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Rajshree Thylamay : «J’espère des lois plus sévères contre la violence envers les femmes»

En ce 8 mars, date symbolique de la Journée internationale de la Femme, la présidente de l’Union des travailleurs du ministère de la Santé, Rajshree Thylamay, se dit préoccupée par la hausse des agressions perpétrées contre les femmes. 

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On célèbre ce vendredi 8 mars la Journée internationale de la femme. Que ressentez-vous ?

C’est toujours avec un sentiment de grande tristesse que j’accueille la Journée internationale de la femme. Officialisée par les Nations unies en 1975, elle est, comme on le sait, le point culminant d’un combat de longue date, remontant aussi loin que 1909, pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans une société patriarcale. 

Ce qui m’attriste, près d’un demi-siècle après la proclamation de cette journée internationale, c’est que les femmes continuent d’être victimes de diverses formes de violence dans la société. C’est un problème d’ordre mondial. Malheureusement, notre petite île n’est pas épargnée. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons été horrifiés d’apprendre qu’une femme de 81 ans a été victime d’un viol.

Quant aux cas de violence conjugale et de féminicide, ils continuent de faire la une de l’actualité malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre ce fléau. Dans cette optique, j’aurais espéré que le gouvernement renforce la législation afin d’imposer des peines plus sévères pour les actes de violence à l’encontre des femmes. De plus, il est essentiel de construire davantage de foyers d’accueil pour les femmes victimes de violence domestique et de renforcer le nombre de travailleurs sociaux disponibles pour les soutenir en ces moments de détresse.

À ce jour, à l’exception de Jane Ragoo, aucune femme n’a occupé le poste de présidente d’une confédération syndicale. Pourtant, elles ont la capacité de le faire"

Certes, ces problèmes existent, mais il faut aussi reconnaître que les femmes ont bénéficié de nombreux acquis qui ont transformé leur vies… 
Je ne dis pas le contraire. Dans notre société moderne, les femmes bénéficient de nombreux droits acquis, dont celui de travailler. Elles excellent dans de nombreux domaines, y compris ceux qui étaient autrefois exclusivement réservés aux hommes. Elles contribuent ainsi de manière significative à l’économie nationale.

Mais leur travail ne s’arrête pas là. Une fois de retour à la maison après leur journée de travail, la plupart des femmes, en particulier celles de la classe ouvrière, s’occupent des tâches ménagères et prennent soin des enfants. Bien que de plus en plus d’hommes participent aux travaux ménagers, ce n’est malheureusement pas le cas dans de nombreux foyers où ils continuent de régner en maîtres absolus.

Cette réalité est surtout vécue par les femmes au foyer, qui dépendent entièrement des revenus de leurs maris. Elles se retrouvent souvent chargées de toutes les corvées ménagères. En cette Journée internationale de la femme, je voudrais rendre hommage à ces milliers de femmes au foyer qui, sans aucune rétribution, contribuent silencieusement à faire fonctionner l’économie.

Il est possible que certains esprits conservateurs refusent cette réalité, mais ce sont bel et bien ces femmes au foyer qui lavent les uniformes sales de leurs maris et qui prennent soin des enfants, qui sont les travailleurs de demain, entre autres responsabilités. Ne serait-il pas temps de reconnaître la contribution des femmes au foyer au progrès économique du pays ? 

On ne peut pas parler de la femme sans faire référence à sa grande contribution dans le monde syndicale... 

Les femmes ont énormément contribué au combat syndical. Je pense notamment à Jane Ragoo, à Bhoopa Brizmohun et aussi à toutes ces femmes anonymes qui, malgré les contraintes, continuent de se battre pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Malheureusement, le monde syndical à Maurice est encore largement dominé par les hommes. Peu de places sont réservées aux femmes au niveau de la direction syndicale. 

À ce jour, à l’exception de Jane Ragoo, aucune femme n’a occupé le poste de présidente d’une confédération syndicale. Pourtant, elles ont la capacité de le faire. Je ne cherche pas à faire de polémique, mais je pense qu’il est temps de donner davantage de place aux femmes à la tête des fédérations et confédérations syndicales. 

Je reconnais que la vie d’un syndicaliste est exigeante, surtout pour une femme qui, en sus de ses responsabilités syndicales et professionnelles, doit s’occuper de sa famille et assumer son rôle au sein de son syndicat. Cependant, cela ne signifie pas qu’elles ne peuvent pas occuper des postes de haute responsabilité au sein des fédérations et confédérations syndicales.

Reaz Chuttoo : « Nous poursuivons notre combat pour une revalorisation des femmes au foyer »

Reaz Chuttoo, président de la Confédération des syndicats du secteur privé (CTSP), regrette que la contribution des femmes au foyer à l’économie nationale ne soit pas reconnue à sa juste valeur. « Pourtant, elles lavent les uniformes sales de leurs époux et de leurs enfants. C’est comme si elles travaillaient indirectement pour ces entreprises », fait-il ressortir. 

De plus, il met en évidence le risque de maladies professionnelles auquel sont exposées certaines femmes si elles manipulent des produits chimiques dans le cadre de leurs tâches ménagères. « Nous poursuivons notre combat pour une revalorisation des femmes au foyer », dit-il. 

Clency Bibi : « Le problème ne vient pas nécessairement de la femme mais de l’homme » 

Clency Bibi, président de la General Workers’ Federation, exprime sa fierté que les femmes occupent aujourd’hui des postes à responsabilité à divers échelons de la société. « Ce qui était encore impensable une cinquantaine d’années de cela », dit-il. 

Toutefois, il reconnaît qu’il y a encore un long chemin à faire pour atteindre une égalité parfaite entre les femmes et les hommes. « D’où mon appréciation pour le thème choisi cette année pour commémorer la Journée internationale de la femme », poursuit-il.

Il se dit également en faveur d’une plus grande représentation des femmes à des postes de responsabilité dans le monde syndical. « Certes, elles ont des difficultés à participer pleinement à des réunions syndicales à cause de leurs responsabilités familiales. D’où mon souhait pour que leurs époux soient compréhensifs en leur facilitant la tâche afin qu’elles puissent participer activement aux activités syndicales. Comme je l’ai toujours dit, le problème ne vient pas nécessairement de la femme mais de l’homme », souligne-t-il.

Les moments clés menant à la Journée internationale de la femme

1909

Sous l’impulsion des femmes socialistes américaines, la décision est prise d’organiser chaque année, le dernier dimanche de février, une journée nationale (National Women’s Day) pour célébrer l’égalité des droits civiques.

1910

Lors de la deuxième conférence des femmes socialistes à Copenhague, la journaliste et militante allemande Clara Zetkin appelle les femmes socialistes de tous les pays à organiser, chaque année, une Journée internationale des femmes. Elle est célébrée dès le 19 mars en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Suisse.

1917

Le 8 mars 1917, les femmes manifestent dans les rues de Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger du pain pour leurs enfants ainsi que le retour de leurs maris des tranchées. Cette manifestation a été un catalyseur pour des changements significatifs dans la condition des femmes. C’est en souvenir de cette première manifestation de la révolution qu’en 1921, Lénine aurait décrété le 8 mars comme Journée internationale de la femme.

1977

Après l’Année internationale des femmes en 1975, l’Organisation des Nations unies a adopté une résolution enjoignant ses États-membres de célébrer la Journée internationale de la femme.

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