences de publicité. Elle comprend également toutes les agences spécialisées (Branding, Web, Communication digitale, Achats médias, PR…); ainsi que les imprimeurs, les afficheurs, les entreprises de l’évènementiel, les producteurs audio-visuel, les self-employed (maquilleurs, photographes, mannequins, ingénieurs du son, monteurs, vidéographes, graphistes et autres free-lances…); et les médias, dont les revenues principaux proviennent de la publicité.
Le deuxième objectif est de mesurer notre poids réel pour l’économie mauricienne et le nombre d’emplois que nous générons. Nous représentons en effet 5 milliards de roupies et générons 3,500 emplois, ce qui n'est pas négligeable.
Finalement, l’étude est également un moyen de parler de l’importance de notre secteur dans le succès de la relance économique. En effet, nous sommes le lien entre les entreprises et ceux qui les font vivre : les consommateurs. Nous sommes donc tout sauf superflu, car nous sommes les partenaires des entreprises et un véritable vecteur de croissance.
Est-ce la première fois qu’un tel exercice vous est demandé, compte tenu aussi de son contexte ?
Cyril palan : C’est la première fois que l'ACA est commanditaire d’un tel rapport, regroupant tous les acteurs de l’écosystème. L’ACA (autrefois AAA) a toujours eu un rôle important dans l’économie mauricienne et a toujours eu à cœur de valoriser le secteur et de défendre ses intérêts. Les initiatives ont été multiples, notamment avec les Awards, mais aussi à travers la publication du code d’éthique de la publicité et plus récemment le Design Festival.
Comment décrierez-vous l’ampleur de cette crise qui frappe le secteur de la communication ?
Vincent Montocchio : Les budgets publicitaires font partie des premières coupes budgétaires effectuées par les entreprises. Pourtant, toutes les études internationales prouvent qu’il est essentiel de ne pas couper ces investissements durant les crises, car ces mêmes investissements sont la clé de la survie des marques, donc des entreprises. Au final, le consommateur aura toujours besoin de choisir entre une marque ou une autre (cela est également vrai pour les services), et si une marque disparait de l’esprit des consommateurs, elle signe alors son arrêt de mort. Nous sommes convaincus que les marques et les entreprises qui ont communiqué intelligemment pendant la crise en sortiront plus fortes.
Quels sont les principaux secteurs qui ont impacté les chiffres d’affaires dans ce secteur ?
Cyril Palan : Les investissements dans les médias « traditionnels » (affichage et presse principalement) ont subi d’importantes coupures. Par ailleurs, le marketing évènementiel a connu un arrêt total dû à l’interdiction de se réunir (congrès, activations dans les supermarchés, guérilla-marketing, lancements de produits, rebranding, etc.) qui sont des outils précieux pour les marques.
Est-ce que celui-ci est appelé à se réinventer, à un moment où on parle de plus en plus de travail à distance ?
Vincent Montocchio : Il est évident qu’il y a des opportunités dans toute crise, et les entreprises doivent être attentives aux signaux envoyés par les Mauriciens. Les consommateurs sont en quête de sens ! Ils attendent plus de solidarité, plus de localisme, plus de développement durable et plus d’innovation. Ils s’attendent à ce que le champ d’action des marques dépasse le cadre direct du produit. Les entreprises doivent se réinventer de l’intérieur pour devenir des marques utiles faisant vivre des expériences fortes et ayant des messages qui résonnent pour chacune des audiences. Les marques et les leaders d’entreprises se doivent d’être responsables, car le consommateur est aux aguets et ne tolèrera aucune injustice ou ce qu’ils perçoivent être injuste. Le secteur de la communication est là pour accompagner ces entreprises vers plus de pertinence, et les aider à mieux s’adresser à leurs audiences.
Est- ce que la crise que connaît se secteur risque de durer ?
Cyril Palan : En cette période d’incertitude, on n’a malheureusement que très peu de visibilité car de par sa taille et sa situation géographique Maurice dépend beaucoup de l’international. Cependant, il est clair que les prochains mois seront difficiles à gérer pour notre secteur, comme pour bon nombre d’autres. Les Mauriciens craignent encore pour leur pouvoir d’achat et l’incertitude pour l’avenir, mais nous sommes confiants que nous verrons un retour à une certaine forme de normalité à partir d’octobre.
Quels sont les facteurs qui favoriseront le retour des jours meilleurs ?
Vincent Montocchio : La confiance, la solidarité, plus de localisme et d’économie circulaire, plus d'interaction économique avec la région, et bien évidemment l’unité nationale.
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