Vidia Mooneegan, de Ceridian : «L’élection de Trump n’inquiète pas les entreprises des Tic»

Le fait que Donald Trump ait été élu président des États-Unis n’inquiète pas le Senior Vice-President et Managing Director de Ceridian. Vidia Mooneegan estime que 2017 sera une bonne année pour les TIC à Maurice. Il se dit pour le Trade in Services Agreement, à condition que les firmes locales soient à la hauteur de la concurrence internationale.

Quelles sont vos perspectives pour le secteur des Technologies de l’information et de la communication (Tic) ? Est-ce que 2017 s’annonce bien ?
Je pense que oui. La plupart des opérateurs avec qui j’ai parlé ont prévu pas mal de croissance en 2017. Je n’ai pas entendu d’opinions négatives pour le moment. La majorité des entreprises sont davantage inquiètes de savoir si elles auront suffisamment de ressources et de bureaux pour leur expansion. En 2016, nous avons eu de nouvelles entreprises à Maurice et les présentes sont en expansion.

Quelles sont, selon vous, les nouvelles activités qui se développeront l’année prochaine ?
Je constate qu’il y a une tendance parmi les jeunes de monter leur entreprise pour créer de la valeur ajoutée. Si vous demandez aux jeunes qui sortent de l’université, combien d’entre eux veulent un emploi et combien veulent créer leur entreprise, 50 % souhaiteront devenir leur propre patron.

Je pense que c’est un très bon signe parce que les jeunes voient des opportunités sur le marché local en matière de technologie pour rendre les entreprises plus compétitives et créer des affaires à travers Internet et les applications pour mobiles. Le secteur mauricien des Tic se tournera de plus en plus vers le développement des applications au lieu d’activités à faible valeur ajoutée, comme le backoffice et les centres d’appels.

Qu’en est-il du marché africain ?
Pour l’Afrique, il s’agit surtout de spécialisation. On doit viser les opérations à forte valeur ajoutée. En Afrique, les salaires sont comparables, voire plus bas qu’à Maurice. Cela n’a aucun sens pour les entreprises africaines de décentraliser leurs centres d’appels à Maurice. Cela n’arrivera pas. En revanche, les banques et les compagnies d’assurance, par exemple, qui sont à la recherche d’opérations à forte valeur ajoutée, représentent un créneau à exploiter.

Les entreprises mauriciennes du secteur des Tic, comme Ceridian, qui travaillent avec le marché américain sont-elles inquiètes de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ?
Pas du tout. Ce sont surtout les entreprises du secteur manufacturier qui peuvent être affectées, pas celles des services. Je vous donne un exemple : aujourd’hui, nous avons externalisé des profils comme des jeunes ingénieurs informatiques en Inde et à Maurice. Les Américains, qui ont peut-être perdu leurs emplois, ont maintenant intégré d’autres entreprises ou secteur d’activités. Où vont-ils avoir tous ces ingénieurs informatiques pour reprendre tous ces emplois ? Il est impossible pour eux de le faire, d’autant plus qu’il y a une pénurie d’ingénieurs informatiques aux États-Unis. Je pense que ce sont plutôt les fabricants automobiles, qui ont massivement délocalisé, notamment au Mexique, qui seront inquiets, pas nous.

Êtes-vous en faveur du Trade in Services Agreement (TiSA) ?
Je pense que le TiSA est une bonne chose. Le risque potentiel est lié à la grande ouverture du marché. Les sociétés mauriciennes qui ne sont pas de classe mondiale auront des difficultés à opérer. Je pense que le TiSA est une très bonne chose si les entreprises mauriciennes sont suffisamment fortes. On pourra avoir de nouveaux marchés car celui de Maurice est très restreint. Beaucoup de sociétés locales souffrent, le marché mauricien étant très restreint.

Avec cet accord, nous pourrons vendre nos capacités dans d’autres marchés. Mais nous devons être au même niveau, voire meilleurs que nos concurrents car nous risquons de voir arriver de gros opérateurs étrangers. En conclusion, oui le TiSA est positif, mais pour que cela marche, il faut que les sociétés mauriciennes soient suffisamment fortes.