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Secteur portuaire : des mesures annoncées d’ici au début de la semaine prochaine

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Le Premier ministre s’intéresserait personnellement au dossier du port. Des réunions se tiennent entre les autorités, le secteur privé et les parties prenantes en vue de repositionner le secteur au premier rang dans l’océan Indien.

Les autorités mauriciennes devraient annoncer des mesures fortes pour le secteur portuaire. Ce qui pourrait intervenir après le conseil des ministres du vendredi 6 décembre, voire en début de semaine prochaine. La situation du port est un sujet d’inquiétude. D’où des réunions des autorités concernées - le secteur privé et les parties prenantes - sur la question. « Le Premier ministre a pris ce dossier en main pour envoyer un signal fort au secteur », confie une source.  

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice (MCCI) apprécie la réactivité du bureau du Premier ministre. En réponse aux représentations de la Chambre, il a rapidement organisé une réunion avec les parties prenantes. Cette problématique est d’importance nationale. Les engagements pris par les autorités concernant les solutions proposées représentent une étape importante pour l’amélioration du secteur portuaire.

L’activité portuaire est à la baisse. Il y a deux ans, de janvier à mai 2022, le trafic de marchandises avait chuté de 16,6 %. Le trafic de conteneurs avait également glissé de 31,9 % durant cette période. Idem pour le nombre de porte-conteneurs et du nombre total de navires de charge. Le volume de transbordement avait diminué de 43,5 % de janvier à mai 2021-22. La Cargo Handling Corporation s’était engagée à vingt-cinq mouvements de conteneurs équivalents par heure de grue brute. C’était dans un accord avec l’Agence française de développement. Où en est-on en 2024 ?

Activité portuaire

Une source ne passe pas par quatre chemins pour dire que le port a régressé. « Les autres ports se sont améliorés alors que Maurice a régressé. On est pire qu’en 2011 en termes de classement. » À l’époque, les navires évitaient Maurice. Le business plan mis en place avait permis de faire venir de nouvelles grues et une extension du quai. Ce qui avait valu à Maurice de passer de la quatrième à la première place en termes de port dans l’océan Indien en 2014.  

Ainsi, le mouvement de conteneurs équivalents par heure de grue brute est passé d’une moyenne de 15 en 2011/12 à 24 en 2016/17 avant de descendre à 18,7 de janvier à avril 2018. Aujourd’hui, les chiffres tournent autour de 20,21. De plus, une diminution significative des activités de transbordement a été notée avec une diminution de 11,4 % du trafic de conteneurs de janvier à septembre 2024, par rapport à la période correspondante en 2023. C’est ce qu’indiquent les données de la Mauritius Ports Authority (MPA).  

Selon le Dr Drishtysingh Ramdenee, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice, le port fait face à des contraintes opérationnelles majeures. Seulement trois grues portuaires sur huit seraient pleinement fonctionnelles. L’intensification des perturbations climatiques souligne l’importance critique des infrastructures de protection, comme des brise-lames, pour maintenir la continuité des opérations.

Compétitivité

Qu’est-ce qui traduit le besoin de mesures adéquates pour le secteur portuaire ? Pour le Dr Drishtysingh Ramdenee, le secteur portuaire représente un pilier fondamental dans l’architecture économique de Maurice. L’ensemble de notre chaîne logistique et commerciale, englobant les activités d’import-export, du port franc, ainsi que les opérations de transbordement régional, dépend intrinsèquement de sa performance, indique-t-il. 

Dr Drishtysingh Ramdenee, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice. Afzal Delbar, secrétaire général de la Freeport Operators Association.
Dr Drishtysingh Ramdenee, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice. Afzal Delbar, secrétaire général de la Freeport Operators Association. 

