Vacances de fin d’année à Maurice : la diaspora entre crainte et hésitation

Les habitudes des Mauriciens installés à l’étranger ont été chamboulées depuis l’année dernière. Si certains hésitent à se rendre à Maurice pour des vacances de fin d’année, d’autres ont renvoyé leur séjour à 2022. En vacances ou pas, la diaspora suit l’évolution de la situation sanitaire dans l’île de près.

Fadilah Jheengoor-Mooraby : « Passer le plus de temps possible avec nos parents »

Fadilah Jheengoor-Mooraby est arrivée à Maurice le mercredi 8 décembre. Elle est venue en compagnie de son époux et ses enfants. Depuis trois ans, elle trépignait d’impatience de revoir ses parents et ses beaux-parents. 

« Nous comptons passer le plus de temps possible avec nos parents. Nous avons aussi voulu rendre hommage aux proches que nous avons perdus ces derniers temps », confie-t-elle.

Cela fait 16 ans qu’elle réside en Angleterre. Elle est connue pour ses livres de recettes. Tout comme son époux, elle exerce dans le domaine médical. Le couple est donc formé sur les précautions à prendre et les mesures sanitaires à respecter. 

« N’empêche que la crise sanitaire est inquiétante. Nous suivons la situation de près, surtout les protocoles mis en place par le Royaume-Uni concernant les déplacements. Les protocoles changent constamment en fonction de l’évolution de la pandémie », fait remarquer Fadilah Jheengoor-Mooraby. 

Elle explique qu’elle a transité par la France pour venir à Maurice. Au retour, elle prendra un vol direct. « Au retour comme au départ, nous devons effectuer des tests pour être sûrs que nous sommes en bonne santé. » dit-elle. 

Nous comptons passer le plus de temps possible avec nos parents. Nous avons aussi voulu rendre hommage aux proches que nous avons perdus ces derniers temps "

Pooja Panchoo Boodhooa : « Je préfère ne pas prendre de risque »

Il y a cinq ans, Pooja Panchoo Boodhooa s’est installée au Canada. Depuis, elle n’a pas eu l’occasion de revenir à Maurice pour des vacances. Elle prévoyait de le faire en cette fin d’année. La présence du nouveau variant Omicron a changé ses plans. 

« Certaines frontières sont fermées ou il y a des restrictions par rapport aux voyages. J’ai donc pris la décision de venir en février prochain. » Elle compte passer deux semaines de vacances à Maurice. « Je préfère ne pas prendre de risque en voyageant pour l’instant. Je vais être patiente pour que je puisse retrouver ma famille dans les meilleures conditions possibles », souligne-t-elle. 

Les plages, l’ambiance du « bazar » de Vacoas et des aliments comme « sev », « baguet fromaz », « dholl puri » et « salad mang » lui manquent. En attendant de pouvoir profiter de la cuisine locale et le folklore mauricien, la jeune femme se connecte constamment aux sites d’informations de Maurice pour être au courant de la situation sanitaire.

Je vais être patiente pour que je puisse retrouver ma famille dans les meilleures conditions possibles "

Kaviraj Sookoo : « Je devais faire une surprise à mon père mais il est décédé »

Cela fait neuf ans que Kaviraj Sookoo, 47 ans, réside au Québec, Canada. Il prévoyait dans un premier temps de venir à Maurice le 3 octobre dernier, dans le cadre de l’ouverture des frontières. « J’ai estimé que c’était trop tôt et je voulais voir comment la situation sanitaire évoluait à Maurice. J’ai donc repoussé mes vacances pour le 5 décembre », dit ce père de famille. 

Il avait planifié de quitter le Québec le 3 décembre et rentrer à Maurice deux jours après, soit le jour de l’anniversaire de son père. « Je voulais faire une surprise à mon papa. J’allais venir avec mon épouse et mes deux enfants. » soutient Kaviraj. 

Malheureusement, Kaviraj Sookoo n’a pu voir son père une dernière fois. « Mon papa est tombé malade. Le 10 novembre, il est décédé », dit-il avec tristesse. Ses frères et sœurs se sont chargés des formalités. Entre-temps, le nombre de contaminations à la Covid-19 est en hausse à Maurice. Et avec le nombre de décès, Kaviraj Sookoo a voulu éviter le voyage. 

De plus, le cœur n’y était plus. « J’ai donc pris la décision d’annuler mon billet. » Il attend une amélioration de la situation avant de s’offrir un séjour dans son pays natal. Sa dernière visite remonte à 2018.