Recrutement de médecins en Arabie saoudite: un coup d’épée dans l’eau

«J’ai obtenu que 930 médecins mauriciens de toutes les communautés puissent travailler en Arabie saoudite », soutient Showkutally Soodhun, ministre du Logement et des Terres, qui a tenu à rappeler cet exploit personnel à la cérémonie officielle organisée récemment par le Hamarayne Solidarity Movement au Swami Vivekananda International Conference Centre, sauf que ce n’est pas tout à fait vrai.

Parmi les 26 champs de spécialisation, où l’Arabie saoudite manque de médecins, il se trouve qu’il n’y a qu’une poignée de docteurs mauriciens qualifiés. Pour la plupart de ces catégories, le service de santé public manque lui-même cruellement de spécialistes. L’Arabie saoudite recherche une cinquantaine de médecins spécialistes. Ces derniers doivent être en poste d’ici le 1er mai. Sauf que les recruteurs saoudiens auront bien du mal à trouver des médecins mauriciens disponibles. Les gynécologues ne sont pas en nombre suffisant dans le service public. On peine à en trouver pour être basés à Rodrigues, par exemple. Idem pour les spécialistes en néonatologie, qui sont inexistants dans le service public. Le privé n’en compte que deux. Les services de soins intensifs et les urgences ne sont pas gâtés en nombre non plus, les urgentistes étant tous postés au Service d’aide médicale urgente. En neurochirurgie, il n’y a qu’un spécialiste et il s’agit en plus d’une étrangère basée à l’hôpital du Nord. En chirurgie thoracique, c’est le même constat : un seul spécialiste pour cinq hôpitaux.

Des spécialistes surnuméraires

Qui peut espérer être employé en Arabie saoudite ? Les rhumatologues et cardiologues, qui sont en surplus, une vingtaine pour les premiers et une petite dizaine pour les seconds. Quelques anesthésistes sont également en surnombre, ainsi que quelques radiologues et oncologues. Au maximum, cela ne ferait qu’une cinquantaine de médecins, estiment des sources au ministère de la Santé. Dans le milieu médical, on craint surtout que l’Arabie saoudite cherche à recruter les médecins expérimentés, donc déjà employés dans le service de santé. Ce qui affecterait la qualité du service offert. « Nous accueillons favorablement cette décision, qui peut créer des emplois, explique le Dr Vinod Allgoo, président de la Government Medical and Dental Officers Association, syndicat des spécialistes. Mais il faut s’assurer qu’on ne puise pas parmi les médecins en poste à Maurice. »