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Selon le World Economic Forum : les 5 principaux risques qui guettent Maurice au cours de ces deux prochaines années

Selon The Global Risks Report 2024 du World Economic Forum publié cette semaine, Maurice sera confronté à cinq grands risques au cours de ces deux prochaines années. Il s’agit de la pénurie de la main-d’œuvre, du ralentissement économique, de la dette publique, de l’inflation ou encore du climat extrême. Un constat qui ne surprend pas les observateurs économiques.

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1er Risque : la pénurie de main-d’oeuvre

C’est une réalité à Maurice depuis plusieurs années. 2024 et 2025 ne feront pas exception. Le manque de travailleurs va persister. « Ce n’est pas étonnant que la pénurie de main-d’œuvre soit citée comme le premier risque pour le pays. Plusieurs secteurs en souffrent déjà. C’est une menace dans la mesure où les entreprises ont besoin de main-d’œuvre. À titre d’exemple, pour augmenter la production, il faut des travailleurs », fait ressortir Ravish Pothegadoo, directeur de Talent on Tap.  Ce dernier attribue cette situation à deux principaux facteurs. Premièrement, explique-t-il, il existe des métiers qui ne séduisent plus les Mauriciens. De plus, certains secteurs font face à un manque de compétences appropriées, car les personnes ne reçoivent pas une formation adéquate dans ces domaines.

L’économiste Eric Ng y va aussi de son commentaire : « Ce n’est pas que les Mauriciens ne veulent pas travailler. Ils ne veulent pas le faire à des heures indues, les week-ends et pendant les congés publics ». C’est une situation, poursuit-il, que le gouvernement n’arrive pas à résoudre concrètement « même s’il est conscient que le problème est réel ». « Le souci se pose davantage pour les entreprises qui doivent respecter les délais de livraison », ajoute-t-il.


2e Risque : le ralentissement économique

Le pays fera aussi face à un ralentissement économique au cours de ces deux prochaines années. Pour Yuven Peechen, chargé de cours en finance, le danger est là. « Le ralentissement économique dépendra de l’économie mondiale. Les observateurs s’attendent à une récession en Angleterre, qui est un de nos principaux marchés. Par ailleurs, le fret risque d’augmenter avec les attaques dans la mer Rouge. Ce qui aura un impact sur notre économie », prévient-il.

Eric Ng s’attend lui aussi à une baisse de régime cette année. « C’est sûr que la croissance sera moindre comparativement à l’an dernier. Le taux sera inférieur à 5 % à mon avis, et cela pour plusieurs raisons », souligne-t-il. En premier lieu, selon l'économiste, étant donné que nous sommes en année électorale, il est probable que les investisseurs retiennent leurs initiatives à long terme en attendant le dénouement du scrutin. Ce qui fera ralentir l’investissement privé.

Deuxièmement, poursuit-il, la consommation domestique, qui est un des moteurs de la croissance, sera modérée en raison de l’inflation. Quant au secteur de l’exportation, autre moteur de la croissance, il va à peine se relever de la contraction de l’an dernier (Ndlr : le secteur a enregistré une contraction de 10,5 % en 2023) avec les divers conflits dans plusieurs régions du monde. En outre, de nombreux pays organiseront des élections au cours de cette année. (Ndlr : on compte plus de 4 milliards d’électeurs dans 77 pays cette année). « Ce qui fait qu’il y aura un ralentissement dans la croissance mondiale, impactant du coup Maurice. Sans parler que cette année-ci, les États-Unis et l’Europe vont commencer à hausser leurs taux d’intérêt », fait ressortir Eric Ng.


3e Risque : la dette publique

Le niveau de la dette publique fait l’objet de plusieurs débats ces temps-ci, surtout que nous sommes à l’approche des élections. Pour Yuven Peechen, la dette publique continuera à grimper. « Cela dit, toutes les augmentations et allocations que propose l’État sont financées par le fonds de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). C’est devenu comme un Consolidated Fund où le gouvernement se sert pour couvrir certaines dépenses. Le dilemme réside dans le risque d'augmenter les contributions à ce fonds, alors que le nombre de contributeurs pourrait diminuer en raison du départ à la retraite de certains et de l'établissement à l'étranger d'autres », s’inquiète-t-il.

