Le Royaume-Uni aura un nouveau Premier ministre, ou plutôt une Première ministre. Theresa May deviendra ce mercredi 13 juillet la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni après la décision surprise lundi 11 juillet de sa concurrente Andrea Leadsom de se retirer de la course.
« Nous aurons un nouveau ministre dans ce bâtiment derrière moi mercredi soir », a déclaré lundi le chef du gouvernement David Cameron devant le 10 Downing Street, ajoutant qu'il présenterait sa démission à la reine Elizabeth II mercredi après les questions au Parlement, et qu'il recommanderait Mme May comme son successeur.
Andrea Leadsom, pro-Brexit, a jeté l'éponge lors d'une brève allocution devant la presse à Londres, seulement quatre jours après avoir été sélectionnée par les députés pour concourir aux fonctions de leader du parti conservateur et de Premier ministre.
Reconnaissant que Theresa May avait recueilli davantage de soutien de la part des parlementaires tories, Andrea Leadsom s'est rangée derrière elle.
« Elle est idéalement placée pour mettre en oeuvre le Brexit de la meilleure manière possible pour les Britanniques et elle a promis qu'elle le ferait », a déclaré la secrétaire d'Etat.
Les deux femmes auraient dû être départagées cet été par un vote des 150.000 adhérents du parti pour une annonce du résultat le 9 septembre. Le retrait d’Andrea Leadsom a donc contribué à nettement accélérer le processus, après l'annonce de sa démission par David Cameron le 24 juin, peu après le résultat du référendum sur l'UE.
Theresa May, une eurosceptique passée dans le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire, a affirmé lundi qu'elle respecterait la victoire des pro-Brexit, laissant peu d'espoirs à ceux au Royaume-Uni qui réclament une deuxième consultation sur l'UE.
« Je ne saurais être plus claire: il n'y aura pas de tentative pour rester au sein de l'UE », a-t-elle affirmé lundi matin à Birmingham (centre de l'Angleterre).
« Brexit signifie Brexit » et « nous en ferons un succès », a insisté celle qui deviendra la deuxième femme à prendre les rênes du gouvernement après Margaret Thatcher (de 1979 à 1990).
« Plus tôt nous résoudrons cette situation compliquée, pour le dire de manière diplomatique, le mieux ce sera », lui a répondu depuis Bruxelles le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem.
Dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel s'était montrée convaincue que le Royaume-Uni allait activer l'article 50 du Traité de Lisbonne pour officialiser sa décision de sortir de l'UE.
« La décision est de mon point de vue tombée quand les Britanniques ont dit en majorité qu'ils souhaitaient sortir de l'UE », a-t-elle souligné.
Avec l'intronisation annoncée de Theresa May, les autres partis britanniques ont appelé à l'organisation rapide de nouvelles élections législatives.
« Il est crucial, en regard de l'instabilité provoquée par le vote pour le Brexit, que ce pays ait un Premier ministre démocratiquement élu », a ainsi déclaré le coordinateur travailliste pour les élections, Jon Trickett.
Pendant ce temps, la guerre des chefs se poursuivait chez les travaillistes, après que la députée Angela Eagle eut annoncé sa candidature pour contester le leadership de Jeremy Corbyn.
Cette candidature ouvre la voie à de nouvelles élections pour désigner le chef du parti, dont les divisions ont été exacerbées par la victoire du Brexit.
Triomphalement élu en septembre à la tête du Labour grâce au vote des militants, M. Corbyn n'a jamais réussi à s'imposer auprès d'une grande partie des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche, et incapable de remporter des élections législatives.
Les critiques ont redoublé ces deux dernières semaines, avec une motion de défiance des députés travaillistes et la démission des deux tiers de son cabinet fantôme.
Le comité exécutif du parti doit se réunir mardi pour décider s'il doit recueillir le soutien de 50 députés pour concourir, ou s'il est automatiquement candidat.
Soulignant que le pays traversait une « période dangereuse », Angela Eagle a estimé lundi en lançant sa campagne que M. Corbyn n'était « pas capable de fournir le leadership » nécessaire.
« Il serait contraire à la justice et à l'équité que le leader en poste ne soit pas dans le scrutin », a répondu Diane Abbott, une proche de M. Corbyn, lundi matin sur la BBC.
Sur le front économique, le ministre des Finances George Osborne devait se rendre lundi à New York pour convaincre de la volonté de son pays de maintenir un climat favorable aux affaires, malgré le Brexit, avant d'aller réitérer le message en Chine et à Singapour.
Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, il a réitéré son souhait de diminuer l'impôt sur les sociétés au Royaume-Uni d'environ 20% actuellement à 15%, voire moins, malgré les critiques de plusieurs pays européens qui y voient une forme de dumping fiscal.
Avec l'AFP
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