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Le changement est-il freiné par les héritiers de l’ancien régime, enracinés dans les rouages du gouvernement et des institutions parapubliques ? C’est la question posée aux invités de Patrick Hilbert dans l’émission « Au cœur de l’Info » le lundi 24 février 2025 sur Radio Plus.
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Cela fait plus de 100 jours que le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir. Plusieurs grandes réformes ont certes été engagées, mais certaines peinent à aboutir. Pourquoi ? Elles seraient bloquées pour plusieurs raisons, dont l’infiltration des protégés du précédent régime dans l’appareil étatique. « L’air est plus respirable depuis les récentes élections, mais il n’y a pas eu de changement dans le système », observe le journaliste Rajen Valayden. Il évoque même l’existence d’un « État parallèle », une « force obscure » qui contrôlerait les institutions, tant publiques que parapubliques, en coulisses. Il mentionne des termes comme « state capture » ou « deep state » pour décrire ces dynamiques d’influence souterraines.
« Pas d’État parallèle »
Face à ces affirmations, Rajen Narsinghen, Junior Minister aux Affaires étrangères et ancien doyen de la Faculté de droit de l’université de Maurice, a tenu à nuancer. Pour lui, les réformes sont bel et bien en cours. Il cite notamment le plein pouvoir redonné au Directeur des poursuites publiques ainsi que les changements opérés à la Banque de Maurice.
Toutefois, il rejette l’idée d’un « État parallèle » : « Il n’y a qu’un seul État, dirigé par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, qui laissent les institutions fonctionner. » Il reconnaît néanmoins l’existence de « forces
occultes » ayant infiltré certaines institutions publiques, telles qu’évoquées par Rajen Valayden.
Pour le syndicaliste Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation, le redressement des institutions est impératif pour l’intérêt du pays. Il déplorE le fait que de nombreux Mauriciens choisissent de partir à l’étranger, faute de perspectives locales.
Toutefois, il met en garde contre une dérive : « Les gens ne peuvent pas se faire justice eux-mêmes. Et juger un gouvernement en place depuis seulement trois mois est un peu prématuré. Il a un mandat de cinq ans. »
Intervenant par téléphone durant l’émission, l’avocat et ancien magistrat Noren Seeburn dénonce les ingérences politiques dans l’administration publique. Il rappelle qu’à ses débuts, la Public Service Commission recrutait sur la base de l’expérience et des qualifications. « Mais après l’Indépendance, on a aussi vu comment les politiciens ont politisé cette institution et y ont fait entrer leurs agents politiques. Cela a pris de l’ampleur au fil des années, sans que personne considère cela comme un outrage à la Constitution », souligne-t-il.
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