720 cas de brutalité policière, tant à Maurice qu’à Rodrigues, ont été traités par les enquêteurs et autres membres de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) entre avril 2018 et juin 2019. L’une des recommandations que contient le rapport est que des sanctions sévères soient prises contre les policiers incriminés.
De ces 720 cas recensés, 704 concernent Maurice et 16 Rodrigues. Cinq districts, incluant Port-Louis, ont recensé les plus forts taux de brutalité policière.
L’IPCC est catégorique : outre la conscientisation, elle recommande que des sanctions sévères soient prises à l’encontre des policiers incriminés et demande au Directeur des poursuites publiques (DPP) et à la Disciplined Forces Service Commission (DFSC) de sévir une fois le rapport publié.
L’IPCC publiera, au début de l’année prochaine, le rapport annuel de l’organisme. La finalisation du document, selon des renseignements, est en cours. Le rapport abordera les analyses, les recherches approfondies, les statistiques et les observations des membres de la commission ainsi que des enquêteurs qui ont mené un travail de terrain afin d’élucider les doléances de brutalité policière formulées par des membres du public.
Les cinq districts dans lesquels les officiers ont recensé le plus fort taux de brutalité policière sont Port-Louis (151 cas), les hautes Plaines-Wilhems (139 cas), Flacq (94 cas), Pamplemousses (75 cas) et Grand-Port (73 cas). Il s’avère que les postes de police de Terre-Rouge et d’Abercrombie se retrouvent en haut du classement avec 18 et 17 cas recensés en une année. Soit entre avril 2018 et juin 2019.
Comportement agressif
Selon une enquête du Défi Quotidien, ce taux de brutalité policière serait lié au fait que les officiers (de la force policière régulière ou en civil), affectés à ces postes de police mis à l’index, seraient victimes de transferts punitifs. « Pour évacuer leur frustration, ils adoptent un comportement agressif envers les membres du public », confie un enquêteur de l’IPCC, sous le couvert de l’anonymat. Les postes de police des hautes Plaines-Wilhems sont aussi touchés dans le rapport comme étant des zones classifiées comme rouges. 18 cas de brutalité policière ont été recensés pour les policiers opérant dans la localité de Vacoas, 16 pour Curepipe et 14 pour Rose-Hill. La région de Mahébourg figure aussi dans le rapport de l’IPCC. 17 cas ont été recensés dans cette région.
DPP et DFSC
« Les statistiques démontrent que les complaintes du public envers les policiers ne cessent de croître. Lorsque nous avons écouté les témoignages des victimes, nous avons réalisé que des dossiers doivent impérativement être transférés au bureau du DPP et à celui de la DFSC pour des sanctions sévères, car il y a beaucoup de policiers qui ont abusé de leur autorité dans l’exercice de leurs fonctions », fait ressortir une sourde de l’Independent Police Complaints Commission.
Le rapport comporte non seulement des statistiques, mais également une panoplie de recommandations. Outre des sanctions sévères envers les policiers trouvés coupables d’abus, de brutalité ou encore de non-assistance à personnes en danger, l’IPCC exhorte le Commissaire de police (Ndlr : Mario Nobin) d’initier des campagnes de conscientisation, d’encadrement et de discipline au sein de chaque poste de police. La commission propose également qu’il y ait un suivi durant les campagnes initiées.
Accident de Wooton : l’IPCC out !
L’IPCC déplore le fait que ce soit le Central Criminal Investigation Department (CCID) qui enquête sur l’accident survenu à Wooton, impliquant deux policiers en uniforme ayant causé la mort du pompiste Rohit Gobin (voir autre texte à la page 8). L’accident, pour rappel, a mené à l’arrestation d’un policier de 31 ans. Il est présentement en liberté conditionnelle. Quatre autres policiers doivent également être interrogés. « Les Standing Orders de l’IPCC sont clairs. Lorsqu’un policier commet un délit pénal dans l’exercice de ses fonctions, il est du devoir de l’IPCC d’enquêter. Mais le dossier est resté entre les mains du CCID et l’IPCC n’a pas été sollicitée dans cette affaire. C’est très grave », déplore-t-on.
L’enquête policière relative à l’accident se fait. Le dossier bouclé est envoyé au DPP. Toutefois, selon l’IPCC, il y a d’autres enquêtes à mener pour déterminer s’il y a eu des manquements au niveau des enquêtes policières (par exemple pour non-assistance à personne en danger), dont le dossier doit être soumis au DPP.
L’inspecteur Shiva Coothen : «Seule l’IPCC doit décider»
L’inspecteur Shiva Coothen, qui dirige la cellule de presse de la police, fait ressortir que l’IPCC se réserve le droit de décider si des cas doivent être référés au DPP ou à la DFSC. « Seule l’IPCC doit décider du sort des policiers. Cela, sur la base de preuves concrètes. Soit les cas seront référés au DPP pour des poursuites criminelles soit au CP pour des actions disciplinaires », précise l’inspecteur Shiva Coothen.
Concernant l’enquête policière sur l’accident de Wooton, le responsable du Police Press Office (PPO) soutient que « le dossier a déjà été bouclé et envoyé au DPP ». « D’autres enquêtes seront initiées en parallèle afin de savoir s’il y a eu des manquements au niveau des enquêtes policières, comme par exemple le délit de non-assistance à personne en danger, entre autres », précise l’inspecteur Shiva Coothen.
L’IPCC sans assesseurs
L’Independent Police Complaints Commission (IPCC) est actuellement amputée de deux de ses assesseurs en la personne de l’avocat Dick Ng Sui Wa et de Phalraj Servansing depuis environ un mois et demi. Les deux avaient démissionné de leur poste afin de « donner un coup de main » à l’Alliance Morisien (MSM/ML) lors de la dernière campagne électorale. La présidente, à savoir Deviyanee Beesoondoyal, reste toujours en poste.
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