
Des cardinaux qui participeront au conclave pour élire le successeur de François se disent partagés entre "appréhension" et "confiance", et esquissent le profil d'un prochain pape "rassembleur".
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"La tâche qui nous incombe ces jours-ci nous dépasse et cependant nous requiert", a résumé jeudi soir le cardinal français Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, lors d'une messe devant la communauté française de Rome.
Quelques mètres plus loin, le cardinal luxembourgeois Jean-Claude Hollerich a dit aborder ce conclave "avec une certaine appréhension" mais aussi "une grande espérance".
"On se sent très petits. Nous devons prendre des décisions pour toute l'Église donc, il faut vraiment prier pour nous", a déclaré aux journalistes ce jésuite qui fut un proche conseiller du pape François, décédé lundi à 88 ans.
Selon lui, le conclave devrait commencer "probablement" le 5 ou le 6 mai, au terme des neuf jours de deuil au Vatican.
Pour le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d'Ajaccio, "on ne doit pas être dans la tactique, dans la stratégie. On doit être dans le service et dans la responsabilité. "On va écouter nos confrères cardinaux, (...) discerner avec eux et à la fin, on va décider", a-t-il expliqué.
- "Intimidant" -
Vendredi matin, les cardinaux - électeurs et non électeurs (ceux âgés de plus de 80 ans) - se sont retrouvés au Vatican pour une quatrième réunion informelle depuis le décès du pape argentin. Ces "congrégations", qui se poursuivront dans les prochains jours, permettent d'échanger et de confronter les points de vue sur les priorités du prochain pontificat.
Avec leur calotte rouge, les "princes de l'Eglise" ne passent pas inaperçus aux abords des colonnades de la place Saint-Pierre et sont souvent encerclés par des dizaines de journalistes espérant arracher des indiscrétions sur ces réunions à huis clos.
"Il y a une bonne ambiance entre nous, les pronostics, c'est vous qui les faites", leur a lancé le cardinal italien Fernando Filoni en arrivant, alors que les listes de "papabili" (mot italien désignant les favoris) fleurissent dans la presse italienne et internationale.
"On apprend à se connaître", a-t-il ajouté alors que François, qui a créé 80% des 135 électeurs appelés à choisir son successeur, a donné la priorité aux pays du Sud ou à des régions isolées.
Pour le cardinal britannique Vincent Nichols, la perspective de choisir le prochain pape est "franchement intimidante".
Les cardinaux feront "leur meilleur travail une fois les portes du conclave closes", car à ce moment-là, il y aura "une paix et une prière entre nous", a-t-il confié à la BBC.
- "Rassembleur" -
Si la discrétion et la prudence restent de mise, certains cardinaux ont commencé à esquisser le profil du prochain pape.
Interrogé sur le fait de savoir si le temps était venu pour un pape africain ou asiatique, Mgr Hollerich a répondu: "Pourquoi pas ? Mais ce n'est pas une évidence".
Plus que la "région géographique", il faut selon lui regarder les "compétences" et les "personnalités", sachant qu'un "un pape est toujours un rassembleur".
"Un homme simple", "pas trop jeune et pas trop vieux", "un homme qui peut être en contact avec les gens, qui sait écouter les gens de gauche et de droite", a-t-il listé.
Pour le très conservateur Gerhard Müller, figure de proue des opposants à François, l'Eglise risque le schisme si un pape progressiste est élu.
"La question n'est pas entre les conservateurs et les libéraux mais entre l’orthodoxie et l’hérésie", a déclaré le cardinal allemand au journal britannique The Times.
"J'espère une personne simple et humble. Un pontife qui sape les luttes de pouvoir au sein de l'Église. Qui demeure une référence pour la paix dans le monde", a déclaré de son côté au quotidien italien La Stampa le cardinal hondurien Óscar Rodríguez Maradiaga.
Âgé de plus de 80 ans, il ne sera pas électeur, mais se dit confiant quant à l'unité du conclave. "Je suis convaincu qu'à la fin, tout le monde fera preuve de bon sens. Les cardinaux ne sont pas des gens sans foi".
© Agence France-Presse

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