Quelle est la durée d’efficacité du Sinopharm ? Ou encore celle du Covaxin ? Faut-il accorder la priorité pour l’administration de la booster dose à ceux qui se sont fait inoculer ces vaccins anti-COVID-19 ? Le point avec quelques professionnels de santé.
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Sur les 348 patients qui sont décédés de la COVID-19 du 1er au 29 novembre, 156 étaient pleinement vaccinés. De ceux-là, 88 (soit 0,04 %) s’étaient fait inoculer le Sinopharm, 44 (soit 0,09 %) le Covaxin, 16 (soit 0,02 %) l’AstraZeneca (Covishield) et huit (0,007 %) le Janssen de Johnson & Johnson. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, à l’Assemblée nationale le mardi 30 novembre 2021.
Ces chiffres soulèvent des interrogations autour de la durée d’efficacité de certains vaccins comme le Covaxin et le Sinopharm. Le Dr Shameem Jaumdally, chef de service de l’unité de diagnostic de l’University of Cape Town Lung Institute en Afrique du Sud, reconnaît que les producteurs et les développeurs n’ont pas pu établir la période d’efficacité de ces produits.
« En l’absence de données sur la durabilité de leur efficacité, c’est difficile à dire si c’est trois, quatre mois ou plus », indique le virologue.
Il ajoute qu’avec l’avènement des variants de la COVID-19, il y a encore moins d’informations sur l’efficacité des vaccins contre ces derniers. « Les producteurs tels que Pfizer-BioNTech, Johnson & Johnson, AstraZeneca ou encore Moderna, mettent à jour les informations à chaque fois qu’il a de nouveaux variants, en menant des études sur l’efficacité de leurs produits contre ces derniers. Ils se concentrent sur l’aspect durabilité dans le temps », explique le Dr Shameem Jaumdally.
S’il précise que ces producteurs ont pris la responsabilité de divulguer les dernières informations dont ils disposent sur l’efficacité de leurs vaccins, ce n’est pas le cas de ceux du Covaxin et de Sinopharm. « Nous sommes un peu dans le noir quant à l’efficacité de ces vaccins dans le temps », déplore-t-il.
Le virologue ajoute que ce sont principalement les pays pauvres et ceux en voie de développement qui se sont procuré les vaccins Covaxin et Sinopharm. Le hic, dit-il, est qu’ils n’ont pas les moyens de mener des recherches. Un spécialiste du privé insiste sur le fait que ceux qui se sont fait administrer le Covaxin et le Sinopharm devraient être prioritaires à recevoir le vaccin Janssen de Johnson & Johnson ou le Pfizer-BioNTech en guise de booster dose. Un autre médecin ajoute lui aussi sous le couvert de l’anonymat que Maurice a privilégié la diplomatie en acceptant et en faisant l’acquisition de ce type de vaccins au détriment de la santé de la population.
Le Dr Vinita Poorun, Chairperson du Mauritius National Immunization Technical Group, a un tout autre avis sur la question. Elle estime que peu importe le vaccin, le plus important est de se protéger. C’est, selon elle, toujours mieux que de n’avoir aucune protection. Elle reconnaît cependant une baisse de l’immunité au bout de trois ou quatre mois. Elle nuance toutefois que cela ne s’applique pas seulement au Sinopharm, mais aussi aux autres vaccins.
« C’est quand la période d’efficacité de certains vaccins a commencé à chuter que le nombre de cas d’infection à la COVID-19 a connu une hausse », dit-elle. Raison pour laquelle elle est d’avis que ceux qui se sont fait inoculer le Sinopharm devraient se faire administrer la booster dose dès que possible, soit quatre mois après leur deuxième dose.
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