Une série de noyades tragiques en mer a frappé durement l’île le 14 avril dernier. Agnès Descombes, Damien Deruisseau, Doorgesh, Teeshal Caunhye, Jean Rabot, Giles Philip Ward et Sadaseven Thandroyen ont été emportés par les flots impitoyables. Alors que certains ont été retrouvés sans vie, les recherches continuent afin de ramener ceux qui ont été emportés par les flots.
Publicité
Le dimanche 14 avril dernier, on a enregistré une série de noyades et de disparitions en mer. Agnès Descombes et son amoureux, Damien Deruisseau, tous deux âgés de 26 ans, Doorgesh, 29 ans, et son frère Teeshal Caunhye, 18 ans, Jean Rabot, 70 ans, Giles Philip Ward, 55 ans, un touriste britannique, ont fait une sortie en mer, mais ne sont plus réapparus. Le jeune couple et Teeshal Caunhye sont portés disparus en mer depuis une semaine, alors que les trois autres corps ont été repêchés.
Le jeudi 18 avril, un septième drame en mer est venu s'ajouter à la liste. Sadaseven Thandroyen, 73 ans, vu en difficulté en mer, à Pouponnette est également porté disparu. Des recherches ont été lancées. Au vendredi 19 avril, les opérations de recherche se poursuivaient.
Depuis dimanche dernier, les familles, proches et amis de Damien Deruisseau et d'Agnès Descombes retiennent leur souffle. Ces deux jeunes gens, à qui tout réussissait, se sont rendus la veille du drame à Savinia Beach, Le Souffleur, dans le sud de l'île, pour camper en compagnie de leurs amis et proches. Toutefois, ce qui devait être un moment de détente a viré au cauchemar.
Un des campeurs a livré son témoignage à la police. Vers 7 h 30, il a vu Damien et Agnès partir pour une marche sur la plage. Vingt minutes plus tard, il est allé aussi faire une petite marche histoire de se dégourdir les jambes. Puis, à un moment donné, il a aperçu Damien sur un rocher en train de crier à l'aide. Il s'est précipité vers son ami qui lui a informé que sa copine avait été emportée par une forte vague. Ils se sont alors mis à l'eau pour la secourir, mais la mer étant très agitée, une autre forte houle les a surpris et elle a emporté Damien. Le témoin a réussi à s'extirper de l'eau tant bien que mal et a immédiatement lancé l'alerte. La police de l'Escalier et les gardes-côtes ont été dépêchés sur place. L'hélicoptère de la police a survolé la zone pour retrouver le couple. Depuis, les recherches se poursuivent malgré des conditions en mer difficiles.
Pour les proches de la jeune femme, enseignante de profession et résidant à Beau-Bassin, c'est une situation éprouvante. Idem pour la famille de Damien. Cet habitant de Quatre-Bornes est très apprécié dans son entourage. D’ailleurs, après avoir appris sa disparition dimanche, plusieurs connaissances se sont rendues à son domicile pour apporter leur soutien à la famille, dévastée par cette situation.
Les frères Doorgesh et Teeshal Caunhye : entre deuil et espoir
À l’îlot Sancho, un autre double drame s'est produit dans la journée de dimanche. Pendant que les recherches se poursuivaient pour retrouver le couple d’amoureux au Souffleur, les gardes-côtes du Sud ont reçu un autre appel de détresse. Doorgesh, 29 ans, et son frère Teeshal Caunhye, âgé de tout juste 18 ans, se sont retrouvés en danger dans une mer démontée. Ils ont été surpris eux aussi par une forte houle vers 15 h 45 alors qu'ils faisaient une partie de pêche en compagnie de leurs proches. Le corps sans vie de Doorgesh a été repêché peu après, tandis que les recherches continuent pour retrouver son frère.
À leur domicile, à Lallmatie, le temps s'est arrêté. Les funérailles de Doorgesh ont eu lieu lundi, en l’absence de son frère bien-aimé qui demeure jusqu’ici introuvable. « C'est terrible. Ils sont trois frères. Ils étaient très complices. À présent, il ne reste que l'aîné et leurs parents. Ces derniers sont dévastés. Ils se rendent chaque jour sur le lieu du drame pour suivre les recherches », confie un cousin des frères Caunhye. Rien ne sera plus comme avant pour la famille qui vivait sous le même toit.
