Tanya Lallmon est la seule Mauricienne parmi les 25 jeunes sélectionnés du monde entier pour faire partie de la première cohorte du Global Youth Sounding Board. Elle en a présenté les réalisations depuis 2021 à l’occasion de l’UE-Mauritius Youth Forum, vendredi dernier.
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Décrivez-nous le travail que vous faites au sein de l’EU-Mauritius Youth Forum.
Je fais partie du Global Youth Sounding Board de la Commission européenne. Notre travail consiste à conseiller le commissaire de l’Union européenne (UE) sur les questions liées au partenariat international, en veillant à ce que les jeunes soient impliqués dans toutes les activités entreprises par l’UE. Nous nous efforçons de rendre notre travail concret et pratique, plutôt que de se limiter à la théorie.
Le travail a commencé en 2021. C’est la première fois que la Commission européenne a mis en place un Youth Sounding Board. Au début, il n’y avait pas de système en place, donc nous avons dû le créer nous-mêmes. Cela a été un processus d’apprentissage pour nous tous.
Le commissaire a été très réceptif envers les suggestions que nous avons émises et a mis en place un système permettant à de nombreux jeunes de participer davantage, afin que l’UE et ses collaborateurs à travers le monde (Afrique, Amérique latine, Caraïbes) puissent coopérer pour que les jeunes ne fassent pas seulement entendre leur voix, mais soient également témoins d’actions concrètes.
Donc, en deux ans, nous avons façonné un système, nous avons mis en place un plan d’action pour que les jeunes à travers le monde puissent mettre en oeuvre des projets dans divers secteurs, comme par exemple les droits humains, les changements climatiques, l’entrepreneuriat, l’agriculture et le développement numérique. Des fonds sont alloués à ces jeunes pour réaliser leurs projets.
Nous nous assurons que la voix des jeunes qui ne sont pas représentés dans ces programmes soit entendue, notamment les jeunes en situation minoritaire tels que les réfugiés, les migrants ou ceux qui ne parlent pas anglais. Souvent, ces programmes sont en anglais, donc nous veillons à inclure ces jeunes, à écouter leurs problèmes et à trouver des solutions ensemble.
Parfois, ils proposent eux-mêmes des solutions qu’ils pensent être utiles pour résoudre les problèmes. Nous suggérons ensuite ces solutions au commissaire, qui les inclut dans son programme afin que toutes les délégations de l’UE à travers le monde puissent les mettre en place pour aider ces jeunes. Ainsi, le travail peut être réalisé à la fois localement et régionalement.
Vous êtes la seule Mauricienne sélectionnée dans la liste finale de 25 candidatures. Parlez-nous en.
Les candidatures ont été ouvertes en 2020-21 durant la période de confinement. La Commission européenne a créé le premier Youth Sounding Board dans le but d’inclure les jeunes dans l’élaboration de ses plans. J’ai soumis ma candidature lorsque les offres ont été lancées. Il y a eu 4 000 demandes au total.
J’ai été la seule Mauricienne à être retenue dans la liste finale des 25 candidats. Sur cette plateforme, il y a d’autres participants venus des différentes régions d’Afrique, d’Amérique latine, des Caraïbes, des îles Fidji et de la région du Pacifique. Nous partageons notre expertise et nos connaissances culturelles de chaque région afin que tous les plans que nous avons développés incluent les jeunes autant que possible.
Êtes-vous convaincue que l’UE s’intéresse vraiment à ce que vous avez à dire ? Parfois, il n’y a pas de suivi…
Oui, souvent nous assistons à des réunions qui sont organisées, mais une fois terminées, tout s’arrête là. Il n’y a aucun développement, aucun suivi. C’est quelque chose que mes 24 collègues et moi-même avons abordé lors de notre dernière réunion. Nous sommes convenus de travailler dessus, car nous ne voulons pas de discussions qui ne soient pas suivies d’actions concrètes.
