Depuis le 6 juillet 2024, une famille originaire de Bukavu, en République démocratique du Congo, vit un véritable calvaire à Maurice. En transit vers les Îles Cook via l’Australie, leur voyage a été brutalement interrompu en raison d’un manque de visa de transit pour l’Australie. Depuis, M. Dimandja Lunganyu Lohata et sa famille survivent dans des conditions précaires, sans solution à l’horizon.
Originaire de Bukavu, en République démocratique du Congo, M. Dimandja, 41 ans, son épouse Nancy Nkulu Osaka, 36 ans, et leurs trois enfants âgés entre 6 à 13 ans ont été contraints de quitter leur région. Et ce après la perte tragique de leur première fille dans un conflit armé. « J’ai décidé de fuir avec ma femme et mes deux enfants, un garçon et une fille. Nous avons marché des jours, traversé des rivières en bateau et enduré des privations pour atteindre la Zambie », confie-t-il.
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Installée dans un camp de réfugiés en Zambie, la famille a survécu pendant plus de quatre ans dans des conditions précaires, sans accès à une éducation pour les enfants ni à un emploi pour les parents. Pendant cette période, Nancy a donné naissance à leur fils Noah. Cependant, les défis devenaient insupportables : « Voir mes enfants privés d’éducation, comme j’en avais eu la chance dans mon pays, me déchirait », ajoute M. Dimandja.
Une décision risquée pour un avenir meilleur
Avec les maigres revenus issus de la vente de leurs terres ancestrales, le quadragénaire a pris une décision audacieuse : chercher un avenir meilleur dans les Îles Cook. La famille a quitté la Zambie pour le Zimbabwe, un voyage qu’il qualifie de « très risqué ». Toutefois, ils ont survécu grâce à leur foi et à leur détermination.
Au Zimbabwe, ils ont acheté des billets d’avion pour voyager jusqu’aux Îles Cook via l’Afrique du Sud, Maurice et l’Australie, en payant 5 500 $ à la compagnie aérienne mauricienne pour les derniers segments du voyage. « Nous pensions enfin avoir une chance de reconstruire notre vie », se souvient notre interlocuteur.
Le cauchemar commence
Malheureusement, tout espoir de vie meilleure a viré au cauchemar à leur arrivée à Maurice. Alors qu’ils s’apprêtaient à prendre leur vol de correspondance, les autorités ont demandé un visa de transit australien, un document que la famille ne possédait pas. « Avant d’acheter nos billets, j’avais demandé si ce visa était nécessaire. On m’avait assuré que non », explique-t-il. Malgré ses protestations, la famille a été empêchée de poursuivre son voyage.
Les événements ont rapidement dégénéré. Sous le choc, Nancy, alors enceinte, s’est effondrée. Elle a été transportée d’urgence à l’hôpital, laissant M. Dimandja seul avec leurs trois enfants. Le lendemain, les autorités lui ont demandé de retourner au Zimbabwe avec ses enfants, laissant Nancy derrière. Il a refusé catégoriquement : « Comment pouvais-je abandonner ma femme dans un tel état ? », dit-il.
Une naissance au milieu de la tourmente
Après plusieurs jours d’hospitalisation, Nancy a accouché par césarienne d’un garçon, Tabiri, le 10 juillet 2024. Pour la famille, les défis étaient loin d’être terminés. Incapables de payer les frais d’hôtel, M. Dimandja et ses enfants ont dû chercher de l’aide auprès des autorités mauriciennes et des organisations locales.
Caritas Maurice est intervenue pour leur fournir un logement provisoire et contacter l’UNHCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) à Pretoria. La famille a reçu un permis de séjour temporaire à Maurice, en attendant une réinstallation dans un autre pays.
Un avenir incertain
Aujourd’hui, après plusieurs mois d’attente, la famille vit dans une profonde détresse. « Nous sommes revenus à la case départ. Pas d’aide, pas de nourriture, pas de vêtements, et aucun endroit où vivre », déplore M. Dimandja. Les enfants ne peuvent toujours pas aller à l’école, et lui-même ne peut pas travailler en raison des restrictions légales. Il relate : « On nous dit d’attendre une réinstallation, mais combien de temps encore ? Mes enfants souffrent, ma femme et moi sommes désespérés. Nous ne savons pas quoi faire ».
Un appel à la solidarité
M. Dimandja lance un appel à l’aide poignant pour que Tabiri obtienne des documents officiels. En effet, alors qu’il a vu le jour sur le sol mauricien, le nouveau-né n’a pas encore de papiers officiels. Le père de famille souhaite aussi que les billets inutilisés lui soient remboursés, ce qui pourrait soulager leur situation financière. Il faudrait également que toute la famille trouve un pays d’accueil où elle pourra enfin vivre dignement.
Une vie suspendue dans l’attente
Les jours passent, et l’incertitude grandit. La famille, déjà traumatisée par des années d’instabilité et de pertes, vit un enfer quotidien. M. Dimandja confie : « Nous ne savons plus à qui nous adresser. Mes enfants méritent une vie normale, une éducation et un toit où dormir. Tout ce que je veux, c’est leur donner une chance de s’en sortir ».
Le petit Tabiri, âgé de quelques mois, représente l’espoir fragile d’un avenir meilleur. Cependant, sans intervention rapide, cet espoir risque de s’éteindre sous le poids des épreuves.
Leur histoire est un rappel poignant des défis auxquels sont confrontés les réfugiés dans un monde où les frontières bureaucratiques semblent parfois plus infranchissables que les rivières ou les montagnes qu’ils ont traversées.
Face à cette détresse, il lance un cri du cœur : « Aidez-nous à offrir un avenir à nos enfants. Nous avons déjà trop souffert ».
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