« Dans l’environnement maritime international actuel, marqué par une concurrence accrue, tout déclin de notre compétitivité met en péril notre commerce international. Il compromet également notre capacité de retenir les grandes compagnies maritimes mondiales, qui peuvent facilement se tourner vers des ports régionaux plus efficaces. Les échanges approfondis avec l’ensemble des acteurs du secteur portuaire et économique soulignent l’urgence d’aborder ces défis stratégiques », fait-il ressortir. 

D’ailleurs, le « Container Port Performance Index de 2023 » de la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence indiquent que le port de Maurice figure au 369e rang sur 405 ports mondiaux. Port-Louis a chuté de 39 places par rapport à l’année précédente. 

Toamasina est 300e, Mayotte (307e) et La Réunion (320e). Dr Drishtysingh Ramdenee souligne le fait que Maurice fait face à la concurrence de ports régionaux plus performants, majoritairement privatisés. Le pays doit composer avec des équipements vieillissants, une capacité de gestion limitée et l’impact croissant du changement climatique, source de perturbations opérationnelles significatives. 

« Les difficultés récurrentes au niveau de la manutention des conteneurs ont significativement détérioré la productivité et la qualité des services portuaires, conduisant à une réduction des rotations des grandes compagnies maritimes et à une baisse d’attractivité de Port-Louis », ajoute-t-il. 

Solutions

D’autre part, les usagers du port ne comprennent pas comment cette productivité a chuté. En cette période de forte demande, les lignes maritimes se voient contraintes de limiter leurs prises de commandes, en raison des délais d’accostage prolongés. Cette situation suscite d’importantes inquiétudes chez les opérateurs économiques, particulièrement les commerçants et les importateurs, concernant leurs délais d’approvisionnement.

Face à ces défis, il est impératif, selon la MCCI, de renforcer les effectifs opérationnels à court terme et d’améliorer la performance de manutention des conteneurs. Ces mesures visent à optimiser les opérations portuaires, à résorber les retards logistiques et à démontrer aux opérateurs de lignes maritimes notre capacité à accroître la fréquence des accostages à Port-Louis. Ils réduisent les coûts liés aux délais actuels.

Pour Afzal Delbar, secrétaire général de la Freeport Operators Association, il est clair que le port est défaillant et qu’il a perdu en compétitivité. « La performance est nulle. Il y a des problèmes entre les staffs et le management. Certains bateaux viennent au port sans débarquer et d’autres ne rentrent pas », fait-il ressortir.  

Un consultant du port abonde dans le même sens et relate que « la main-d’œuvre est problématique. Les employés doivent comprendre qu’ils tiennent le pays en otage ». D’où la suggestion d’un professionnel du port d’avoir recours à trente, voire quarante opérateurs étrangers. Le coût de la main-d’œuvre sera moindre et la productivité va grimper selon ce dernier.   

Néanmoins, bien que les autorités semblent déterminées à trouver des solutions, Afzal Delbar, est d’avis qu’il ne faut pas penser que le nouveau gouvernement pourra changer la situation du jour au lendemain. « Les opérateurs sont contraints de vivre avec la situation actuelle. La Cargo Handling Corporation Limited (CHCL) n’a pas de directeur ni de directeur adjoint. Il faut “the right person in the right place”. »

La MCCI identifie cinq axes d’intervention prioritaires

Optimisation opérationnelle
À travers la réorganisation de la gestion des équipes et la révision des procédures de manutention portuaire.

Réhabilitation des équipements
La remise en service des grues portuaires non fonctionnelles et la modernisation des équipements de manutention.

Partenariats stratégiques 
Cette démarche passe par le renforcement de nos relations avec les compagnies maritimes internationales et la création de nouvelles routes maritimes. Il faut positionner le pays comme hub régional de transbordement.

Modernisation des infrastructures 
Augmenter les capacités d’accueil des navires, améliorer les infrastructures d’amarrage et développer des installations portuaires de nouvelle génération.

Structure de gouvernance
Il faut un comité de pilotage public-privé et une coordination renforcée entre les différents acteurs portuaires pour revoir la structure de gouvernance.

 

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