La délégation mauricienne de l’UE a mis en place un comité local Youth Sounding, qui comprend 25 Mauriciens effectuant un travail similaire au mien. La seule différence est que je travaille au niveau mondial et eux, au niveau local.
Ce sont 25 jeunes qui possèdent une expertise dans différents domaines, ont de nombreux réseaux locaux et sont connectés à de nombreux jeunes dans différentes régions du pays. Ils mentionnent les problèmes qu’ils rencontrent. J’ai été invitée à plusieurs de leurs réunions et j’ai pu constater comment ils abordent les problèmes auxquels ils sont confrontés et proposent des solutions concrètes.
Il existe des moyens tangibles pour aider les jeunes dans le besoin et les encourager à avancer avec de nouvelles idées. J’ai noté que la délégation de l’UE à Maurice accorde une grande priorité à cela.
Le Youth Sounding Board n’a pas encore été mis en place dans les 24 autres pays où les jeunes membres de ce board viennent. Cependant, Maurice a déjà créé son propre board et le travail a déjà commencé.
C’est un travail de longue haleine.
Pour le moment, le système est toujours en amélioration et il y a peu de points de référence. Les jeunes se débrouillent avec les moyens du bord. Le travail devrait continuer avec la prochaine cohorte qui les succédera. Leur mandat se termine en février de l’année prochaine, tandis que le mien arrivera à son terme en juin 2023.
3e réunion de l’UE-Mauritius Youth Forum
C’est vendredi dernier, au St James Court, à Port-Louis, que s’est tenue la 3e réunion de l’UE-Mauritius Youth Forum, en présence de l’ambassadeur de l’UE Vincent Degert, des représentants de l’ambassade de France, de l’Agence française de développement et de la Région Réunion. L’objectif était de donner la parole à la première cohorte du Global Youth Sounding Board pour partager leur expérience suivant leur participation à plusieurs événements de portée internationale. L’ambassadeur de l’UE a également présenté le plan d’action pour la jeunesse dans l’action extérieure de l’UE pour la période 2022-2027. Il inclut trois piliers : mobiliser, connecter et autonomiser.
D’autre part, dans le cadre du programme de mobilité universitaire intra-africaine pour la période 2022-2027, la Commission européenne a lancé un appel à propositions doté de 27 millions d’euros pour les établissements d’enseignement supérieur. L’objectif est d’offrir des opportunités de mobilité internationale d’apprentissage aux étudiants, stagiaires et personnels universitaires africains. Cet appel devrait financer environ 15 projets, avec un montant maximum de subvention de 1,8 million d’euros. La date limite de dépôt de candidatures est fixée au 15 juin 2023 à 17 heures (heure de Bruxelles).
Des représentants de la Direction générale de la Commission européenne pour les partenariats internationaux ont participé à cette rencontre par visioconférence. Les représentants des établissements d’enseignement supérieur de Maurice étaient également présents.
La parole à…Vincent Degert, ambassadeur de l’Union européenne à Maurice : «Nous devons donner aux jeunes l’envie de s’engager»
« Il est important de donner la parole aux jeunes partout dans le monde, que ce soit à Maurice ou ailleurs, afin qu’ils puissent s’exprimer et participer à la vie publique. Nous devons leur fournir les outils, les moyens et l’envie de s’engager. Ce forum a démontré qu’il existe de nombreuses initiatives prises par les jeunes, qui ont de nombreuses idées, de l’expérience de la participation et des réseaux. Ils peuvent ainsi aider à mieux façonner les politiques publiques à Maurice, tout en donnant une image positive de l’île Maurice à l’étranger. Je suis heureux de voir qu’une jeune Mauricienne a été sélectionnée parmi les 25 personnes du monde entier pour participer à la définition de la politique européenne à Bruxelles, dialoguer avec notre commissaire et partager ses idées. C’est extrêmement motivant et stimulant pour elle et pour Maurice en général. »
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