Les préjugés naissent de l’ignorance et de la peur de l’autre. Celui qui est différent de nous physiquement (couleur de peau, physionomie) ou culturellement (langue, religion, communauté) est perçu comme l’autre, l’étranger. Celui dont il faut se méfier; qui, peut-être, ne nous aime pas ; et qui peut même nous faire du mal. Remarquez que c’est toujours l’autre qui est différent, l’autre qui pose problème.
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Les préjugés donnent lieu aux incompréhensions, aux malentendus, aux conflits basés sur des idées préconçues. Celui-ci appartient à tel groupe social, il est sans doute un trafiquant de drogue à défaut d’être un drogué. Celui-là ne vit qu’au crochet de l’Etat, ce doit être un jouisseur patenté. L’autre est sûrement un communaliste ayant une mentalité de corrompu. Toute une catégorie est mise dans le même sac à partir d’un nom, une physionomie, une couleur de peau ou un groupe social. Les clichés ont la vie dure. Ils stéréotypent, stigmatisent, pire : auto-culpabilisent.
Les sous-entendus ou non-dits de la notion de race (ou ses variantes, l’ethnie ou la communauté) ont souvent été utilisés à travers l’Histoire afin d’ostraciser et assujettir des peuples entiers. Les conquistadors espagnols avaient nié que les peuples indigènes de l’Amérique latine possédaient une âme – afin de mieux les massacrer et accaparer leur or. Le plus grand crime contre l’humanité, la traite transatlantique, a pu être opérée sur une base industrielle, sous prétexte que les Noirs seraient une race inférieure vouée à l’esclavage. Hitler a essayé d’exercer sa « solution finale » envers les Juifs au nom d’une supposée race supérieure.
Dans la mouvance, le colonialisme s’est aussi paré de la dichotomie de races supérieures/inférieures afin de « civiliser » d’autres peuples. En général, le colonialisme a laissé des séquelles profondes sur la psyché des peuples colonisés. Le psychiatre militant martiniquais Frantz Fanon en a fait état dans ses deux classiques « Les Damnés de la Terre » et « Peau Noire, Masques Blancs » --- livres de chevet de tout militant authentique des années 70/80.
Survenu dans le sillage de l’esclavage à échelon industriel, le plus dramatique des crimes du colonialisme, a été d’inférioriser les peuples colonisés, souvent en les poussant à renier leurs propres cultures, y compris leurs langues, jugées inférieures. Dans le cas de l’esclave, il était traité comme un objet. Il n’avait aucune identité. Pire, à l’image d’une victime amenée à faire l’éloge de son bourreau, l’esclave était supposé mimétiser le maître pour obtenir un tant soit peu de reconnaissance méprisante.
Dans « Peau Noire, Masques Blancs » Fanon explique ce phénomène de déshumanisation en une phrase : « Le Noir est réduit à reconnaître sa valeur intrinsèque à la lueur des yeux bleus de l’homme Blanc ». En d’autres mots, l’esclave se définissait en fonction du regard que le maître posait sur lui. Si ce dernier estimait que l’esclave était un bon-à-rien, c’est sûr que le maître avait raison, et il fallait en plus le remercier pour son aimable avis.
Avec recul, toute cette absurdité paraît ridiculement atroce, et pourtant l’Histoire nous enseigne combien les préjugés peuvent être érigés en système, déformer la conscience de tout un peuple, et pire l’amener à nourrir des préjugés à l’encontre de ses propres traditions, cultures et langues. On parle alors de déculturation. Un phénomène qui engendre au quotidien des préjugés tenaces.
À la lumière des recherches, la grande majorité des scientifiques acceptent, aujourd’hui, que la notion de race n’a aucun fondement biologique. La géographie, le climat et d’autres facteurs environnementaux contribuent à nous donner une physionomie ou une pigmentation différentes mais l’être humain est constitué à 99,9 % du même ADN, fonds patrimoine génétique commun. Nous nous originons tous d’une même espèce, l’Homo sapiens. En d’autres mots, il n’y a pas de « races » supérieures ou inférieures.
La notion qu’une « race » ou qu’une ethnie puisse avoir un quotient intellectuel supérieur a aussi été mis au rencart par la science. On parle, davantage, aujourd’hui, d’intelligences multiples – artistique, spatiale, interpersonnelle, sportive, etc.- que de pseudo intelligence bourrage de crâne. Internet est devenu notre mémoire à tous et les puces intelligentes seront, demain, notre intelligence extensive.
Et encore : Selon Theresa Amabile, spécialiste américaine de la Créativité, et auteure du « Componential Model of Creativity » tous les êtres humains sont doués d’esprit de créativité et peuvent réaliser de belles choses, à condition que l’environnement soit favorable.
À charge de nous débarrasser de nos préjugés et complexes qui constituent autant de barrières mentales à notre épanouissement personnel et collectif !
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