Quant à Eric Ng, il est d’avis que la dette publique demeure un gros problème. « Il y a eu beaucoup de largesses de la part de l’État. De plus, étant dans une année électorale, je vois mal le gouvernement venir avec une hausse des impôts pour financer sa générosité. Du coup, il va laisser filer le déficit budgétaire, dont la dette publique », appréhende-t-il.


4e Risque : l’inflation

L’inflation restera dans l’actualité cette année encore. Ce n’est pas Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs, qui dira le contraire. « Maurice est un pays net importateur. Or, avec les pirates somaliens qui sévissent dans l’océan Indien et les Houthis qui provoquent la terreur en mer Rouge, il faudra s’attendre à ce que les importations soient affectées. Une hausse du fret n’est pas à écarter, ce qui devrait relancer l’inflation », craint-il. De même, avec les augmentations des salaires et de la pension pour les plus de 75 ans, on aura plus d’argent en circulation. Une situation qui favorisera des pressions inflationnistes.

Yuven Peechen abonde dans le même sens : « Il faudra surveiller l’inflation avec l’augmentation des salaires. Si les gens aisés ont tendance à épargner, ceux au bas de l’échelle et de la classe moyenne ont davantage l’habitude de dépenser. Ce qui augmentera les risques inflationnistes et entraînera une dépréciation de la roupie, qui est un plus grand danger pour le pays. D’ailleurs, si les Mauriciens s’établissent à l’étranger, c’est parce qu’ils sont payés en devises qui ont plus de valeur que la roupie ». De son côté, Eric Ng avance que l’inflation restera élevée cette année encore. « Les prix continueront à augmenter peut-être moins vite que l’an dernier, mais ils continueront à grimper », conclut-il.


5e Risque : des événements météorologiques extrêmes

Ce week-end, Belal influencera le temps à Maurice. On le qualifie déjà de cyclone dangereux et puissant. Du coup, que des événements météorologiques extrêmes figurent dans le Top 5 des risques qui guettent le pays ne surprend pas Sunil Dowarkasing, ancien stratégiste de Greenpeace et consultant en environnement. « L’océan Indien, dans son ensemble, se réchauffe le plus par rapport aux autres océans. Le sud-ouest de l’océan Indien, où nous nous situons, est le ‘hottest spot’ de cette région.

Et pour cause, le Indian Ocean Dipole, qui est aussi connu comme le Indian Niño, est positif, ce qui fait grimper la température », indique le consultant. Par ailleurs, la région a connu un El Niño qui s’est étalé sur trois ans. Du coup, la température sur la surface de la mer a atteint les 30 degrés. « Avec une telle température, tout peut arriver. Malheureusement, nous manquons de moyens pour avoir des données. Donc, nous pouvons être surpris par des flash floods et autres phénomènes climatiques.  Nous devons nous préparer à tout et rester en alerte permanente », recommande Sunil Dowarkasing.  


info

Le saviez-vous ?

106 : Maurice est classé à la 106e place sur un total de 193 pays considérés comme les plus vulnérables aux risques de catastrophes climatiques.

50  : La moitié de nos plages risquent de disparaître au cours des 50 prochaines années.

264 millions de dollars  :  Pour lutter contre le changement climatique, le pays aura besoin d’un financement annuel de 264 millions de dollars, soit un total de 6,5 milliards de dollars pour atteindre ses objectifs à ce niveau.

Source : Le Fonds monétaire international. 


Bon à savoir ?

Le Global Risks Report 2024 présente les conclusions d’une enquête sur la perception des risques mondiaux, qui recueille les avis de près de 1 500 experts mondiaux. Le rapport s’appuie également sur l’Executive Opinion Survey du Forum économique mondial pour identifier les risques qui représentent la menace la plus grave pour chaque pays au cours des deux prochaines années, tels qu’ils ont été identifiés par plus de 11 000 chefs d’entreprise dans 113 économies. Le but derrière ce rapport est d’aider les décideurs à trouver un équilibre entre les crises actuelles et les priorités à plus long terme.

 

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