Les Tic, l’éducation et le tourisme seront les moteurs de croissance dans un proche avenir, insiste Rajiv Servansingh. Il qualifie de positive la décision du gouvernement d’améliorer l’environnement des affaires.
Le ministère des Finances a enclenché les réformes pour améliorer le climat des affaires. Parmi les mesures annoncées, la réduction du nombre de permis. Comment accueille-t-on ces mesures dans le secteur privé ?
Il est toujours positif de voir que la bureaucratie diminue, surtout au niveau de l’octroi des licences et des permis. Effectivement, comparé à des pays tels que Singapour, les démarches administratives à Maurice sont souvent beaucoup plus lourdes. Cependant, il faut aussi faire ressortir que le problème économique à Maurice est largement de nature structurelle. Autrement dit, la solution à nos problèmes passe par une remise en question et une réorientation de nos choix économiques. Tout en accueillant positivement l’amélioration de l’environnement des affaires, il est clair que ceci est largement insuffisant dans le contexte actuel. Certes, les mesures annoncées dans l’Economic Statement ont défini un cadre, mais il reste à identifier des mesures concrètes. Cela n’a pas été fait jusqu’ici.
Le FMI a revu ses prévisions de croissance pour Maurice à la baisse, soit à 3,2 % alors que Statistics Mauritius et MCB Focus tablent sur un taux de 3,6 %. La performance économique de Maurice sera-t-elle meilleure cette année par rapport à l’an dernier ?
Il est évident que l’environnement des affaires à Maurice a été plombé cette année par les affaires liées à la BAI et les conséquences politiques des dernières élections. Le climat n’était pas favorable à l’investissement parce que le gouvernement n’avait pas encore, au début de l’année, déployé une vision claire et cohérente de sa politique économique. L’Economic Statement pourrait à l’avenir aider à y voir plus clair, mais pour l’année financière en cours, il sera difficile de dépasser les 3,5 % de croissance économique.
Selon les données de Statistics Maurice, les PME recrutent toujours. Dans le même temps, il y a stagnation en termes de création d’emploi dans les grosses entreprises. À quoi peut-on attribuer cet état des choses et quelles sont les solutions pour renverser la vapeur ?
Quand on parle de grosses entreprises, on fait surtout référence aux industries comme le sucre, la construction, la zone franche manufacturière et le tourisme. Or, ce sont-là les quatre piliers de l’ancienne économie qui font face à des difficultés liées à la transition économique. Les PME, par contre, sont celles qui se trouvent dans les secteurs les plus dynamiques des services tels que les Tic, l’éducation et le tourisme orienté vers de nouveaux marchés. Il est évident que ce sont ces secteurs qui sont les plus porteurs du développement économique futur de Maurice. Il est donc impératif de développer une politique de développement des services. Ce qui inclut les services à l’exportation vis-à-vis des pays de la région, principalement les États africains.
Le gouvernement mise sur de nouveaux piliers tels que l’économie océanique, le bunkering, les ‘Smart Cities’, pour que le pays puisse atteindre un nouveau palier de son développement. Est-ce la bonne formule ?
On parle surtout de ‘Smart Cities’. C’est un projet qui se situe dans le moyen terme et qui prendra du temps à se réaliser. Le secteur de la construction est, aujourd’hui, dans un cycle d’activités réduites. Il est souhaitable que ces projets de futurs ‘Smart Cities’ se mettent en place afin de pouvoir relancer cette industrie.
Pour certains observateurs, le développement du port peut tirer notre économie vers le haut en attendant que les nouveaux piliers soient mis en place. Vos commentaires ?
Encore une fois, le port a été un des secteurs qui s’est constamment développé pendant ces 20 dernières années, indépendamment des gouvernements qui ont été au pouvoir. Il faut reconnaître que le secteur portuaire a eu la chance d’avoir des gestionnaires qui ont su prendre les mesures nécessaires pour assurer que le port maintienne un niveau d’activité intéressant pour le pays. Le port promet d’être un secteur d’avenir et pourrait créer un nombre important d’emplois.
Il est question, ces jours-ci, d’un éventuel partenariat entre Dubaï Ports World et le port mauricien. Ce partenariat, vivement contesté par les syndicats, est-il nécessaire pour le développement de l’économie mauricienne ?
Un partenariat stratégique dans le port serait plus que bienvenu à ce stade de notre développement. Cependant, je ne veux pas me prononcer sur le choix de tel ou tel partenaire. Ceci devrait se faire dans la plus grande transparence, car c’est un choix extrêmement critique pour l’avenir du port et de notre pays.
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