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Rétrocession des Chagos : l’opposition britannique insiste sur l’accord préalable de Trump

Luke Pollard, ministre britannique de la Défense, soutient que « l’accord bénéficie d’un solide soutien de la part de l’administration américaine ».

Les Chagos continuent de diviser la classe politique britannique alors que le gouvernement du Royaume-Uni cherche à conclure un accord de rétrocession avec Maurice avant l’investiture de Donald Trump. L’opposition britannique soulève des préoccupations sur la précipitation du processus. Entre scepticisme britannique et demandes de révision à Port-Louis, l’avenir de la souveraineté des Chagos reste incertain. 

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La question de la souveraineté des îles Chagos continue d’agiter les débats au Royaume-Uni alors que le gouvernement britannique cherche à conclure rapidement l’accord de rétrocession avec Maurice.

Cependant, l’opposition conservatrice et certains alliés de Donald Trump expriment des réserves sur les implications géopolitiques de cet accord mais aussi et surtout sur la précipitation du calendrier, notamment avant l’entrée en fonction du président américain élu, Donald Trump. 

Le lundi 2 décembre 2024, James Cartlidge, le « shadow » secrétaire à la Défense britannique, a fait part de ses préoccupations au gouvernement britannique, lors d’une séance parlementaire à la House of Commons, sur ce qu’il perçoit comme une précipitation. « Peut-on vraiment considérer qu’il est sage d’accélérer la conclusion de cet accord avant l’investiture de Donald Trump ? Cela ne montre-t-il pas un manque de respect envers la nouvelle administration américaine et le mandat démocratique du Président américain ? », a-t-il demandé. L’investiture officielle de Donald Trump est prévue le 20 janvier 2025.

L’accord en discussion prévoit le transfert de la souveraineté des îles Chagos à Maurice, tout en maintenant un contrôle conjoint américano-britannique sur la base militaire de Diego Garcia pour une durée initiale de 99 ans, renouvelable pour encore 99 ans. Cette base est un site stratégique essentiel pour les intérêts de sécurité occidentaux dans la région. En contrepartie, Maurice percevra un loyer annuel indexé. 

De son côté, Navin Ramgoolam a demandé une révision indépendante du projet d’accord confidentiel, car les termes qu’il contient suscitent des inquiétudes à Port-Louis. Vendredi dernier, à l’Assemblée nationale mauricienne, le nouveau Premier ministre a déclaré qu’il avait demandé un « independent review » de l’ébauche d’accord confidentiel sur la rétrocession de l’archipel des Chagos à Maurice par le Royaume-Uni.
Dans un communiqué conjoint le 3 octobre dernier, « veille de la dissolution du Parlement », a précisé Navin Ramgoolam, un accord politique conjoint avait été annoncé sur l’exercice de souveraineté concernant l’archipel des Chagos. Révision qui faisait suite à treize cycles de discussions.

Lundi, au Parlement, le gouvernement britannique a défendu l’accord. Luke Pollard, ministre de la Défense, a affirmé que « l’accord bénéficie d’un solide soutien de la part de l’administration américaine actuelle, après un processus rigoureux d’examen par tous les départements concernés ». Il a ajouté que le texte garantit « l’avenir à long terme de la base militaire conjointe ».

Mais certains sceptiques, à commencer par le leader de Reform UK et allié de Donald Trump, Nigel Farage, mettent en doute la durabilité de l’accord. « C’est un mauvais accord pour le Royaume-Uni, pour l’Amérique et encore pire pour les Chagossiens », a-t-il déclaré. Selon Nigel Farage, l’équipe de transition de Donald Trump serait « consternée » par cet arrangement.

L’ancien président américain a déjà été sollicité sur des questions de souveraineté territoriale impliquant les États-Unis et ses positions protectionnistes laissent entendre une potentielle révision des termes une fois qu’il sera en fonction. Certains parlementaires conservateurs britanniques, dont Sir Bernard Jenkin, ont ainsi plaidé pour un report de la ratification. « Pourquoi une telle précipitation ? Nous devrions débattre de cet accord en public avant toute signature officielle », a-t-il insisté. 

La base de Diego Garcia, en activité depuis les années 1970, joue un rôle central dans les opérations militaires américaines en Asie et au Moyen-Orient. Sa gestion conjointe par Londres et Washington est un pilier des relations bilatérales entre les deux pays. L’avenir de cet accord sera donc scruté de près par les deux capitales, mais aussi par Maurice, qui espère retrouver sa souveraineté tout en assurant une reconnaissance des droits des Chagossiens.

 

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