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Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, ne reste pas insensible aux cas de licenciements de Star Knitwear et de Kuros Construction. Pour lui, une enquête s’impose. Il se prononce aussi en faveur d’une réunion tripartite pour discuter des mesures du discours-programme.
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Le ministre du Travail a déclaré cette semaine que la définition du terme « travailleur » dans la « Workers Rights Act » sera revue afin de répondre aux besoins des salariés de plus de Rs 50 000. Que pensez-vous de cette initiative ? Et que suggérez-vous à ce niveau ?
La « Workers Rights Act » doit être revue de fond en comble. C’est aberrant qu’un travailleur en emploi n’est pas considéré comme tel, car il touche Rs 50 000 à monter. Comment doit-on l’appeler alors ? Par contre, une personne sans emploi qui suit un stage de six mois, un an voire deux ans sous le « Youth Employment Programme » est considéré comme un employé. Tout cela vient fausser les données de Statistics Mauritius sur le chômage et l’emploi. Dans la « Workers Rights Act », le comité disciplinaire est en faveur de l’employeur, car c’est lui qui décide qui doit présider le Board. De même, les conclusions du Board ont force de loi. Ce sont autant d’aspects qu’il faut revoir.
Le gouvernement envisage aussi d’introduire la semaine des 40 heures pour les services non-essentiels et le congé parental d’un an. Où en sont les discussions à ce niveau ?
L’intention du gouvernement de venir de l’avant avec la semaine de 40 heures est bonne, mais comment se fera la mise en œuvre de ces mesures. C’est cela la grande question ? Comment décide-t-il quels secteurs sont essentiels et lesquels ne le sont pas ? À ce jour, cet exercice n’a pas encore été fait. On se rappelle tous que pendant le confinement, la grande distribution était considérée comme un service essentiel. L’est-elle toujours ? Il y a un flou au niveau des services essentiels et non essentiels.
Par ailleurs, dans la fonction publique, les employés travaillent de 9 heures à 16 heures, soit 7 heures par jour. Ce qui fait 35 heures par semaine. Ceux qui travaillent les samedis de 9 heures à midi cumulent 38 heures. Ce qui fait moins que 40 heures. La fonction publique sera-t-elle considérée comme un secteur non essentiel. Dans le secteur privé, la majeure partie des salariés travaillent de 9 heures à 17 heures, soit 8 heures par jour, 40 heures par semaine, sauf pour certains secteurs comme la manufacture. Il n’y a donc pas beaucoup de travailleurs qui sont concernés par la mesure de la semaine de 40 heures.
Il faut harmoniser les conditions de travail dans le secteur public et le secteur privé. C’est pourquoi nous demandons au ministre du Travail de venir de l’avant avec une réunion tripartite pour en discuter.
La « Workers Rights Act » doit être revue de fond en comble"
Pour ce qui est du congé parental, l’Alliance du Changement avait parlé du congé de maternité d’une année pendant la campagne électorale. Il y a eu beaucoup de critiques et d’interrogations concernant la mise en œuvre de cette mesure. Dans son discours-programme, le gouvernement parle de congé parental, ce qui est complètement différent. Est-ce que ce sera entièrement payant ? Est-ce qu’une salariée qui entre en congé de maternité aujourd’hui ou dans les mois à venir sera prise en considération ? C’est encore flou. Il faut des discussions à ce sujet.
Vous avez des craintes que ces mesures ne soient que des effets d’annonce…
Nous souhaitons que ces mesures ne soient pas des effets d’annonce. Le ministre du Travail doit convoquer une réunion tripartite avec toutes les personnes concernées pour discuter de toutes les mesures du discours-programme qui concernent le monde du travail. Le plus vite il viendra de l’avant avec ces mesures, le meilleur se sera pour tout le monde. Dans le discours-programme, il y a plusieurs mesures qui peuvent rapidement être mises en place. On ne peut pas juste dire qu’on fera ça et ça... Il faut s’y atteler.
