Interview

Roland Ratsiraka, ministre du Tourisme malgache : «Il faut réduire les prix des billets d’avion»

De passage à Maurice pour la conférence sur la route de la soie, le ministre du Tourisme malgache répondait aux questions des journalistes sur le tourisme régional et le manque de collaboration entre les îles de l’océan Indien.

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Vous êtes ici pour la conférence sur la route de la soie. Dans quel but ?
Cette route de la soie, qui démarre de la Chine, passe par l’océan Indien avant d’aller en Europe. Nous voulons faire en sorte que l’océan Indien soit un lien entre l’Afrique et l’Asie. Nous disposons d’atouts complémentaires. Nous devons réfléchir ensemble sur les axes prioritaires.

La connexion entre les îles est un problème. Comment le résoudre ?
Il faut renforcer les relations entre les îles de l’océan Indien. D’où la création du concept Îles Vanille qui nous permet d’être un pôle d’attraction touristique. Il faut aussi se comprendre, plus voyager entre les îles. Les vols Madagascar-Maurice sont toujours pleins, mais pas assez fréquents. Certains jours de la semaine, il n’y a pas d’avion. Il faut réduire les prix des billets qui restent très chers. Pour aller en Thaïlande, il faut débourser près de 400 euros. Or, pour aller à Madagascar, il faut 300 euros. C’est un gros problème là! Les ministres de l’océan Indien doivent prendre des mesures concrètes.

Madagascar est-elle favorable à une compagnie aérienne régionale ?
Nous avons un problème avec notre compagnie nationale. Elle doit se trouver un partenaire stratégique. Air Mauritius figure parmi les candidats. Je pense qu’il y a la place, c’est juste une question de prix. Il faut s’entendre : cette compagnie appartient aux Mauriciens, aux Réunionnais, aux Malgaches... On y trouvera tous notre intérêt. Pour l’instant, on n’en parle pas trop, car les intérêts divergent.

Air Mauritius songe à une filiale pour une compagnie régionale. Cela menace-t-il un éventuel projet commun ?
Nous avons beaucoup de concurrence. Notre stratégie doit englober les nouvelles donnes pour ne pas mettre nos transporteurs nationaux en faillite. Air Mauritius ne doit pas réfléchir toute seule, ni Air Austral ni Air Madagascar. C’est une erreur fondamentale de faire sa cuisine à part.

Maurice fait la promotion d’un couloir aérien entre l’Asie et l’Afrique. Votre avis ?
C’est bien, mais n’oublions pas qu’une ligne malaisienne va aussi sur Maurice. C’est du low cost. Ne viendra-t-elle pas concurrencer cette nouvelle ligne?

Madagascar vient d’accueillir le sommet de la Francophonie et a réintégré le Comesa. La Grande île reprend-elle sa place au sein de la communauté internationale ?
Il n’y a aucun doute. Nous avons reçu 80 délégations étrangères. Nous avons montré qu’on était capable d’organiser le sommet sur le plan technique et que Madagascar avait des ambitions. La conférence des bailleurs de fonds s’est tenue : nous avons obtenu USD 6 milliards de ces bailleurs de fonds, et pour USD 3 milliards d’investissement privé. Une révolution est en train de s’opérer à Madagascar.

Comment se passe la collaboration avec Maurice ?
Tous les grands groupes mauriciens ont un pied à terre chez nous. Les entreprises mauriciennes ont créé facilement entre 10 000 et 20 000 emplois.

On évoquait dans le passé Madagascar comme le grenier de l’océan Indien. Or, on ne voit pas beaucoup de produits malgaches...
Je dois en discuter avec les autorités mauriciennes. Pourquoi Maurice importe des produits de très loin ? Pourquoi ne pas acheter des produits chez nous, biologiques, naturels, qui ont une meilleure saveur ? C’est un frein que je ne comprends pas. Madagascar, le grenier de l’océan Indien : cela reste dans les discours.

 

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