La réforme du système électoral mauricien refait surface dans le débat public. Mercredi, Ashok Subron, député de la circonscription No 4 (Port-Louis/Montagne Longue) et membre de Rezistans ek Alternativ, a affirmé : « Avec un autre système, comme un mode de scrutin proportionnel, l’opposition aurait été mieux représentée », a déclaré Ashok Subron.
Fait est que la composition actuelle de l’Assemblée nationale reflète de manière inégale les suffrages exprimés. L’Alliance du Changement, au pouvoir, a remporté 60 des 62 sièges (dont deux pour Rodrigues) attribués par le système de ‘first past the post’ (FPTP), auquel s’ajoutent un député correctif pour le MSM et un autre pour le PMSD. Deux sièges de ‘best loser’ reviennent aux élus rodriguais.
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Faute de proportionnelle dans le système électoral, l’Alliance Lepep, qui a obtenu 27,818 % des voix, se retrouve donc avec seulement un seul député correctif. Linion Reform, troisième formation politique avec 5,086 % des voix, n’est pas représentée au Parlement.
Une promesse de réforme inscrite dans le programme gouvernemental
L’Alliance du Changement a promis dans son programme électoral de nommer une commission indépendante chargée de faire des recommandations pour un système qui « refléte mieux les vœux de l’électorat ».
Avec sa majorité totale au Parlement, l’Alliance du Changement pourra, si elle le souhaite et si les partis qui forment cette coalition (PTr/MMM/Nouveaux Democrates/Rezistans ek Alternativ), amender la Constitution pour insuffler une dose de proportionnelle dans le système électoral.
Depuis plus de 25 ans, le débat sur l’introduction de la proportionnelle divise les grandes formations politiques du pays. Malgré des propositions successives, aucun consensus n’a été trouvé.
Les propositions successives
La dernière tentative remonte à 2018, alors qu’il était au pouvoir, le MSM avait proposé d’introduire une dose de proportionnelle avec 12 députés supplémentaires aux 62 élus par le FPTP, ainsi que sept autres nommés selon des critères spécifiques. Le seuil d’éligibilité pour la proportionnelle aurait été fixé à 12,5 %, une proposition jugée trop élevée par le leader du MMM, Paul Bérenger.
Le MMM, qui plaidait initialement pour un seuil de 10 %, s’était montré ouvert à une réduction à 7,5 % en 2018. Les tentatives de compromis avaient cependant échoué. Jusqu’à 2024, le gouvernement MSM n’est plus revenu sur la proportionnelle et n’avait pas l’intention non plus de le faire car dans son programme électoral pour les élections du 10 novembre, le sujet n’a pas été abordé.
Les efforts pour introduire une dose de proportionnelle ne datent pas d’hier. En 2000, le MMM avait proposé 30 députés proportionnels. En 2014, un compromis entre le MMM et le PTr avait envisagé l’ajout de 20 sièges proportionnels, mais leur alliance n’avait pas remporté les élections générales tenues cette année-là.
Un enjeu de représentativité
Le système électoral actuel, inspiré du modèle britannique du FPTP, favorise les majorités fortes mais tend à marginaliser les petites formations politiques. Ce mode de scrutin amplifie les disparités entre le pourcentage des voix obtenues et le nombre de sièges attribués, ce qui alimente des frustrations dans l’opposition et parmi les partisans d’une réforme, mais réconforte le parti ou alliance qui a la majorité.
Pour les défenseurs de la proportionnelle, une réforme est essentielle pour garantir une meilleure représentativité des électeurs et renforcer la légitimité du Parlement. Mais les divergences sur le seuil d’éligibilité ou la proportion des sièges à allouer restent des obstacles majeurs.
Une impasse politique
L’absence de consensus témoigne des intérêts divergents des partis politiques. Si l’introduction d’une dose de proportionnelle permettrait d’atténuer certaines distorsions du FPTP, les grandes formations craignent de diluer leur pouvoir au profit des petits partis.
La réforme électorale continue d’être un sujet clé pour l’avenir démocratique de Maurice, entre quête de représentativité et préservation de la stabilité institutionnelle.
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