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À trois semaines du «soft launch» du Metro Express : le secteur du transport sous pression

À 22 jours du lancement du Metro Express, c’est le flou total pour les propriétaires des compagnies d’autobus privé. Associée aux contestations des syndicalistes, cette affaire prend l’allure d’une bombe à retardement dans le secteur du transport à Maurice. Toutes les compagnies d’autobus sont concernées par le nouveau mode de transport. Rose Hill Transport (RHT), qui opère sur le tracé, est particulièrement affectée. L’absence d’accord concernant les feeder buses, les négociations étant toujours en cours pour des subsides du gouvernement à leur bénéfice, inquiètent les compagnies. Les CEO de ces groupes sortent de leur mutisme et analysent la situation sous la pression des syndicalistes et de l’échéance du lancement prochain.

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Suivant l’enquête de notre confrère Le Défi Plus, nous faisons le point avec Sidharth Sharma, CEO de RHT, et Swaleh Ramjane, celui de United Bus Service.


Sidharth Sharma : «On ne peut garantir que les emplois seront préservés à ce stade»

Sidharth Sharma

Pourquoi cette inquiétude maintenant ?
Nous étions très optimistes. L’île Maurice avait besoin d’un nouveau système de transport de masse. Nous étions consistants sur ce point. Mais les retards dans les négociations d’un quantum sur le prix des feeder buses nous inquiètent. La question des subsides, si nous devons opérer avec des pertes, reste sans réponse. 70 % des opérations de la compagnie ont été affectées par les travaux et seront affectées par le métro. On nous avait dit que les autobus qui seront retirés seront convertis en feeder buses. Il est clair que les usagers basculeront sur le métro. Qu’adviendra-t-il de la compagnie ? Il y a une limite.

Les syndicalistes évoquent des pertes d’emploi.
Clairement, nous ne pouvons pas garantir tous les emplois dans les circonstances actuelles, avec les travaux du Metro Express, la congestion routière... Nous opérons depuis deux ans avec des pertes de deux millions de roupies chaque mois. Nous n’avons pas été compensés pour ces pertes. Nous avons contribué beaucoup au système de transport. Et nous n’avons pas de solution. Nous avons le devoir d’être honnête, car RHT est coté en bourse. Personne ne viendra à notre aide, si nous faisons faillite. Les autorités doivent comprendre cela. Je suis quelqu’un d’extrêmement optimiste. Je suis sûr que dans cinq ans, nous aurons un des meilleurs systèmes de métro dans la région. Sauf que pour le moment, ce sont les compagnies de transport qui en font les frais. Les compagnies privées doivent casquer. C’est une situation très difficile.

Les syndicalistes demande une réunion tripartite. Êtes-vous d’accord ?
Nous sommes prêts pour une réunion tripartite. Ce serait un pas en avant pour trouver une solution globale à cette situation difficile. Cependant, ce n’est pas à nous d’organiser cela. La responsabilité incombe au gouvernement.


Swaleh Ramjane : «Le métro absorbera 50 % de nos passagers»

Swaleh Ramjane, CEO de United Bus Service, se montre, lui, plus optimiste sur la situation actuelle. Il explique qu’UBS fera tout pour préserver les emplois. Toutefois, il attend la coopération du gouvernement. Au cas contraire, ils n’auront pas d’autres solutions que de licencier.

Les syndicalistes d’UBS montent au créneau. Ils demandent des explications.
Je comprends les craintes des employés. Nous faisons tout pour préserver les emplois. Nous ne souhaitons pas être obligés de licencier nos employés. Mais la réalité peut être autre. On espère que le gouvernement continuera à coopérer avec les compagnies privées. Je suis sûr que nous allons trouver une solution dans les mois à venir. On a eu une garantie du gouvernement, j’espère que cette garantie est toujours d’actualité. Si nous nous retrouvons face à des difficultés financières, on espère que le gouvernement viendra à notre aide. Il a promis son soutien. Le métro absorbera la moitié de nos passagers, qui préféreront éviter les bouchons et profiter d’un système plus efficace.

Comment se déroulent les négociations sur les « feeder buses » ? Les choses ne seraient pas satisfaisantes...
Quand on parle de discussions, on ne peut avoir un consensus immédiatement, car les données sont différentes pour chaque partie. Mais nous sommes d’avis que sans les feeder buses, il n’y aura pas de métro. Il faut trouver le juste milieu, car les compagnies d’autobus ne peuvent pas rouler à perte non plus. Mais je suis optimiste sur le fait qu’une solution acceptable sera arrêtée.

Les syndicalistes demandent une réunion tripartite.
Nous préférons rester à l’écart pour le moment. Il faut d’abord analyser l’évolution de la situation durant les prochains mois, afin de connaître l’impact du Metro Express. Mais une chose est claire : sans l’aide du gouvernement, toutes les compagnies de transport auraient déjà mis la clé sous la porte. Les coûts d’opérations sont énormes. Sans les subsides, le prix du ticket d’autobus aurait pris l’ascenseur chaque année.


Alain Kistnen, porte-parole du syndicat : «Nous avons tiré la sonnette d’alarme»

Alain Kistnen

Le secrétaire général de l’Union of Bus Industry Workers (UBIW) et porte-parole du syndicat explique qu’ils avaient prédit ce genre de situation. « C’est pour cette raison que nous réclamons une réunion tripartite », explique Alain Kistnen. Il est d’avis qu’il faut maintenant que le gouvernement et les compagnies d’autobus donnent des garanties formelles. « Nous demandons une réunion urgente. L’UBIW analysera les développements dans les jours à venir et nous prendrons une décision sur la marche à suivre. »

 

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