Doorgesh travaillait dans l'hôtellerie, alors que son frère est encore étudiant. « Teeshal est fan de football. Sa préférence va au Real Madrid, notamment parce que Cristiano Ronaldo y a évolué. Il est un fervent supporter de l'équipe. D'ailleurs, nous avions prévu de regarder la rencontre de son équipe avec Manchester City, mercredi soir », indique un autre proche. Ce dernier ajoute : « Nous avions l'habitude de jouer au foot et de faire du jogging ensemble ». Toutefois, il avoue que les proches gardent espoir. « Depuis le début, nous avons l'espoir, nous attendons », dit-il.
La dernière sortie de Jean Alex Rabot, 71 ans, en famille
Jean Alex Rabot, âgé de 71 ans, a aussi connu une fin tragique le dimanche 14 avril. Cet habitant de Providence, Quartier-Militaire, avait fait une sortie en famille à Belle-Mare, sans se douter que ce serait la dernière de sa vie. En effet, ce père de deux enfants et ancien mécanicien a péri noyé.
Selon son fils, Jean Marie Rabot, son père se faisait une joie de voir sa famille réunie en ce dimanche ensoleillé. Il confie : « Nous sommes sortis de la maison vers 10 heures. Tout s'était bien passé. En février, il avait eu une attaque et il souhaitait marcher un peu dans l'eau. Nous n'étions pas loin de la plage quand soudain, il s'est effondré dans la mer suite à un malaise. Nous avons alerté les gardes-côtes qui l'ont retiré de l'eau. Je suis monté dans l'ambulance avec lui, mais alors que le personnel lui prodiguait les premiers soins, j'ai vu qu'il ne bougeait plus. J'ai compris que c'était trop tard ».
L’autopsie pratiquée par le Dr Prem Chamane du département médico-légal de la police a attribué le décès du septuagénaire à une asphyxie due à la noyade.
Les recherches se déroulent dans des conditions extrêmement ardues
À Savinia Beach, les secouristes se sont heurtés à une mer agitée. « Nous avons reçu un appel signalant que deux personnes étaient en détresse. Nous sommes venus avec notre équipe. Mais comme il y a un avis de fortes houles jusqu'à mardi, la mer n'est pas praticable. Les plongeurs ne peuvent pas entrer dans l'eau. L'hélicoptère de la police a été déployé et a effectué plusieurs sorties pour retrouver le couple », explique le constable Rusal, garde-côte du Chaland.
Un touriste anglais se noie le jour de sa venue à Maurice
Dimanche après-midi à Flic-en-Flac, une commerçante a contacté la police après avoir découvert un homme inconscient sur la plage. Aucune pièce d'identité n'a été trouvée sur lui. Les gardes-côtes de la localité, sous la supervision du sergent Ramdewon, ont tenté de le ranimer, mais en vain. Il a été conduit dans une clinique où son décès a été constaté.
Un touriste français a été entendu. Il a expliqué qu'il a vu la victime en difficulté et l'a secourue et mise sur son bateau, puis l'a emmenée sur la plage pour les soins. Par la suite, les policiers ont eu la confirmation que la victime s'appelait Giles Philip Ward, un ressortissant anglais de 55 ans qui était arrivé dans l'île le jour même du drame et résidait dans un hôtel à Ébène. Il devait rester pour cinq jours et regagner son pays le 19 avril, mais le destin en a décidé autrement.
Un pêcheur donne l'alerte après avoir vu un homme en difficulté à Pomponette
La série noire s'est poursuivie dans l’après-midi du jeudi 18 avril. Un pêcheur âgé de 62 ans, domicilié à Riambel, a expliqué à la police de Souillac avoir vu aux alentours de 13 h 30 un homme en grande difficulté en mer à Sainte-Marie, près de Pomponette. Il s'est retrouvé sous l'eau et n'a pas refait surface. Les gardes-côtes sont intervenus sur les lieux. Malgré les recherches effectuées par des plongeurs, aucun corps n'a été repêché.
De leur côté, les policiers ont organisé une battue sur la plage de Pomponette, au cours de laquelle ils ont découvert une paire de savates. Leur exploration les a également conduits à une voiture abandonnée et non verrouillée, appartenant à un résident de Beau-Bassin. Celui-ci a informé les autorités que son père, Sadaseven Thandroyen, âgé de 73 ans, avait emprunté le véhicule. Il est fort probable que ce dernier soit la personne aperçue en difficulté en mer. Les policiers ont retracé le trajet effectué par la voiture. La dernière fois qu'elle a été vue, remonte à Balance, Surinam. Cependant, les vitres avant étant teintées, ils n'ont pas pu voir le conducteur. Des dispositifs ont été enclenchés pour le retrouver.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !