- Les fouilles reprennent ce mardi, aucun reste humain n’ayant été trouvé lundi
A-t-on affare à un tueur en série ? C’est la question que se pose l’état-major des Casernes centrales après le grand déballage d’Umyaad Aryaaz Ebrahim lors d’un interrogatoire filmé à la fin de la semaine écoulée.
Cet homme de 39 ans, déjà inculpé du meurtre de ses deux ex-petites amies Zahira Ramputh et Hema Coonjobeeharry, a fait des révélations à glacer le sang à la Major Crime Investigation Team (MCIT) North. Il a dit aux hommes du surintendant de police Vikash Seebaruth qu’il a fait au moins trois autres victimes, dont certaines seraient des hommes.
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Il a ainsi avoué qu’en 2018, du temps où il était vigile, il a tué un travailleur bangladais âgé d’une vingtaine d’années. Il a expliqué qu’il assurait la surveillance d’un site lorsque le jeune homme s’est aventuré dans un poulailler. Umyaad Ebrahim raconte qu’après avoir abattu sa cible, il l’a traînée un peu plus loin sur un terrain en friche. Il avance qu’il a ensuite creusé la terre avant d’enterrer le jeune homme.
Aucun reste humain n’a toutefois été trouvé le lundi 6 novembre 2023, lors de la fouille menée dans le champ indiqué par le prévenu à Plaine-Magnien. Les policiers poursuivent les recherches sur le site ce mardi 7 novembre 2023 pour essayer de retrouver les restes humains dont parle Umyaad Ebrahim.
Au moment de son arrestation en 2021, il s’était gardé de faire ces révélations. Pourquoi a-t-il décidé de lever le voile la semaine dernière ? Il aurait, semble-t-il, été pris de remords. « Mo pou koze aster », aurait-il dit aux policiers.
Opération de longue haleine
La journée de lundi a été chargée pour les enquêteurs. Le matin, ils ont récupéré Umyaad Ebrahim à la prison de Beau-Bassin où il est incarcéré. Sous forte escorte policière, il a d’abord été conduit au tribunal de Grand-Port pour sa comparution.
Munis d’un ordre de la Cour, les limiers, dirigés par l’inspecteur Rakesh Juggoo, l’ont ensuite transporté dans un champ à Deux-Bras, dans la région de Plaine-Magnien. Des terres qui sont aujourd’hui sous culture de légumes et de fruits.
Le périmètre a été bouclé par des membres de la Special Supporting Unit. Avec l’aide d’une pelleteuse mécanique, des soldats de la Special Mobile Force (SMF) ont commencé à fouiller. Le chien renifleur de la police était présent durant l’exercice.
Pendant ce temps, Umyaad Ebrahim a été questionné. Il a fourni sa déposition sur la manière dont il se serait bagarré avec sa victime lors d’une dispute avant de l’achever. Puis il a confirmé que c’est bel et bien à cet endroit qu’il a tué puis enterré le travailleur bangladais.
« Monn fouy enn trou ek anter li enn met profonder », a-t-il dit aux hommes du surintendant de police Seebaruth, avant d’ajouter : « Mo pa pe rapel kot sa exakteman. Plas la nepli parey. » Il fait référence à la transformation des lieux en l’espace de cinq ans. « Avan ti bwa ek touf isi. Aster inn bare partou », a-t-il déclaré en substance aux enquêteurs.
Les fouilles, dignes d’un marathon, auront duré plusieurs heures. Mais l’opération n’a rien donné. Vers 15 heures, la police a stoppé les recherches. Umyaad Ebrahim a été reconduit en prison. Les policiers reprennent les fouilles ce mardi.
Le suspect ne sera pas présent physiquement pour cet exercice. Les enquêteurs ont pris des dispositions spéciales auprès de la prison pour le ramener sur les lieux si des restes humains sont découverts.
Il faut dire que toute une logistique a été déployée après les aveux d’Umyaad Ebrahim. Le Dr Maxwell Monvoisin, Police Medical Officer, des éléments du Forensic Science Laboratory ainsi que des représentants du département sanitaire du ministère de la Santé ont été dépêchés sur les lieux lundi.
Des membres de la Dog Section Unit ont également été mobilisés. Mais le rôle de ces départements de police a été minime, puisque la SMF s’affairait sur ce terrain sans rien trouver.
La MCIT étudie deux autres pistes
Depuis qu’Umyaad Ebrahim a dit avoir fait au moins trois autres victimes, incluant le ressortissant bangladais, la MCIT étudie deux autres pistes après avoir obtenu certaines informations. Les enquêteurs tentent de déterminer si Umyaad Ebrahim serait impliqué dans la mort de deux individus, l’un à Curepipe et l’autre dans le Nord de l’île.
Il refait parler de lui
Umyaad Ebrahim refait parler de lui après deux années de silence. Le 28 mai 2021, il avait mené la police dans un verger de letchis, situé dans le village de Mare-d’Albert. Il avait avoué y avoir enterré ses deux petites amies : Zahira Ramputh et Hema Coonjobeeharry, des mères de famille âgées de 40 ans.
Il avait d’abord montré aux enquêteurs l’endroit exact où il avait enterré Zahira Ramputh. Après une fouille, les restes de cette femme avaient été découverts. Convaincue à l’époque que cet endroit avait été transformé en cimetière par l’accusé, la police était retournée sur les lieux pour dresser un périmètre de sécurité. Des recherches avaient abouti à la découverte du cadavre d’Hema Coonjobeeharry. L’homme a été inculpé des meurtres de ces deux femmes.
Déjà, en mai 2021, après les aveux d’Umyaad Ebrahim, la MCIT le soupçonnait d’avoir fait d’autres victimes. Un appel à témoins avait été lancé invitant toute personne dont un proche, âgé entre trente et quarante ans, avait disparu à l’époque de se manifester. Jusqu’ici, cette entreprise est demeurée vaine.
Umyaad Ebrahim utilisait Facebook pour appâter ses victimes. Dans ses aveux, il avait raconté comment il avait amadoué les deux quadragénaires, en les convainquant qu’il les aiderait à faire leurs démarches pour immigrer au Canada. Il leur avait fait croire qu’il les emmènerait au Canada, là où vivaient ses parents adoptifs et où il comptait lui aussi s’installer.
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