Robert Hungley est un homme de convictions et d’action. Sa vie, façonnée par des valeurs d’humilité, de solidarité et de travail, témoigne de son engagement sans ostentation envers une société plus juste.
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Il n’a jamais cherché à se placer sous le feu des projecteurs, ni à se définir par des distinctions. À 67 ans, Robert Hungley, le vice-président de la République, est de ceux qui ont compris que la grandeur d’un homme ne se mesure pas aux titres, mais à sa façon d’être.
Un peu moins d’un mois après sa prise de fonction, c’est dans la simplicité de son bureau de la rue Farquhar, à Quatre-Bornes, qu’il nous a reçus. Vêtu d’un sobre costume deux-pièces, la moustache et la barbichette soigneusement taillées, Robert Hungley nous accueille avec cordialité. Sa personnalité, façonnée au fil des années par les luttes et les épreuves, se reflète dans chaque détail de son environnement : tout est à sa place, sans ostentation, sans artifice, mais avec une grande dignité.
Marié à Marie-Noëlle et père de deux fils, Robert Hungley reste simple malgré ses responsabilités. Il n’est pas homme à s’imposer par la force, mais plutôt par la force de sa simplicité, la constance de ses convictions, et la sincérité de ses actions. Son histoire est marquée par les valeurs qui ont forgé sa vie et son engagement : le respect, la solidarité, le travail acharné.
Il est le cadet d’une famille nombreuse de huit enfants. Son enfance, qu’il qualifie de « très heureuse et sereine », s’est déroulée dans une maison située rue Maurice L’Hoste à Rose-Hill, non loin du collège St. Andrews. « Nous étions une famille chaleureuse. Ma mère, Rolande, nous a inculqué des valeurs fortes, notamment le respect du voisinage et l’entraide », raconte-t-il avec émotion.
À l’âge de 16 ans, il perd son père Roger, un « tally clerk » travaillant au port. Cela marquera un tournant dans sa vie. « Ma mère s’est battue pour que nous ayons tout ce dont nous avions besoin. Elle était un modèle d’altruisme, recueillant même un enfant abandonné qui, plus tard, est devenu un artiste remarquable. » Rolande Hungley reste une source d’inspiration pour son fils ; d’ailleurs, une salle communautaire à Plaisance, Rose-Hill, porte son nom. Elle est décédée il y a une dizaine d’années.
Ses souvenirs d’enfance incluent des parties de football à Plaisance et des excursions de pêche au réservoir de La Ferme, à La Chaumière. « Ces moments simples m’ont appris la valeur des petites choses de la vie », confie-t-il avec nostalgie.
Je n’ai jamais rêvé de cette fonction. Elle m’a été offerte, et je l’ai acceptée avec humilité.»
Il a dû quitter l’école à l’âge de 16 ans, mais cela ne l’a pas empêché de s’élever grâce à son travail acharné dans le domaine du fret et de la logistique. Son engagement dans la politique remonte à son adolescence, influencé par les luttes sociales menées par le Mouvement militant mauricien (MMM) et Paul Bérenger, à travers son père, et les grèves historiques de 1975. Il remporte sa première victoire électorale en 1995, lors des élections municipales de Beau-Bassin/Rose-Hill. « Cela a été un moment décisif. J’ai été élu en tête de liste, et c’est là que tout a commencé », explique-t-il.
Devenu maire des villes-sœurs en 2004 et 2005, il a mené des projets visant à améliorer la qualité de vie des habitants.
Malgré les défaites aux élections générales de 2010 et 2019, Robert Hungley n’a jamais perdu sa détermination. « La défaite ne m’a jamais découragé. J’ai continué à travailler pour le parti en tant que membre actif, à la fois au bureau politique et au comité central », souligne-t-il.
Lorsque l’opportunité de devenir vice-président de la République s’est présentée, Robert Hungley l’a acceptée avec modestie. « Je n’ai jamais rêvé de cette fonction », confie-t-il. « Elle m’a été offerte, et je l’ai acceptée avec humilité. »
Il se décrit comme « un homme d’action, guidé par la certitude d’une île Maurice meilleure ». « Je n’ai jamais été motivé par la recherche de récompenses personnelles », insiste-t-il. Sa fonction, il la perçoit comme une nouvelle étape dans son engagement : servir son pays et œuvrer pour une société plus juste et solidaire.
« Je ne me suis pas encore habitué au protocole, mais ça viendra. Je tiens à rester accessible et à faire de la modestie ma vertu », explique-t-il. Son quotidien est d’ailleurs régi par une discipline de fer : réveil à 6 heures, séance de footing matinale, puis travail au bureau jusqu’à l’après-midi. « Mon emploi du temps est chargé, mais je prends toujours le temps d’écouter les citoyens et de rester connecté à leurs besoins. »
Parmi les causes qui lui tiennent à cœur, la lutte contre les addictions occupe une place prépondérante. « Les toxicomanes doivent être perçus comme des patients et non comme des criminels. Il est impératif d’adopter une approche humaine pour les aider à se réinsérer dans la société », affirme-t-il.
Robert Hungley se montre aussi très concerné par la liberté d’expression. « La société mauricienne a traversé une période de stress. Les gens se sentaient étouffés, leur liberté menacée. Il est temps de redonner confiance au peuple et de restaurer un dialogue constructif. Nous devons offrir à nos jeunes un avenir où la tentation de la drogue ne sera plus une échappatoire », poursuit-il.
Il appelle à une mobilisation générale autour de la réhabilitation et du soutien aux personnes touchées, mais aussi à une politique de prévention plus forte. « Ce combat contre la drogue ne se fait pas seulement à l’échelle des institutions, mais dans chaque foyer, dans chaque école, dans chaque quartier. Il faut une prise de conscience collective », plaide-t-il.
Son message de début d’année aux Mauriciens ? 2025 doit être l’année d’une île Maurice plus propre, plus responsable, et débarrassée des maux sociaux, à commencer par l’épidémie de drogue qui frappe une grande partie de la jeunesse.
« Pour 2025, nous voulons une île Maurice plus propre », soutient-il. « La propreté n’est pas seulement celle des rues ou des plages », explique-t-il. « C’est une question de respect pour les autres, mais aussi pour soi-même. Elle traduit une société qui prend soin de ce qu’elle possède, qui préserve ce qui est précieux pour les générations futures. »
Pour le vice-président, 2025 doit être l’année où la société mauricienne prend véritablement ses responsabilités. « Nous avons trop longtemps fermé les yeux sur certaines réalités sociales. Il est temps de regarder les choses en face, d’agir avec courage et de mettre en place des politiques qui protègent notre jeunesse et notre société. »
Ce message, loin d’être un simple vœu pieux, résonne comme un appel à la mobilisation citoyenne. « Il nous revient, à nous tous, de construire une île Maurice plus propre, plus responsable et libérée des fléaux qui entravent notre développement. » Un défi ambitieux, certes, mais qu’il estime à la portée de tous les Mauriciens, à condition de se rassembler autour de valeurs communes et de s’engager pleinement dans la transformation de la société.
Fier de ses racines
Son métissage, son héritage culturel, est pour lui une fierté. « Mo disan melanze », dit-il, affirmant son amour et son respect pour les diverses origines qui font de lui l’homme qu’il est. « Ce mélange est un symbole de l’unité que nous devons tous chercher à construire à Maurice. »
Amateur de sport, en particulier de football, et passionné de discussions philosophiques, Robert Hungley reste attaché à la cuisine mauricienne. « J’adore un bon rougail ou des grains secs, mais je fais attention à ma ligne », plaisante-t-il.
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