- Vu sur Tripadvisor: « Des escrocs à éviter absolument »
Ludmilla a, dans sa déposition du 7 janvier 2022, fait mention de « Résidence La Plage », une auberge à Flic-en-Flac où opèrerait le réseau de prostitution de luxe dirigé par Thierry Petermann.
Pour avoir le cœur net, nous sommes allés vérifier auprès du Registrar of Companies. « Résidence La Plage » a été incorporée le 6 avril 2016. Sise au 190 Morcellement De Chazal, à Flic-en-Flac, elle opère sous le ‘Business Name’ Sparkle View et la nature de ses opérations : Guest House. Ses actions sont « limited » et le seul actionnaire est le directeur Thierry Mathieu Christophe Petermann, qui détient une centaine d’actions ordinaires. La dernière déclaration d’impôt remonte à l’année financière se terminant à juin 2021, démontrant un déficit de Rs 100 092, pour un chiffre d’affaires de Rs 1 181 266.
Si le directeur de la compagnie est recherché par la police, toujours est-il qu’une compagnie, au sein de laquelle il détient toutes les actions est toujours opérationnelle et accueille des résidents.
Mauvaise pub
Cependant, nous avons aussi fait quelques recherches sur le Net et sommes tombés sur plusieurs commentaires de touristes ayant séjourné dans cette auberge. Ils déplorent la « vétusté » du lieu, le mobilier « bancal » ou encore les salles de bains « immondes ». Ils décrient aussi le service déplorable et disent avoir été accueillis par la femme de ménage, le propriétaire étant absent. Jean Marc, un Belge, a, en juillet 2022, écrit que la résidence était « totalement délabrée » et que ce sont « des escrocs à éviter absolument ». Une plaintes a même été consignée auprès de la Tourism Authority.
Pour les enquêteurs, un intermédiaire ferait le va-et-vient entre Dubaï et Maurice pour remettre l’argent des opérations de l’auberge, entre autres, à Thierry Petermann.
Achats et emprunts
Le Franco-Mauricien a fait l’acquisition de plusieurs voitures d’un montant de Rs 6 567 000 :
Trois Mercedes Benz, immatriculées en 2016, 2018 et 2020. Ces voitures ont été achetées à crédit après des emprunts de Rs 1 750 000, Rs 2 125 000 et Rs 2 082 000.
- Une moto de la marque Kyno.
- Une Mercedes Benz, année 2005, achetée à Rs 290 000.
- Une Suzuki, année 1996 achetée à Rs 160 000.
- Une Nissan March année 2003 achetée au prix de Rs 160 000.
- A contracté un emprunt de Rs 200 000 auprès de la DBM comme bond de sûreté pour la propriété Résidence La Plage.
La belle vie à Dubaï
Il est recherché par les autorités mauriciennes et étrangères, mais ne semble pas en faire grand cas. Cette vidéo sur les réseaux sociaux montre que Thierry Mathieu Christophe Petermann circule librement dans les rues de Dubaï. À ses côtés, un de ses amis les filmant dans un véhicule. Il revient qu’en août 2022, soit sept mois après avoir quitté Maurice, il aurait mis en vente une Mercedes modèle AMG GTS, immatriculée en 2016. L’annonce avait été postée sur Facebook dans le site Dubai Classifieds (Buy and Sell).
Me Rutnah : « La police devra prendre ses responsabilités »
Sollicité pour une réaction, Me Ravi Rutnah, détenteur d’un Diploma in International Human Rights, explique qu’il y a « une faille dans le système ». Selon lui, la police devra assumer ses responsabilités. « Pour un simple délit, avant même que la police ne se mette à la recherche d’un suspect, une Interdiction to Departure est soumise à l’Immigration pour empêcher que l’individu ne quitte le territoire mauricien. Dans cette affaire, il y a une allégation de traite d’êtres humains. Ce qui est très grave. Aussi, l’individu pointé du doigt détient la double nationalité (française et mauricienne). La police aurait tout de suite dû lancer une Red Notice à Interpol et obtenir un ordre d’interdiction de voyager en attendant de mettre la main au collet du suspect », dit Me Rutnah.
D’ajouter : « C’est clair que l’autorité concernée a échoué dans cette enquête, mais il n’est pas trop tard. Par le biais d’Interpol International, si la personne est à Dubaï, l’autorité peut demander son extradition pour répondre à cette charge provisoire de ‘Human Trafficking’. La police devra prendre ses responsabilités. ».
Selon l’avocat, avant même que l’affaire Franklin ne soit sous les feux des projecteurs, il avait « tiré la sonnette d’alarme sur les ondes de Radio Plus. J’avais dit que la vraie mafia opérait sur le littoral Ouest : traite d’êtres humains, blanchiment d’argent, prostitution et trafic de drogue. Kouma dire apre lamor latizann. Aster ki lotorite inn trouv sa e pe azir ».
Il explique aussi si la personne en question (Petermann) opère un business à Maurice et que durant son absence, ses opérations se poursuivent, « il y a anguille sous roche ». Me Rutnah dira : « J’ai compris que c’est un fugitif. Il continue cependant à encaisser l’argent qui provient de sa compagnie. Cet argent est transféré à l’étranger. C’est d’autant plus grave s’il se sert de prête-noms ou si quelqu’un s’occupe de ses transactions. Je pense que l’Icac devrait intervenir pour voir s’il n’y a aucune transaction louche ou un cas de blanchiment d’argent. Li danzere sa bann pretnon ka lamafia servi. Sel fason pou kass lerin lamafia, se rod zot bann pretnon », dira Me Rutnah.
Lettre à l’Icac le 14 février 2023
Nous avons appris qu’une lettre a été adressée au directeur de la Commission anticorruption, en date du 14 février 2023. Les noms de Thierry Petermann et d’autres hommes d’affaires y sont cités comme des prête-noms. L’expéditeur demande aux enquêteurs de d’approfondir leurs investigations pour savoir comment ces individus cités se sont enrichis aussi rapidement et disposer de biens immobiliers. Selon l’auteur, ces hommes d’affaires qui seraient à Dubaï en compagnie de Thierry Petermann continuent de blanchir leur argent. Il parle aussi d’un possible rapport avec les Franklin.
Du côté de l’Icac, on indique avoir pris connaissance de la lettre et qu'une enquête sera initiée.
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