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À qui profitent les crimes financiers ?

Après la crise des subprimes de 2008, les Panama Papers sonnent ces jours-ci comme un coup de tonnerre dans le monde de la finance internationale. Pourtant, les paradis fiscaux, l'évasion fiscale à grande échelle, ainsi que le blanchiment de l'argent du crime sont des pratiques courantes connues de tous. Et il est même surprenant de constater que ce sont les journalistes, et non pas les autorités gouvernementales officielles, qui ont levé le voile sur les transactions obscures du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca et le scandale mondial des Panama Papers. La question qui se pose : pourquoi ce sentiment d'impunité qui règne dans le monde de la finance ? Les banques qui avaient prêté démesurément de l'argent pour financer des projets immobiliers aux États-Unis sans même s'assurer de la solvabilité de leurs clients n'ont jamais été sanctionnées. Bien au contraire, elles ont été récompensées à hauteur de $1000 milliards puisés des fonds de l'État. Mais le naturel revenant toujours au galop, les mêmes pratiques occultes ont graduellement refait surface comme si la crise n'était qu'un lointain souvenir à être reléguée aux oubliettes. Certes, six années de cela, un des plus grands escrocs de l'histoire de la finance mondiale avait été condamné à 150 ans de prison. Une sanction somme toute exemplaire ! Mais force est de constater que des criminels financiers de la trempe de Bernard Madoff, il y en a partout, surtout là où l'avidité et l'appât du gain facile existent et prolifèrent. Si, au sein de l'UE, des pays comme l'Espagne et le Portugal ont frôlé la banqueroute dans le sillage de la crise de la dette de 2010 et que la Grèce, elle, avec un taux d'endettement de 175% du PIB doit dépendre aujourd'hui de l'assistance de la Troïka (FMI, BCE et UE) pour sa subsistance, des pays tels Andorre, Liechtenstein, Luxembourg, Suisse n'ont jamais été inquiétés même après la mise à jour des affaires telles Clearstream, Swiss Leaks et autres. À Maurice de même, ce sentiment d'impunité ne peut être négligé. À l'égard des compagnies et noms cités dans les Panama Papers, l'indifférence ambiante est plus qu'inquiétante. Soulignons, à propos, que le Premier ministre islandais a été forcé à la démission sous la pression de l'opinion publique et que même David Cameron se trouve aujourd'hui dans une situation assez embarrassante. La députée européenne Eva Joly a, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme sur « l'opacité » de notre secteur offshore tandis que l'ONG britannique, Oxfam, a, dans un communique émis le 11 avril dernier, démontré comment des sociétés africaines font passer les fonds de financement de la Banque mondiale à travers l'offshore mauricien, déguisant ainsi ces fonds en investissements étrangers directs, leur permettant ainsi de bénéficier des allègements fiscaux et autres avantages. Cela, alors que leurs pays ont désespérément besoin des impôts sur des sociétés pour investir dans des services publics et des infrastructures. C'est effectivement cette pratique tant décriée de « round-tripping » qui constitue un des obstacles majeurs dans les rouages des négociations sur le traité de non double imposition entre l'Inde et Maurice. Par ailleurs, en ce qui concerne l'empire BAI et les Ponzi Scheme , déjà en 2012, le FMI, dans un rapport, avait mis en garde nos dirigeants sur certaines pratiques obscures au sein de cette compagnie dont, entre autres, le taux d'investissement démesuré dans ses related companies. Qu'est-ce qui avait alors été effectué pour rectifier le tir ? Une PNQ avait même été posée en novembre 2013 mais le ministre des Finances, dans sa réponse, dictée ou non par le Premier ministre d'alors, avait balayé d'un revers de la main les appréhensions du leader de l'Opposition eu égard à la situation financière de la compagnie. Selon toute vraisemblance, le « lien incestueux » dont avait alors fait référence le Grand argentier s'applique aux différents acteurs de la communauté des affaires où, dans les conditions locales restreintes, tout le monde connaît tout le monde. Ainsi, la perception de complicité et de protection occulte à certains niveaux de la hiérarchie professionnelle suscite toujours des interrogations pertinentes sur la multiplicité et le fonctionnement de certains réseaux qui opéreraient à Maurice. Comme dans l'affaire MCB/NPF ou celle de la caisse noire d'Air Mauritius – affaire qui a, en outre, démontré comment des « fraudeurs à cols blancs » réussisent parfois à se tirer d'affaire par divers moyens possibles –, l'on se demande comment les institutions régulatrices de même que les auditeurs externes n'ont rien relevé de suspect. À qui donc profitent les crimes financiers ? [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15152","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-25399","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"707","alt":"170416-cari"}}]]
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