Ravagé par les rafales de crises sociopolitiques cycliques, depuis bientôt 40 ans, Madagascar tente de se redresser. Mais entre les pillages des ressources naturelles par les dirigeants et la volonté de ces derniers de présider à vie, le pays marche à reculons.
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La paupérisation des Malgaches avance à une vitesse fulgurante. Le bilan est alarmant. La Grande Île figure dans le top 5 des pays les plus pauvres au monde.
Tant bien que mal, chacun essaie de sortir la tête hors de l’eau, mais les politiciens restent inconscients et continuent de ne vouloir satisfaire que leurs intérêts personnels et ceux de leur famille politique.
La lueur d’espoir : l’élection présidentielle. Nirina, femme au foyer se confie : « J’espère que cette élection va pouvoir apporter un vent nouveau à l’économie du pays. Je suis fatiguée de vivre constamment dans le questionnement, si on va pouvoir manger aujourd’hui. Mon mari est le seul à nourrir notre foyer, depuis que j’ai perdu mon emploi en 2009 au moment de la crise. »
Les regards des Malgaches se tournent en ce moment vers ce candidat qui « sauvera » le pays de cet état de pauvreté extrême. Qui ? Comment ? Personne ne le sait, mais une chose est sûre : cette fois, le Malgache est déterminé. Voter pour changer, voter pour lutter contre la misère.
Charline, employée du secteur privé, raconte : « Tous ces politiciens ne sont là que pour se remplir les poches. Nous les avons vu agir : ils n’agissent que pour eux. Aujourd’hui, je suis contente parce qu’il y a 36 candidats et plus de 20 d’entre eux n’ont pas cette image de politicien malveillant. Je voterai pour celui qui m’inspire et me présente un programme réaliste et faisable. »
Le mercredi 7 novembre, un certain engouement est ressenti, tout le monde passe aux urnes et vote pour ce candidat « messie », pour sauver son pays. Au lendemain du scrutin, les médias annoncent une chute du taux de participation : 51 % .
Cette chute peut s’expliquer par le désintérêt du citoyen pour la vie politique, car pour beaucoup d’entre eux, le fait de voter un candidat n’aura pas d’impact « palpable » sur leur vie quotidienne.
En attendant la proclamation officielle des résultats du premier tour, les Malgaches continuent de courir pour vivre ou survivre.
Contexte
- Le 25 mai 2018, la Cour suprême donne dix jours au président Hery Rajaonarimampianina pour nommer un gouvernement d’union nationale, devant respecter le résultat des législatives de 2013, avance l’élection présidentielle malgache de 2018 à une date comprise entre mai et septembre 2018, et demande à Rajaonarimampianina de démissionner dans les soixante jours avant la présidentielle s’il souhaite se représenter.
- Le 4 juin 2018, Olivier Mahafaly Solonandrasana annonce sa démission après que la Haute Cour constitutionnelle exige la nomination d’un « Premier ministre de consensus » afin de sortir de la crise politique. Le jour même, Christian Ntsay est chargé de former un gouvernement. Ce qu’il fait le 11 juin avant d’annoncer le 29 la date de la présidentielle fixée au 7 novembre.
- Le 7 septembre 2018, Rajaonarimampianina démissionne de son poste de président pour pouvoir participer au scrutin.
L’élection présidentielle malgache de 2018 s’est déroulée le 7 novembre 2018 afin d’élire le président de la République de Madagascar. Un second tour sera organisé le 19 décembre si aucun candidat ne l’emporte au premier. Des élections législatives auront lieu peu après.
- La campagne électorale débute 30 jours avant le premier tour, soit le 8 octobre 2018. Mais plus de 40 jours séparent le premier du second tour. Une durée relativement longue qui s’explique par les difficultés logistiques de production des résultats. La campagne pour le second tour dure, elle, 15 jours. Ce dernier point a fait lui aussi l’objet de contestation contre le pouvoir qui voulait réduire ce délai à sept jours.
Bon à savoir :
Mandat présidentiel : Quinquennat
Entité de surveillance : CENI
Élection premier tour : 7 novembre 2018
Nombre de candidats : 36
Élection second tour : 19 décembre 2018
Nombre d’électeurs : 9 903 913
Les candidats favoris (non officiels) : Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana.
Résultats préliminaires de l’élection présidentielle malgache de 2018
Candidats | Partis | Premier tour Votes % | Second tour Votes % | |
---|---|---|---|---|
Andry Rajoelina | TGV | 1 382 438 | 39,49 | |
Marc Ravalomanana | TIM | 1 282 774 | 36,64 | |
Hery Rajaonarimampianina | HVM | 263 329 | 7,52 | |
André Mailhol | GFFM | 45 785 | 1,31 | |
Benjamin Radavidson | ||||
Andriamparany | FFF | 16 587 | 0,47 | |
Didier Ratsiraka | AREMA | 15 821 | 0,45 | |
Olivier Mahafaly | ||||
Solonandrasana | OM | 15 650 | 0,45 | |
Roland Ratsiraka | MTS | 15 565 | 0,44 | |
Jean Ravelonarivo | ABA | 15 497 | 0,44 | |
Jean-Omer Beriziky | AM | 10 529 | 0,30 | |
Zafimahaleo | ||||
Rasolofondraosolo | MV | 10 407 | 0,30 | |
Autres candidats | 426 536 | 12,19 | ||
Votes valides | 3 500 918 | 92,48 | ||
Votes blancs et nuls | 284 733 | 7,52 | ||
Total | 3 785 651 | 100 | 100 | |
Abstention | 2 931 932 | 45,78 | ||
Inscrits / participation | 6 981 664 | 54,22 |
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