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Ragini Rungen : «L’accès à la drogue est d’une facilité effrayante»

Malgré les efforts déployés par les organisations non gouvernementales (ONG) et les autorités, le fléau de la drogue persiste à Maurice. La consommation se banalise, les drogues synthétiques font des ravages, et la réinsertion des personnes dépendantes demeure un défi de taille. 

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La consommation de drogue ne connaît ni frontières ni distinctions sociales. Un constat alarmant que partage Ragini Rungen de Lakaz A : « Il n’y a ni race, ni couleur, ni lieu épargné par la drogue. On voit des gens errer comme des zombies, et l’accès aux substances est d’une facilité effrayante. »

Ragini Rungen met également en avant le défi de la réinsertion des toxicomanes, souvent confrontés aux mêmes tentations après leur réhabilitation. « À Maurice, tout est proche. Un ancien consommateur réintégré dans son quartier retrouve rapidement la drogue et rechute. Son cerveau a été altéré, et dire non devient extrêmement difficile, » souligne-t-elle.

Elle explique que face à cette réalité, les centres de réhabilitation et de réinsertion tentent d’adapter leurs programmes. Monique Prosper, du Centre de Solidarité de Rose-Hill, abonde dans le même sens et met en avant la complexité des cas rencontrés, notamment avec les drogues synthétiques. « Nous recevons de plus en plus d’appels de parents en détresse, dont les enfants consomment des drogues synthétiques et deviennent violents. Ils ne savent plus quoi faire », explique-t-elle.

Monique Prosper insiste sur l’évolution du profil des toxicomanes, qui oblige les centres à repenser leur approche. « Nous avons des patients de plus en plus jeunes, et chaque cas est unique. Nous devons adapter la réhabilitation et la réinsertion en fonction des besoins spécifiques de chacun », affirme Monique Prosper.

Si les ONG reconnaissent les avancées en matière de réduction des risques, comme la mise à disposition de méthadone et de seringues propres, Ragini Rungen estime que les efforts restent insuffisants. « Nous avons progressé, notamment grâce au soutien de la National Social Inclusion Foundation (NSIF), mais la réhabilitation et la réinsertion demeurent le parent pauvre du système. Cela demande du temps, de l’énergie et une approche sur le long terme », souligne Ragini Rungen. 

Le chemin de la réhabilitation est parsemé d’embûches. La rechute est fréquente et, selon Ragini Rungen, plusieurs facteurs entrent en jeu : « L’argent, la disponibilité de la drogue, les problèmes familiaux… Certains passent d’un centre à un autre, cherchant une solution, mais il n’existe pas de baguette magique. Il faut du temps », se désole-t-elle. 

Monique Prosper met l’accent sur le rôle crucial des familles et de l’accompagnement. « Les parents sont souvent perdus et ne savent pas comment gérer la situation. Nous travaillons avec eux dès le début, pour leur apporter du soutien et leur donner les outils nécessaires. Mais tant que le jeune consommateur n’a pas lui-même décidé de changer, la lutte est encore plus difficile », précise l’intervenante.

 

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