Santé - Dengue : les autorités parlent déjà d’épidémie

La population craint une propagation de la dengue. Des inquiétudes légitimes si on tient compte du fait que le pays a recensé 24 cas depuis le début de l’année, alors qu’en général, seuls deux ou trois cas sont enregistrés par an. Le ministère de la Santé parle déjà d’épidémie. L’objectif : contenir le virus et empêcher sa propagation.

Généralement, deux ou trois cas de dengue sont recensés chaque année. C’est ce qu’affirme une source autorisée au ministère de la Santé. Or, depuis début 2019, le pays en a recensé 24, dont 19 rien qu’à Vallée-des-Prêtres et les autres répartis dans la région de Richelieu et de Rose-Hill. Le Dr Vasantrao Gujadhur, Director of Health Services au ministère de la Santé, parle dejà d’épidémie (voir texte ci-dessous).

Raison pour laquelle le ministère met les bouchées doubles pour contenir le virus et empêcher sa propagation. La fumigation qui a eu lieu à Vallée-des-Prêtres mardi s’est poursuivie le mercredi 13 mars. L’exercice s’est déroulé sous forte escorte policière, suivant l’agresssion, la veille, d’employés du ministère.

« Il faut éliminer les risques de propagation du virus en éradiquant le vecteur, c’est-à-dire les moustiques », fait ressortir notre source. Une des mesures prises concerne la distribution de crèmes anti-moustiques aux habitants. Une campagne de sensibilisation sera lancée dans plusieurs régions et dans les institutions éducatives.

Le ministère tente de remonter jusqu’à la source de l’infection, selon notre source. Vu que la dengue fait rage à La Réunion, les techniciens du ministère estiment que le virus pourrait émaner des îles voisines. Pour le ministère, il ne fait aucun doute que le virus a été introduit à Maurice par le biais d’étrangers. Le pays, explique cette même source, n’est pas isolé et des gens ont pu pénétrer le territoire bien avant que le virus ne commence à s’attaquer à leurs systèmes.

Dr Vasantrao Gujadhur, Director of Health Services : «Tout le pays est à risque»

Vu le nombre de cas recensés, peut-on parler d’épidémie ?
Nous sommes en pleine épidémie. Jusqu’ici (NdlR : au mercredi 13 mars 2019), nous avons enregistré 24 cas sur l’ensemble de l’île. Ce qui est énorme. Rien qu’à Vallée-des-Prêtres, on se retrouve avec 19 cas. Le premier cas recensé concerne un Mauricien.

Nous analysons tout. Notre système de surveillance fonctionne correctement. Mais il se peut que quelqu’un soit arrivé au pays, en souffrant de fièvre et de courbatures, sans en informer les autorités ou qu’il n’ait pas voulu révéler ses symptômes à notre service de surveillance lorsque nous l’avons contacté. Si c’est le cas, cela complique notre tâche.

La probabilité que la dengue ait été introduite par des voyageurs est élevée. De nombreux Mauriciens se rendent en Inde, à Madagascar, aux Comores et dans des pays avoisinants. Sans compter les touristes en visite à Maurice.

Quelles sont les mesures prises par le ministère pour empêcher toute propagation du virus ?
Nous hospitalisons la personne infectée et la plaçons en quarantaine afin d’empêcher que d’autres moustiques la piquent. Nous tentons de déterminer comment le patient a pu contracter le virus. Puis nous passons à l’étape du contrôle de la population de moustiques. Nous menons des exercices de fumigation et des opérations larvicides.

Les préposés du ministère de la Santé vont ensuite de maison en maison afin de voir si les habitations sont bien entretenues. S’ils voient que la cour d’un habitant n’est pas bien entretenue, ce dernier recevra un avertissement. Si rien n’est toujours fait, il sera passible d’une amende.

Nous tentons aussi de sensibiliser la population à l’importance de bien entretenir leur propriété. Il est aussi de la responsabilité des gens de maintenir leur domicile comme il se doit. Les experts d’entomologie (NdlR : partie de la zoologie qui traite des insectes) étudient, quant à eux, la densité de la population des moustiques.

Quels sont les symptômes de la dengue ?
Le premier est la fièvre. La personne ressentira par la suite des douleurs. Elle verra l’apparition de rougeurs un peu partout sur son corps.

Quelles sont les régions à risque ?
Tout le pays est à risque. Maurice est une petite île où il y a de la verdure partout. Cela favorise la prolifération des moustiques, vecteurs du virus de la dengue. Du coup, nous recommandons à l’ensemble de la population de garder sa cour propre. Elle doit se protéger des moustiques, car le risque de contracter la dengue est bien réel.

Nous sommes mobilisés. Nous avons d’ailleurs poursuivi notre exercice de fumigation mercredi après-midi. Ce jeudi 14 mars, nous organiserons des sessions de travail avec les habitants et les forces vives de Vallée-des-Prêtres pour les sensibiliser.