Le problème de la main-d’œuvre touche plusieurs secteurs. Face à une situation où les employeurs n’arrivent pas à recruter des Mauriciens, ils sont contraints de se tourner vers la main-d’œuvre étrangère. Pour beaucoup, ce problème est lié à la fuite des cerveaux (brain drain) ainsi qu’au manque de travailleurs qualifiés sur le marché.
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Maurice est confronté à une pénurie de main-d’œuvre. Ce problème touche désormais plusieurs secteurs essentiels de l’économie mauricienne, allant des centres d’appels (BPO) à l’hôtellerie, en passant par les supermarchés et les boulangeries. Cette crise se manifeste par un manque de travailleurs pour des postes à pourvoir, forçant les entreprises à recruter des travailleurs étrangers pour combler le vide.
Divers intervenants soulignent des causes profondes, notamment un changement de mentalité chez les jeunes, la fuite des talents (brain drain), ainsi qu’une inadéquation entre les formations proposées et les besoins du marché.
Impact
Bissoon Mungroo, président de l’Association des Hôtels de Charme, tire la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante dans l’industrie touristique. Il précise que le secteur a cruellement besoin de travailleurs manuels qualifiés « La main-d’œuvre est un gros problème aujourd’hui. Les jeunes Mauriciens ne sont plus intéressés par le travail manuel et l’industrie touristique repose à 90 % sur des tâches manuelles comme la cuisine, le service et l’entretien des chambres. C’est un travail manuel qui exige beaucoup d’efforts », explique-t-il. Bissoon Mungroo explique que le manque de personnel qualifié a des conséquences directes sur la qualité du service offert.
« Le sourire légendaire des Mauriciens, qui faisait autrefois la réputation de notre hospitalité, a disparu. Aujourd’hui, le taux d’absentéisme peut atteindre jusqu’à 25-30 % par jour dans certains établissements. Cela force les employés présents à doubler leurs shifts, ce qui affecte la productivité et la qualité du service », fait ressortir ce dernier.
Face à cette situation, Bissoon Mungroo suggère l’instauration d’un système de « bond », qui obligerait les jeunes diplômés en hôtellerie à travailler pendant un minimum de 3 à 5 ans à Maurice avant de partir à l’étranger. « Les formations sont financées par les contribuables, il est donc juste que les diplômés contribuent à l’économie locale avant de chercher des opportunités ailleurs », estime notre interlocuteur.
Nécessité
Les supermarchés font également face à une pénurie de main-d’œuvre locale, comme l’explique Ignace Lam, CEO chez Intermart. « Notre préférence va toujours aux Mauriciens, mais il devient difficile de trouver du personnel local pour les postes disponibles. Nous sommes parfois contraints de recruter des travailleurs étrangers, malgré le coût plus élevé que cela implique », explique-t-il.
Selon Ignace Lam, ces travailleurs étrangers nécessitent un investissement supplémentaire, notamment pour leur logement, le coût de leurs billets d’avion et les permis de travail. « Cela représente une charge financière importante pour les entreprises », concède-t-il.
Il souligne également un changement de mentalité chez les jeunes Mauriciens. « Ils privilégient les emplois de bureau avec des horaires fixes et refusent de travailler les week-ends, ce qui ne correspond pas aux exigences des supermarchés qui fonctionnent en shifts », met-il en avant.
Opportunité ailleurs
Keshnee Mungrah, HR Executive à La Vallée des Couleurs Nature Park, partage une expérience similaire. « Le recrutement est de plus en plus difficile. Nous devons passer de nombreux entretiens et peinons à trouver des candidats locaux. Parfois, nous sommes obligés de nous tourner vers la main-d’œuvre étrangère. De nombreux jeunes Mauriciens préfèrent travailler à l’étranger, notamment sur des bateaux de croisières, où les salaires sont plus attractifs », souligne notre interlocutrice.
Les secteurs prisés par les jeunes
Les jeunes sont majoritairement attirés par :
- des emplois qui proposent des horaires de bureau.
- des postes tels que comptables, dans l’administration, réceptionnistes (hors hôtellerie), logistique.
- des emplois au sein des BPO / des centres d’appels, mais sont sélectifs sur les postes où ils ne travailleront que pendant les jours de semaine.
Source : Statistics Mauritius
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