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Test des 100 jours : le début de mandat du GM décrypté par des observateurs

Laura Jaymangal et Subash Gobine.

Trois mois après le raz-de-marée électoral de l’Alliance du Changement, l’heure est au premier bilan. Quelles avancées peut-on noter ? Quels défis persistent ? Entre promesses tenues et attentes grandissantes, des observateurs analysent les premiers pas du gouvernement et les signaux envoyés au pays.

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Cent jours se sont écoulés depuis la victoire écrasante de 60-0 de l’Alliance du Changement aux législatives. Que retenir de ces premiers mois de gouvernance ? Si les promesses électorales continuent d’alimenter l’espoir, leur concrétisation, elle, demeure un défi. Des observateurs décryptent ce début de mandat. 

Pour Laura Jaymangal, Executive Director de Transparency Mauritius, ces 100 jours ont été « très intéressants » et marqués par des changements notables. « Nous avons changé de régime après dix ans. Le nouveau gouvernement a pris la barre et il a eu une phase de rodage pour vérifier et ajuster plusieurs aspects de sa gestion », explique-t-elle.

Un des moments-clés reste, selon elle, le discours-programme qu’elle qualifie d’« extrêmement ambitieux », mettant l’accent sur la démocratie et la bonne gouvernance. « On retrouve dans ce texte les engagements de campagne. On y retrouve beaucoup de choses qui avaient été dites et promises », dit-elle, en insistant sur la nécessité de transformer ces engagements en actions concrètes et durables.

Respect des institutions 

Pour elle, parmi les mesures phares, on retrouve la révision de la Financial Crimes Commission (FCC) Act, qui redonne « plein pouvoir au Directeur des poursuites publiques (DPP) ». Laura Jaymangal souligne que « c’est un changement positif et significatif qui rappelle l’importance de renforcer et de respecter les institutions ». 

Autre nouveauté : l’introduction des ministres juniors, une initiative que l’Executive Director de Transparency Mauritius trouve « innovante », car elle vise à dynamiser l’action gouvernementale. « Il faudra du temps pour en mesurer l’impact. Nous verrons dans quelques mois. Mais c’est une décision intéressante pour plus de dynamisme dans la gestion », ajoute-t-elle.

Elle rappelle également que des réformes institutionnelles sont en préparation, notamment à la Banque de Maurice et à la FCC. « Le plus intéressant reste à venir », assure-t-elle.

Pour l’observateur Subash Gobine, l’Assemblée nationale semble amorcer un retour vers des pratiques plus « civilisées ». « Il y a un assainissement des mœurs au Parlement. Les règles sont respectées dans l’ensemble », constate-t-il. Parmi les institutions qui semblent renaître, il cite la Mauritius Broadcasting Corporation. « Contrairement aux dernières années, elle atteint aujourd’hui un niveau acceptable », souligne-t-il.

Sur le front de la lutte contre la corruption, il salue les grandes décisions et initiatives qui sont en cours. Mais il reste prudent sur leur aboutissement légal. « Il faudra du temps pour que les actions juridiques aboutissent, certaines affaires étant particulièrement complexes », prévient-il. 

En matière de redressement économique, il estime que de bonnes initiatives ont été prises. « Attendons maintenant de voir les résultats, bien que les difficultés restent énormes », indique Subash Gobine.

Entre euphorie et impatience 

Rajen Valayden, lui, note que l’euphorie autour du retour de Navin Ramgoolam au pouvoir « s’est rapidement dissipée ». Il note toutefois que « le point positif pour le Premier ministre est qu’il lui reste encore 1 725 jours pour faire ses preuves ». 

Il concède que le contexte n’est pas des plus aisés, mais estime que « les premières dissensions au sein de son entourage proche, apparues seulement sept jours après l’investiture, n’arrangent rien. Au moins Pravind Jugnauth a bénéficié de sept années de stabilité avant que son équipe ne s’effondre ». 

L’observateur affirme qu’alors que Navin Ramgoolam tente de regagner la confiance du pays, la nation, elle, attend une impulsion forte. Selon lui, pour y parvenir, le Premier ministre doit envoyer des signaux clairs, en prenant une série de décisions claires qui ont un impact pour dissiper l’impression de confusion laissée par ses 100 premiers jours.

« Rassurer les entrepreneurs sur sa volonté de changement et garantir aux citoyens une meilleure sécurité dans les rues devraient figurer en tête de ses priorités », analyse Rajen Valayden. 

Il pense que c’est au moment où le gouvernement quittera le pouvoir qu’on pourra véritablement juger son bilan. « En arpentant le Jardin de la Compagnie à la fin de son mandat, pourra-t-il constater un réel changement par rapport à la situation qu’il a trouvée en prenant ses fonctions ? », s’interroge l’observateur. « Plus aucun enfant des rues, plus aucun sans-abri, plus aucun trafiquant de drogue, plus aucune femme contrainte à la prostitution... mais uniquement des visages heureux. Ce serait là une véritable empreinte laissée dans l’histoire. Un héritage digne de ce nom », conclut Rajen Valayden. 

 

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