Urban Cooling, cette entreprise ne vous dit sans doute rien. Pourtant, elle s’apprête à révolutionner Port-Louis, avec son projet de climatiser les bâtiments de la capitale avec l’eau de mer.
C’est un projet d’envergure appelé à transformer la capitale en une ville verte. En effet, la Deep Ocean Water Application (DOWA) de la compagnie Urban Cooling, dont le promoteur est l’entrepreneur, Pierre Ah-Sue, compte utiliser l’eau de mer pour climatiser les bâtiments de Port-Louis. Le montant des investissements s’élève à environ Rs 4 milliards.
Selon le procédé, l’eau de mer froide sera pompée à partir d’environ 1,100 m de profondeur à une distance de 6 km de la côte à travers deux pipelines spéciaux.
L’eau froide sera dirigée vers des échangeurs de chaleur à Bain-des-Dames. L’eau douce fraîche sera ensuite distribuée via un réseau onshore de canalisations de 5,5 km en boucle fermée.
L’eau de mer qui a été réchauffée après le transfert de son énergie thermique au réseau froid, sera soit évacuée vers le large à une profondeur où la température thermique est équivalente ou utilisée pour d’autres activités annexes. Urban Cooling est un Special Purpose Vehicle (SPV) mis sur pied pour développer, financer, construire et exploiter le projet.
Selon Philippe Ong Seng, le Chief Executive Officer d’Urban Cooling, le projet est à un stade avancé. Une étude de faisabilité ainsi que le « conceptual design » ont déjà été effectués. « Nous avons donc respecté les conditions imposées par la Banque africaine de développement (BAD), nous attendons maintenant le financement de cette dernière. Je tiens à souligner que ce projet répond à deux critères, qui sont deux normes écologiques de la Banque mondiales pour lutter contre le changement climatique », explique le CEO.
La BAD a approuvé en 2014 l’octroi d’une subvention d’un million de dollars américains (environ Rs 35 millions) à Urban Cooling. Ce financement devrait permettre à la compagnie d’effectuer un « offshore survey ». Ce dernier est une technique d’étude de la géologie marine qui consiste à sonder les fonds marins, c’est-à-dire les différentes couches terrestres se trouvant sous la mer. Cette méthode donne des informations très précises sur les caractéristiques, la structure et la dynamique des fonds marins.
Bénéfices
En ce qu’il s’agit de l’onshore, Urban Cooling est en attente de son Enviromental Impact Assessment License. Pour rappel, en décembre dernier, le gouvernement mauricien et Urban Cooling Ltd ont signé un contrat de concession. « Aussitôt l’EIA report obtenu, nous pourrons démarrer les travaux », dit Phillipe Ong Seng. Ce projet devrait leur permettre d’économiser environ Rs 175 millions sur la note d’importation et donc réduire la balance commerciale. « Contrairement aux projets verts que sont le photovoltaïque ou l’éolien, qui dépendent du climat, le projet DOWA c’est du 24/7 », ajoute Philippe Ong Seng. Ce projet devait réduire annuellement l’émission de 40 000 tonnes de dioxyde de carbone. Pendant la période de construction, le DOWA devrait créer 200 à 300 emplois. Après la construction des emplois high-end seront disponibles. « Il va nous falloir une main-d’œuvre sophistiquée », souligne Phillipe Ong Seng. De plus, il y a un potentiel de création d’un plus grand nombre d’emplois indirects dans diverses activités, telles l’aquaculture, la pharmacologie et l’embouteillage d’eau traitée. Urban Cooling a fait une étude technique sur 65 bâtiments à Port-Louis. Dans un premier temps, la compagnie vise comme clientèle les bâtiments à climatisation centralisée, notamment les complexes du Caudan, l’hôtel Labourdonnais, la Mauritius Commercial Bank, la State Bank of Mauritius, Mauritius Union, ou encore l’Hôtel du gouvernement, le bâtiment du Trésor, le Registrar, la municipalité, entre autres. Le CEO d’Urban Cooling affirme que le projet devrait être implémenté dans deux ans au maximum. [row custom_class=""][/row] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13365","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-22055","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1024","height":"333","alt":"Urban cooling"}}]] [row custom_class=""][/row]Les projets similaires: de Bora Bora à l’île de La Réunion
En 1869, le romancier Jules Verne semblait être en avance sur son temps évoquant l’utilisation des océans pour produire de l’électricité. Mais il faut attendre un siècle et demi plus tard pour voir l’université Cornell, aux États-Unis, utilisait la SWAC (Seawater air conditioning) pour climatiser ses locaux en pompant l’eau sous la surface du lac Cayuga. Au Canada, à Toronto, on exploite les eaux du lac Ontario pour climatiser le centre-ville. À Bora Bora, un complexe hôtelier, Intercontinental Resort and Thalasso Spa, a inauguré en 2006 sa nouvelle climatisation alimentée à l’eau froide. L’hôpital de Tahiti est lui aussi déjà connecté à un système de refroidissement à l’eau de mer. Plus près de chez nous, à l’île de la Réunion, on a pour projet de climatiser des bâtiments des communes de Saint-Denis et de Sainte-Marie grâce aux eaux marines profondes. Mais le record est détenu par Stockholm, la capitale de la Suède, où un réseau de 76 km de canalisations permet de réfrigérer 7 millions m2 de commerces, grâce aux courants froids de surface de la mer Baltique.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !