Le monde du travail est en ébullition, avec des litiges dans trois secteurs : le port, l’aéroport et l’industrie sucrière. Au cœur de ceux-ci, ce sont les conditions de travail et la rémunération qui opposent le patronat aux syndicats. Des actions syndicales sont envisagées.
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Le port : des inégalités salariales décriées
Au niveau du port, la situation est tendue en ce moment. La Mauritius Ports Authority MAOSOU fait pression pour que le salaire des employés de l’organisme soit revu. Selon le négociateur, Ashok Subron, un rapport a été publié sur la révision salariale à la MPA. Au total, près de 500 employés sont concernés. Or, des disparités et des inégalités ont été notées.
« Ceux au bas de l’échelle touchent une petite augmentation, alors que ceux en haut en auront une grosse. Il y a une grande disparité. Je ne comprends pas comment un comité salarial a pu proposer une telle chose », déplore le syndicaliste.
Ainsi, les employés de la MPA sont passés au stade de vote démocratique. Sur les 301 votants qui se sont exprimés, 295 personnes ont voté contre l’application de ce rapport. « Plus de 50 % des employés ont voté et 97 % ne sont pas d’accord avec cette révision salariale », souligne notre interlocuteur.
1 250 employés concernés
Parallèlement, un ‘collective bargaining’ devait avoir lieu. Or, selon Ashok Subron, la direction agit de façon discriminatoire. « C’est un manque de respect ne pas suivre la procédure pour les négociations. Il faut que la direction arrête d’agir de façon discriminatoire en prenant en compte l’appartenance syndicale des employés », lance le négociateur. .
La rédaction a contacté le président de la MPA, Ashit Gungah, pour un commentaire. Cependant, nos tentatives ont été vaines.
Du côté de la Cargo Handling corporation (CHC), les choses ne sont pas au beau fixe, non plus, entre le patronat et le syndicat. Un ultimatum a été lancé à la direction pour que prennent fin les discussions pour la signature du ‘collective agreement’. Au cas contraire, une grève n’est pas à écarter.
Les principaux griefs de la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA) qui représente des employés de la CHC, sont la révision des conditions de travail et des salaires. Il est question de l’attribution spécifique des tâches pour les divers postes et la confirmation des anciens. Au total, 1 250 employés sont concernés.
Gérard Bertrand, négociateur de la PLMEA, explique que les négociations sont en cours. « Nous avons deux réunions prévues jeudi et vendredi prochain. On souhaite que le collective agreement, qui date de 2016 et qui est arrivé à échéance, soit renouvelé au plus vite. Nous avons donné jusqu’à fin octobre à la direction de la CHC pour la signature de l’accord pour que le délai de 90 jours de négociation soit respecté », déclare notre interlocuteur.
Le négociateur espère que la direction respectera le délai. « Si nous sentons que nos droits sont lésés et que les négociations n’aboutissent pas, nous adresserons nos doléances à la commission conciliation et médiation. Nous n’allons pas faire de cadeau. Nous allons entamer les procédures pour un strike ballot. »
Contacté, Presley Paul, directeur exécutif de la CHC, affirme que des rencontres sont à l’agenda toutes les semaines. « Nous négocions », dit-il.
À l’aéroport : un arrêt de travail envisagé
À l’aéroport, les turbulences se font sentir. L’avenir de quelque 800 employés d’Airmate est en suspens. Le mardi 20 septembre, une rencontre a eu lieu au ministère du Travail en présence du syndicat et des représentants du patronat.
« La réunion n’a pas abouti à grand-chose. L’engagement d’organiser une rencontre avec le management d’ici vendredi a été pris. On espère que cela va mener à quelque chose », indique Jane Ragoo. La Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) défend les intérêts des employés d’Airmate.
La syndicaliste indique que les employés d’Airmate devront être redéployés dans quatorze subsidiaires d’Airport Holdings Ltd. « Il parait que les employés auront leur contrat dans deux semaines. Sauf que le syndicat n’est au courant de rien. L’avenir de ces employés est en suspens. On demande une rencontre pour discuter de l’avenir de ces salariés », avance Jane Ragoo.
Pour elle, s’il n’y a rien de concret, un arrêt de travail n’est pas à écarter. « Nous réservons notre droit sous la section 12 (a) de l’Occupational Safety and Health Act de procéder à un arrêt de travail, parce que le bien-être des employés est affecté par cette situation d’incertitude et d’opacité. »
La direction d’Airport Holdings Ltd se veut rassurante. « Effectivement, ces employés seront transférés dans diverses entités. Airmate devra se recentrer sur sa tâche première, soit de call centre/BPO. On travaille dessus depuis pas mal de temps. On est désormais dans la phase de communication et d’explications avec le syndicat et les employés », précise une source proche du dossier.
Le mardi 20 septembre, une autre réunion était prévue au ministère du Travail. Elle concernait le sort des ingénieurs d’Air Mauritius. Reaz Chuttoo de la CTSP est satisfait du déroulement de la réunion.
« Le paiement des allocations à une centaine d’ingénieurs avait été suspendu unilatéralement. On a négocié pour que le paiement soit effectué de nouveau. Le ministère a tranché en notre faveur et a réclamé que les allocations soient incluses dans le boni de fin d’année », ajoute ce dernier.
Il a aussi été question du paiement d’overtime les dimanches. « Selon la loi, le dimanche est un jour férié. Il faut donc payer un overtime. Les représentants du patronat relayeront cette information à la direction. Ils vont nous donner une réponse le 3 octobre », souligne Reaz Chuttoo.
Industrie sucrière : Les accords pas renouvelés depuis 2017
Les conditions de travail de 4 500 travailleurs de l’industrie sucrière sont suspendues aux négociations sur les accords collectifs qui n’ont pas été renouvelés depuis 2017 par les dix-huit compagnies sucrières de l’île.
Avec la reprise des négociations, le Joint Negociating Panel (JNP) a déclaré litige devant la commission conciliation et médiation contre trois groupes sucriers. D’ailleurs, le syndicat ne compte pas faire marche arrière si un terrain d’entente n’est pas trouvé sur une augmentation salariale de 15 %. De plus, si les droits acquis des travailleurs sont modifiés, travailleurs et artisans de l’industrie entameront une grève.
Un terrain d’entente a été trouvé avec Terra et Omnicane. Des accords seront signés avec ces deux compagnies sucrières cette semaine. Les modalités sont en train d’être finalisées. Toutefois, pour Alteo, Constance/La-Gaieté et Riche-en-Eau/Beau-Vallon, les négociations semblent être dans une impasse. C’est la raison d’un litige devant la commission conciliation et médiation. Le négociateur Ashok Subron confirme que « des actions industrielles ne sont pas à écarter ».
Parmi les contentieux : l’augmentation salariale nette de 15 %, un accident scheme ainsi qu’un plan médical pour les travailleurs de cette industrie. On réclame des conditions allégées pour les femmes qui travaillent dans les champs. Nous voulons aussi que des droits acquis des travailleurs tels que la semaine de 40 heures soient maintenus.
C’est un point non négociable pour le JNP qui menace de manifester si l’accord n’est pas renouvelé dans les prochaines semaines.
« Il y a un deadlock en termes des négociations avec Alteo. L’affaire est devant la commission conciliation et médiation. Nous comparaîtrons le 22 septembre. Si le mécanisme échoue, on va user de notre droit à la grève dans les semaines à venir », avance Ashok Subron.
Adila Mohit-Saroar / Jean-Claude Dedans/Patrick Hilbert
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