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Salaire mensuel de Rs 1 500 : la colère des femmes ‘cleaners’

Lasses de prêcher dans le désert, les femmes cleaners ont choisi un ultime recours pour faire entendre leurs appels de détresse. Une grève de la faim pour soutenir leur demande de révision salariale.

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Alors que la capitale se vidait de ses employés, d’autres travailleurs prenaient leur quartier au Jardin de la Compagnie pour entamer leur grève de la faim. Sur le visage de ces femmes cleaners des écoles du gouvernement, se lisaient la colère, l’amertume et la détermination à aller jusqu’au bout, en espérant un dénouement positif à l’issue de leur démarche.

Claudette ne pensait pas devoir recourir à une grève de la faim pour que ses conditions salariales soient améliorées. Après  huit ans de service, elle espérait une hausse de salaire au fil des ans, ce qui n’a jamais été le cas. Veuve, mère de deux enfants, âgés de 17 et 15 ans, elle insiste qu’il est impossible de vivre avec un salaire aussi maigre. « Nou bizin serr nou seintir o dernyer degre. » Elle compte sur l’aide sociale qu’elle perçoit pour survivre. « Nous nous débattons avec ce que nous avons. Je me prive pour que mes enfants ne manquent de rien et mangent à leur faim. » Déterminée, elle se dit « prête à aller jusqu’à la mort pour que ses conditions de travail s’améliorent ».

Sa force, Claudette l’a puisée dans la souffrance qu’elle a endurée ces dernières années et les larmes qu’elle a versées.

« Même si ma maison est en tôle, j’ai un toit sur ma tête. Je suis triste de me retrouver au Jardin de la Compagnie pour régler le litige qui nous oppose aux autorités. »

À côté d’elle, Artee, mère de trois enfants. Elle est cleaner depuis six ans. Comme ses collègues, elle dit éprouver les pires difficultés pour joindre les deux bouts. « Mon époux est souffrant, je me démène pour faire bouillir la marmite. J’emprunte souvent pour subvenir aux besoins de mes enfants. Mais tout le monde n’est pas disposé à me prêter des sous. » La voix cassée, les larmes aux yeux, elle confie combien « notre situation est difficile ». Ce qui la révolte, c’est de ne pouvoir être auprès de ses enfants qui révisent actuellement pour leurs examens de Grade 10 (Form IV), Grade 11 (SC) et Grade 13 (HSC).

Alors que les derniers rayons de soleil s’estompaient, c’est en désespoir de cause que ces quatre femmes cleaners ont entamé leur grève de la faim au Jardin de la Compagnie.


Non à la discrimination

« La justice doit triompher.  » Tels sont les propos des dirigeants  Reaz Chuttoo et Jane Ragoo de la confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). Le syndicat soutient les femmes Cleaners dans leur combat et grève de la faim afin que leur situation puisse être régularisée. La CTSP fait aussi ressortir qu’il ne devrait pas y avoir de discrimination entre les Toilet Cleaners et Yard Cleaners dans les écoles primaires et secondaires du gouvernement.

Pour ce premier jour de la grève de la faim, elles sont quatre femmes cleaners à avoir choisi de quitter leur maison pour dormir à la belle étoile et sans pitance au Jardin de la Compagnie. Elles ont été rejointes dans leur combat par Jane Ragoo et Reaz Chuttoo.

C’est à l’issue de diverses manifestations pacifiques et rencontres avec le ministère des Finances, vendredi, qui n’ont pas donné de résultats probants que ce mouvement de protestation a débuté le lundi 16 octobre. Elle est aussi le résultat du bras de fer qui a opposé les femmes cleaners et leur syndicat au ministère de l’Éducation.

Les grévistes de la faim n’arrivent pas à comprendre comment elles peuvent toucher un salaire de Rs 1 500 pour tout le travail qu’elles doivent abattre au quotidien. « Les Yard Cleaners, qui travaillent avec des entrepreneurs n’ont ni fiche de paie ni  congé et sans que leur National Pensions Fund ne soit payé », a fait ressortir Reaz Chuttoo.

Pour Jane Ragoo, il est aberrant que le ministère de l’Éducation n’ait pu trouver une solution aux problèmes de ces femmes cleaners. « Il est inconcevable que ces femmes doivent avoir recours à une grève de la faim pour se faire comprendre », fulmine-t-elle. À signaler que les grévistes de la faim ont reçu la visite d’Alan Ganoo et Tania Diolle parmi les membres du Mouvement Patriotique présents au Jardin de la Compagnie.

 

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