Trisha* (15 ans) s'est donné la mort par pendaison, lundi, après avoir échoué à ses examens. Elle était en Form IV dans un collège d'État du Nord. Cet acte de désespoir a plongé ses proches dans la douleur. L’ado ne voulait pas refaire sa classe, craignant les moqueries de ses amies.
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C’est une souffrance atroce pour Roumila*, 34 ans et mère de Trisha. Elle ne peut se faire à l'idée que sa fille se soit suicidée. Assise sur la terrasse, en compagnie de son époux et de sa fille de 13 ans qui a fait la découverte macabre, la trentenaire est en larmes. Sa voix est enrouée, ses yeux rougis à force de pleurer. Elle veut se montrer forte pour sa cadette. « Je ne peux expliquer le geste de ma fille. C'est difficile d’admettre qu’elle ne soit plus de ce monde. »
« Trisha était obéissante et débrouillarde. Lundi, ma cadette et moi l’avons accompagnée au collège pour récupérer ses résultats. Elle a failli aux examens. Je l'ai encouragée à redoubler sa Form IV car elle rêvait de porter la toge. Nous sommes rentrées à la maison, elle m'a demandé de lui préparer des frites. Elle avait l'air triste. Je l'ai consolée avant de partir travailler. Elle ne montrait aucun signe de détresse. »
Rien ne laissait présager qu’elle allait commettre l'irréparable. Plus tard, Roumila sera informée que sa fille s'est pendue. « Elle craignait les réactions de ses camarades de classe. Trisha n'acceptait pas la défaite. Je pense que c'est pourquoi elle s’est pendue. Nous n’exercions aucune pression sur elle. Vu sa tristesse, on rigolait pour qu'elle se sente mieux. Nous étions les meilleures amies du monde. Pourquoi ne m’a-t-elle rien confié. » Le père ne pipe mot, trop accablé.
« À chaque fois que j’entre dans la chambre de ma fille, je me sens très mal. Ce lieu me hante, me rappelle la pendaison de Trisha. Ma cadette ne réagit plus depuis qu'elle a découvert le cadavre de sa soeur. Les filles étaient très attachées l’une à l’autre. Depuis ce drame, j'ai quitté mon travail pour veiller sur ma cadette. Peut-être que si j’avais été là, on aurait pu éviter ce drame », se lamente la mère.
Ne pas mettre la pression
Roumila nous assure n’avoir jamais haussé le ton avec ses filles. « Les voisins pourront témoigner de ma relation avec mes enfants. J'avais simplement dit à Trisha de refaire sa Form IV. Je supplie les parents de ne pas mettre la pression sur leurs enfants. Nou pa kone ki ena dan zot lespri. »
Alors que le Défi-Plus s’entretenait avec Roumila, sa cadette s’est brusquement levée pour s’enfermer dans sa chambre. Les funérailles de la victime auront lieu mardi.
Leena Soobrayen, psychologue : «Décoder les signes qui ne mentent pas»
Que conseillez-vous aux parents lorsqu'ils abordent le sujet des examens avec leurs enfants ?
La communication parents-enfants est importante. On vit dans une société où les parents n'ont plus le temps de discuter avec leur progéniture. Les adultes doivent trouver le moyen, à travers une sortie, pour mettre l'enfant dans une zone de confort. Ils pourront aborder le sujet avec sérénité et leur demander leur opinion. Il faut interroger l’enfant sur ce qu’il souhaite. Il faut être à l'écoute des enfants. S'ils n'ont pas apprécié quelque chose, il faut leur citer des exemples pour les aider à mieux comprendre.
Quels signes ou comportements montrent que l’enfant a des tendances suicidaires ?
Certains signes indiquent effectivement leur détresse : perte d’appétit, repli sur soi, solitude, mutisme. Les parents doivent rester amicaux, gagner leur confiance pour que les enfants leur confient leur mal-être. Il est impératif d’être attentif et de décoder des signes qui ne mentent pas. Par exemple, un enfant qui s’enferme à la maison alors qu’il aime sortir avec ses amis. Les parents croient que c’est un signe éphémère ou tout simplement une blague.
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