Selon l’OMS la viande rouge serait cancérogène: la polémique alimentée

Ça fait débat depuis lundi. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la consommation de viande rouge comme « probablement cancérogène pour l'homme ». Ce rapport a provoqué une levée de boucliers eu Europe. Qu’en pensent les experts mauriciens ? Le point.

Ce que dit le rapport

La consommation de viande rouge est « probablement cancérogène » pour l’homme (colorectal, mais aussi pancréas et prostate)
La viande transformée, dont la charcuterie, est cancérogène pour l’homme (colorectal)
Chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal de 18%

Ce qu’il faut savoir

Plus de 800 études sur les liens possibles entre la viande et le cancer ont été analysées par le CIRC
La viande rouge fait référence à tous les types de viande issus des tissus musculaires de mammifères (boeuf, veau, porc, agneau, mouton, cheval, chèvre...)
La viande transformée fait référence à la viande qui a été transformée par salaison, maturation, fermentation, fumaison… pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation. Par exemple : hot-dogs, jambon, saucisses, corned-beef

[panel contents="L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne s’attendait peut-être pas à un tel écho après son annonce, lundi. Du coup, jeudi, elle s’est défendue d’avoir « appelé les consommateurs à ne plus manger de viande ». Cette étude « ne demande pas aux gens d’arrêter de manger de la viande transformée, mais indique que réduire la consommation de ces produits peut réduire le risque de cancer colorectal », a expliqué l’OMS dans un communiqué." label="L’OMS réagit" style="info" custom_class=""]

Les points litigieux du rapport

Les charcuteries et autres viandes transformées ont été classées dans le groupe des agents causant le cancer, comme le tabac ou l'amiante
La viande nourrit l’homme. Elle compte pour 11 % de nos besoins en fer héminique (par opposition au fer contenu dans les végétaux)
Toutes les viandes ne se valent pas. Les taux de matière grasse varient énormément d'un aliment à l'autre.
L’enquête ne serait pas « complète ». Elle ne prend pas en considération les typologies particulières d’alimentation.

Le point de vue des experts

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Dr Mukesh Sooknundun, de la Clinique du Nord: « Le problème ne vient pas seulement de la viande rouge, mais aussi avec la viande blanche. Souvent, lors des barbecues, une épaisse couche de carbone se forme sur la surface de la viande. Cette matière épaisse pose un risque cancérogène. Le charbon utilisé pour la grillade augmente ce risque. Mais je ne dis pas qu’il faut arrêter de manger de la viande, mais consommez la fraîche de préférence. Évitez la viande conservée dans une chaîne de froid. Puis mangez avec modération ! » Dr Faisal Abbasakoor, de Fortis Clinique Darné: « Il ne faut pas négliger les conclusions de cette étude. Le corps humain, qu’il s’agisse de personnes vivant à l’étranger ou à Maurice, réagit de la même façon. Seuls le mode de vie et l’environnement diffèrent. Cet avertissement est valable pour la planète entière. » Anya Benoit, diététicienne: « Est-ce que les viandes transformées (“processed meat”) et les viandes rouges causent le cancer ? Ma réponse est non. On ne sait pas ce qui cause le cancer. L’étude montre un lien entre la forte consommation de viande et le risque de cancer. Cependant, les médias n’ont pas accordé d’attention sur les nuances contenues dans le rapport. Ce rapport dit simplement qu’il faut diminuer notre consommation de viande, spécialement les viandes transformées qui contiennent beaucoup de sel et d’autres additifs chimiques. Il est important de ne pas terroriser les gens. Puis, d’autres facteurs comme la cigarette ou l’alcool sont des risques beaucoup plus importants. Le bacon, le jambon ou d’autres viandes travaillées ne peuvent pas être comparés à la cigarette », fait-elle ressortir.

Conseils

Le message clé, selon Anya Benoit, c’est que ces aliments pointés du doigt peuvent faire partie d’une alimentation saine s’ils sont consommés avec modération. Elle conseille de choisir, si possible, des viandes transformées sans nitrate. Voici quelques principes du concept « tout en modération » qu’elle propose:

choisir des aliments de qualité qui nourrissent le corps ;
avoir une alimentation variée en choisissant des aliments des cinq groupes d’aliments ;
manger assez de fruits et légumes tous les jours ;
entretenir une relation saine avec les aliments et éviter d’avoir peur ou de se sentir coupable de manger certains aliments ;
se faire plaisir à l’occasion.

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L’organisme de recherche indépendant Global Burden of Diseases Project place ainsi le tabac à la première place des causes directes de mortalité par cancer (un million de décès) dans le monde. Il est loin devant la consommation d’alcool (600 000 décès), la pollution atmosphérique (200 000), la viande rouge (50 000 décès) ou les viandes transformées (34 000 décès).