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Santé publique : modernisation des hôpitaux et recrutement : un duo indissociable

« Il faut avant tout un recrutement massif de ressources humaines ». C’est ce que clament les professionnels employés dans le secteur de la Santé publique. Pour eux, il ne suffit pas d’améliorer les infrastructures ; avoir davantage de main-d’œuvre qualifiée doit aller de pair.

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«Le recrutement du personnel est primordial », lance de tout-go le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA). Pour lui, le manque de personnel à divers niveaux ne permet pas de prodiguer les soins appropriés. Son avis est partagé par Rajshree Thylamay, présidente de l’Union des travailleurs du ministère de la Santé, et Krishnadev Boodia, président de la Ministry of Health Transport Workers Union (MHTWU). Pour eux, cela ne sert à rien d’avoir de jolis bâtiments et des équipements de dernier cri sans avoir suffisamment de ressources humaines qualifiées pour les utiliser. Un membre du personnel du département « Records » fait ressortir de son côté que les recrutements doivent se faire sur une base de mérite et non par « backing ». « Il nous faut du personnel qui a le sens de la compassion, formé et compétent, et non des personnes qui postulent juste pour avoir un salaire », dit-elle.

« C’est bien que dans leur vision les autorités songent à offrir de nouvelles infrastructures plus modernes et un service de proximité aux habitants, mais pour que ce projet puisse se traduire au mieux, il est indispensable d’avoir le nombre adéquat de personnel », renchérit le Dr Abeeluck. Il souligne cependant que l’amélioration des infrastructures doit être généralisée. Il affirme qu’il y a certains bâtiments qui sont dépassés et qu’il ne sert à rien d’essayer de les restaurer car il vaut mieux les démolir pour en reconstruire de nouveaux. 

Personnel formé et qualifié

Rajshree Thylamay ajoute que c’est bien d’avoir de nouveaux centres de santé mieux équipés à travers l’île, mais à quoi cela sert-il s’il n’y a pas suffisamment de personnel. « Il faut des personnes formées et qualifiées pour utiliser les nouveaux équipements », dit-elle. Elle plaide ainsi pour un recrutement massif de ressources humaines à tous les niveaux pour pallier le manque de personnel dans les divers centres de santé. Elle souligne également que tout doit être mis en œuvre pour retenir le personnel existant et éviter l’exode vers d’autres cieux. Rajshree Thylamay est aussi d’avis qu’il faut davantage de campagnes de sensibilisation plus agressives pour inciter la population à avoir une alimentation saine et équilibrée afin de prévenir le diabète et l’hypertension.

Task force

Krishnadev Boodia fait ressortir de son côté qu’il est impératif de mettre en place une « Task force » avec la participation des représentants des divers centres de santé afin de passer en revue les manquements. C’est la condition sine qua non pour l’amélioration des services selon lui. « Il est important de pouvoir discuter autour d’une table de tous les problèmes auxquels le secteur fait face et essayer de trouver des solutions ensemble », dit-il. Pour lui, cela ne sert à rien que chaque département discute de ses préoccupations sans prendre en considération les difficultés des autres. « Si sakenn get so kote ek so fasilite, zame nou pou avanse. Pou ena ameliorasion zis enn kote », fait-il comprendre. Pour lui, ce n’est qu’à travers un groupe de travail que la situation pourrait s’améliorer. 

Krishnadev Boodia insiste sur le fait que le secteur de la Santé ne peut demeurer ainsi. Il cite, par exemple, les difficultés au niveau des ambulances et les sollicitations « inappropriées » du public en ce qui concerne le service du Samu. Il fait ressortir que les ambulances, qui sont dotées de brancards, de bonbonnes de gaz et d’équipements médicaux, sont destinées aux urgences et non aux patients qui doivent rentrer chez eux après leurs traitements. « Cela prive les autres malades d’une ambulance plus adaptée pour être conduits à l’hôpital », dit-il. Le président de la MHTWU se réfère également au cas d’un accident sans gravité survenu à la gare de Rose-Hill le samedi 3 août, qui avait fait une quinzaine de blessés légers. Certains ont dû être conduits à l’hôpital dans des véhicules de police alors que d’autres s’y sont rendus par leurs propres moyens, dit-il. Cela du fait qu’il n’y avait pas suffisamment d’ambulances disponibles pour les conduire tous à l’hôpital. 

Remplacement des vieux équipements

Le Dr Abeeluck indique qu’avec le nombre grandissant de patients, dû à une population vieillissante, qui fréquentent les hôpitaux, il est important d’avoir des infrastructures adéquates pour pouvoir mieux les accueillir. 

Il ajoute que les équipements médicaux doivent être renouvelés. « Il y a des équipements qui sont devenus obsolètes et méritent d’être remplacés », dit-il. Le président de la GMDOA cite des moniteurs, les « ventilators », les appareils de CT-Scan et de MRI qui ne font pas beaucoup de coupes et qui manquent de précision. Il est d’avis qu’il y a un manque de maintenance de ces appareils, ce qui fait qu’ils tombent régulièrement en panne. Ce qui avait alors contraint le ministère de la Santé de diriger les patients vers les cliniques privées afin de raccourcir la liste d’attente.

Formation continue

Le Dr Abeeluck est d’avis que la formation continue du personnel soignant est également importante afin de pouvoir donner un traitement plus pointu aux patients. 

Il avance qu’il y a des méthodes de traitement, de chirurgie et d’investigation qui ont évolué et qui sont de pointe, mais qui ne sont pas disponibles à Maurice. Il faut envoyer des personnes suivre des sessions de formation dans ces domaines. Il cite la radiologie interventionnelle pour le traitement des patients qui ont fait un AVC. Pour lui, cela serait d’une grande aide compte tenu du nombre de patients concernés à Maurice. Il ajoute que le « Gamma knife » serait d’une grande aide également dans le cas du traitement du cancer. Cela permettrait plus de précision pour enlever une tumeur. Cette spécialisation pourrait être lancée à Maurice. Ajoutez à cela des appareils de diagnostic et d’investigation et de « genetic mapping » qui sont autant de moyens pour des diagnostics, dit-il. Des soins de prévention peuvent se faire plus facilement pour éviter un cancer du sein, par exemple, ajoute-t-il. Il faut ce genre de technologies et de compétences pour aider les patients, fait-il comprendre.

« Si on veut atteindre l’excellence avec des équipements de haute technologie, il faut être capable d’investir », dit-il.

 

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