- Des croupiers dénoncent une politique de favoritisme
Le Grand Casino du Domaine, au Domaine les Pailles, est en ébullition depuis un peu moins d’une semaine. Dimanche dernier, une croupière a réglé un gain colossal de Rs 1,2 million à une cliente, en un temps record de 20 minutes !
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Un jackpot express qui a immédiatement soulevé une vague d’indignation chez ses collègues. La raison ? Contrairement à la procédure habituelle, aucune enquête n’a été initiée. Au sein des Casinos de Maurice, explique-t-on, tout paiement d’un montant aussi important entraîne normalement un contrôle interne rigoureux pour déterminer s’il y a eu fraude, voire connivence. Mais cette fois, silence radio.
Le casino n’en est pas à son premier scandale, mais l’ampleur de cette affaire dépasse les coulisses feutrées des salles de jeu. Le Grand Casino du Domaine emploie environ 75 croupiers. « Habituellement, lorsqu’un croupier valide un paiement aussi conséquent, une enquête est enclenchée pour écarter tout soupçon de collusion ou d’irrégularités. Pourquoi rien n’a été fait cette fois ? D’autant que la bénéficiaire du pactole, une Mauricienne établie à l’étranger, aurait empoché son gain en un laps de temps exceptionnellement court », interroge un croupier, sous couvert d’anonymat.
Selon l’informateur, un employé occupant un poste de responsabilité aurait utilisé un mécanisme pour « détourner l’attention ». Le cadre et la croupière seraient proches, ajoute-t-il. « Il a demandé une enquête plus large sur les pratiques des croupiers du Grand Casino du Domaine. Ce qui attise encore un peu plus ce climat de méfiance existant. En interne, la colère gronde. Les employés dénoncent une politique à deux vitesses et pointent du doigt une gestion arbitraire des enquêtes. Quand un croupier paye une forte somme, il est scruté à la loupe. Mais là, tout passe sous silence », s’insurge-t-on.
De fortes sommes d’argent réclamées contre des promotions
Les tensions ne se limitent pas à la sphère du casino. En toile de fond, c’est un système plus vaste qui est mis en accusation. Des employés affirment que certains collègues, proches du gouvernement en place, n’hésitent pas à monnayer une promotion. « Ils réclament des sommes allant jusqu’à Rs 200 000 en échange d’une montée en grade et brandissent une supposée proximité avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam », souffle un employé.
L’affaire est d’autant plus explosive qu’une lettre ouverte, signée par plusieurs employés des Casinos de Maurice, serait sur le point d’atterrir sur le Bureau du Premier ministre. Le document, qui doit être officiellement remis ce vendredi, dénonce ces supposées pratiques et exigerait une enquête indépendante.
La SIC botte en touche face à la grogne des croupiers
La State Investment Corporation (SIC) a été sollicitée. « Nous ne disposons d’aucune information en main. Nous reviendrons vers vous demain (NdlR : ce jeudi) », s’est contentée de répondre l’institution. Quant aux accusations de favoritisme dans l’attribution des promotions, contre des sommes prétendument réclamées, la SIC se dégage de toute responsabilité. « Seul le Conseil d’administration est habilité à décider des promotions », nous a-t-on fait savoir.
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