Le fait d’avoir deux syndicalistes, à savoir Ashok Subron et Kugan Parapen, comme ministre et Junior Minister au sein du gouvernement devrait-il, selon vous, contribuer à améliorer les relations industrielles et le sort des travailleurs ?
Jusqu’à l’heure, et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas vu notre camarade Ashok, ex-syndicaliste devenu maintenant ministre, prendre position en faveur des travailleurs qui ne touchent pas la compensation salariale. Ceux qui gagnent plus de Rs 50 000 n’ont eu ni le 14e mois ni la compensation salariale de Rs 610. On attend de voir ce qu’il fera. Mais, j’ai espoir que notre camarade Ashok prendra des décisions dans l’intérêt des travailleurs même si ce faisant, il doit aller à l’encontre de ses partenaires au sein de l’Alliance du Changement.
Ces derniers jours ont été marqués par des cas de licenciements, notamment de 750 travailleurs étrangers chez Kuros Construction et de plus de 200 employés chez Star Knitwear... Faut-il renforcer la loi pour protéger les intérêts des travailleurs dans les cas de licenciements économiques ?
La loi du travail telle qu’elle est plutôt en faveur du patronat au détriment des travailleurs. C’est pour toutes ces raisons qu’on a dit au tout début qu’il faut revoir la loi du travail. Nous demandons aussi au nouveau gouvernement et ministre du Travail de mener une enquête sur les raisons pour lesquelles certaines entreprises ferment leurs portes ou licencient des gens. Dans le passé, on a vu certaines compagnies fermer leurs portes pour délocaliser leurs activités dans un autre pays, car la main-d’œuvre y est à meilleur marché. D’autres ont licencié des Mauriciens pour ensuite engager des travailleurs étrangers. Une enquête s’impose donc.
Vous avez déclaré récemment que vous souhaitiez que le gouvernement n’attende pas la fin de son mandat pour mettre en pratique les mesures annoncées dans son discours-programme. Pensez-vous que c’est faisable avec la pression de Moody’s pour que Maurice réduise ses dettes et ses dépenses ?
C’est de la pure politique. Avant même la notation de Moody’s, le gouvernement avait commencé à conditionner l’esprit des Mauriciens, d’abord avec le rapport State of the Economy, ensuite avec la possibilité que Moody’s nous rétrograde. C’était comme une sorte de marketing pour dire aux Mauriciens que certaines mesures ne pourraient pas être implémentées.
L’actuel gouvernement doit tirer des leçons de ce qui est arrivé à l’ancien régime, qui a énuméré une série de mesures pécuniaires à la veille des élections en pensant remporter la victoire. Le peuple est intelligent et il sait quand on l’embête. Certaines mesures peuvent être mises en place tout de suite comme l’Internet gratuite par exemple. Il est temps que le gouvernement se mette au travail et implémente les projets qu’il a promis. Il a eu suffisamment de temps pour s’installer. L’attente est grande parmi la population et les travailleurs.
Vous suivez de près les négociations pour le nouvel accord sur les Chagos. Quelle est votre lecture de la situation ?
Notre souveraineté n’est pas à vendre. Le nouveau gouvernement a raison de chercher un accord respectable et convenable pour Maurice. Les Britanniques doivent retourner non seulement les Chagos, mais aussi Diego Garcia. D’ailleurs, toutes les instances internationales y compris la Cour Internationale de Justice a donné raison à Maurice et a condamné l’Angleterre pour occupation illégale des Chagos.
On semble partager le même combat que mènent les Palestiniens contre l’occupation israélienne de l’État palestinien. C’est bien de faire ressortir aussi que Diego Garcia a servi comme base militaire pour bombarder Afghanistan et Iraq et nous, en tant que petit pays, nous ne souhaitons pas entrer en guerre. Nous voulons la paix. Il nous faut apporter un amendement dans notre Constitution pour qu’il n’y ait aucune base militaire dans n’importe quel territoire de la République de Maurice. Et aussi nous devons fermer nos ports et aéroports que ce soit à Port-Louis, Port-Mathurin, Agaléga et les autres territoires de Maurice aux avions et bateaux de guerre qui s’en approcheront.
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