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Universités publiques - Dr Kaviraj Sukon : «L’allocation des places se fera toujours sur la base du mérite»

Le Conseil des ministres a approuvé, vendredi dernier, l’introduction de nouvelles exigences minimales d’admission dans les universités publiques.

La décision de revoir les critères d’entrée à la baisse pour accéder aux universités publiques est-elle une mesure pertinente ? Cette question se pose d’autant plus que le rapport AXYS sur la main-d’œuvre, publié la semaine dernière, soulignait déjà le problème de la sous-qualification de la main-d’œuvre.

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Le Conseil des ministres a approuvé, vendredi dernier, l’introduction de nouvelles exigences minimales d’admission dans les universités publiques. Désormais, les élèves ayant obtenu au moins trois crédits et une réussite en anglais au School Certificate (SC) pourront postuler pour poursuivre leurs études jusqu’au Higher School Certificate (HSC), et potentiellement accéder à l’université.

Cette décision soulève des interrogations, notamment face aux résultats du rapport AXYS sur la main-d’œuvre publié la semaine dernière, qui alertait sur une population active sous-qualifiée.

Interrogé sur cette mesure, le ministre de l’Enseignement supérieur, le Dr Kaviraj Sukon, défend la décision du gouvernement. « Auparavant, un étudiant avec trois ou quatre crédits ne pouvait pas soumettre de dossier aux universités publiques. Désormais, il pourra le faire. Cependant, l’allocation des places se fera toujours sur la base du mérite », explique-t-il. 

Le ministre met en avant la baisse drastique du nombre d’étudiants au secondaire. « En l’an 2000, nous avions 30 000 élèves au niveau du PSAC. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 13 500-14000. Nous avons de moins en moins d’élèves qui poursuivent jusqu’au A-Level. Si nous n’avons plus de jeunes qualifiés, qui occupera les emplois de demain ? », fait ressortir le ministre. 

Il plaide également pour une implication des employeurs dans la formation professionnelle.  « Le gouvernement investit dans l’éducation pendant 18 ans, de la maternelle à l’université. Je demande aux employeurs d’investir six mois pour rendre les jeunes employables. L’université ne peut pas tout enseigner. Utilisez les fonds de formation disponibles, comme le National Training Fund, pour doter les jeunes des compétences nécessaires. Ce fonds est alimenté par une contribution des employeurs et permet un remboursement des coûts de formation. Il doit être utilisé à bon escient », le Dr Kaviraj Sukon. 

Roland Dubois, expert en formation, nuance ce point de vue. Il rappelle que le rapport AXYS met l’accent sur le manque de qualifications et la faible proportion de jeunes atteignant le HSC. « Seulement 35 % des élèves qui entrent en primaire obtiennent un HSC. Cela crée une inadéquation entre l’offre et la demande en main-d’œuvre qualifiée, ce qui freine le développement des entreprises. Cependant, il faut faire la distinction entre qualifications académiques et compétences professionnelles », dit-il. 

Toutefois, il met en garde contre une potentielle dévalorisation des diplômes. « En assouplissant les critères, on risque d’affaiblir la valeur des diplômes et d’affecter la compétitivité à long terme. Cependant, certaines entreprises ont déjà modifié leurs critères de recrutement en se focalisant davantage sur les compétences que sur les diplômes », ajoute notre interlocuteur. 

Il cite l’exemple de Google et d’autres grandes entreprises qui privilégient les candidats démontrant des aptitudes pratiques et une capacité à résoudre des problèmes, plutôt que de se fier uniquement aux qualifications formelles.  Par ailleurs, Roland Dubois estime que l’enseignement technique et la formation professionnelle doivent être renforcés. « Notre système est trop académique. Dans les pays avancés, y compris ceux de l’OCDE, environ 44 % des étudiants du secondaire choisissent des filières techniques et professionnelles. Nous devrions suivre cette voie et investir davantage dans le Technical and Vocational Education and Training (TVET), qui est essentiel pour développer des compétences adaptées au marché du travail », avance-t-il. 

Roland Dubois estime que des réformes plus profondes sont nécessaires. Il se réjouit de la tenue des assises de l’éducation en avril prochain. « J’espère qu’elles déboucheront sur une vision plus adaptée aux besoins du marché du travail et des stratégies innovantes pour former les jeunes de demain. Nous devons revoir notre approche de l’éducation pour mieux équilibrer formation académique et formation professionnelle », soutient-il.

Points saillants du rapport d’AXYS 

Selon le rapport d’AXYS qui s’intitule « Les mains qui construisent Maurice : défis, opportunités et avenir du travail » :

  • D’ici à 2038, la population en âge de travailler devrait diminuer de 11,7 %. 
  • D’ici à 2063, elle pourrait même chuter de 36,8 %. 
  • L’augmentation du taux de dépendance intensifiera la pression sur les services sociaux, les pensions et les soins de santé, tout en ralentissant la croissance économique. 
  • L’exode croissant des travailleurs qualifiés ne fait qu’exacerber ce défi.
  • Plus de 182 000 Mauriciens vivent à l’étranger, dont une proportion importante est en âge de travailler.
  • Seuls 28 % à 35 % des élèves inscrits à l’école primaire parviennent à terminer leurs études secondaires.
  • 17 553 élèves se sont inscrits au Standard I en 2010 et seulement 6 141 ont décroché le Higher School Certificate en 2023.
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