La soirée des récompenses pour la 3e édition du prix Nicolas Lambert s’est tenue, samedi soir, au Hennessy Park, à Ébène. Organisé par le Media Trust, ce concours vise à honorer les meilleurs journalistes de la presse locale. Le duo Eshan Dinally-Fernando Thomas, Ronnie Antoine et Reshmee Bheemuck, du Défi Media Group, ont raflé trois des sept prix décernés.
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Le prix Nicolas Lambert, récompensant le meilleur journaliste de l’année 2017, a été décerné à Ritvik Neerbun, de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). Il a aussi été primé dans la catégorie Égalité des genres et Production multimédia pour un reportage intitulé Pour un maillot, lequel retrace le parcours des apprentis footballeurs.
« Lorsque le reportage a été diffusé, j’ai eu de bon retours. Cela m’a beaucoup plu. Il y a des messages à faire passer et une des missions de la MBC consiste à produire des œuvres pour favoriser une conscience mauricienne. Que cela ait atteint ce jury en particulier me touche profondément. On m’avait dit que cette vidéo respirait le bonheur des enfants et, aujourd’hui, ils font mon bonheur », a déclaré Ritvik Neerbun.
Dans la catégorie Article d’investigation, c’est le tandem Eshan Dinally-Fernando Thomas qui a été primé pour son article paru dans l’hebdomadaire Le Dimanche/L’Hebdo sur le trafic de psychotropes par des pharmaciens et médecins. « C’est la consécration d’une enquête que Fernando Thomas et moi-même avons réalisé pendant un mois. Nous dédions ce prix aux médecins, pharmaciens et employés des pharmacies, qui nous ont permis de dénoncer un réseau de mafieux, impliquant des médecins et des pharmaciens. Ces personnes sont de véritables criminels, au même titre que les trafiquants de drogue, car ils nuisent à la santé d’autrui », a déclaré Eshan Dinally.
Il demande ainsi au gouvernement de revoir les lois en vigueur. « Les pharmaciens et les médecins impliqués dans le trafic de psychotropes doivent être poursuivis et sanctionnés, au même titre que les barons de la drogue, sous la Dangerous Drugs Act. » C’est la deuxième fois qu’Eshan Dinally raffle un prix Nicolas Lambert. En 2016, il avait enlevé la palme dans la catégorie Meilleur article de presse.
Quant à Fernando Thomas, il se dit ravi que cet article ait été récompensé par le Media Trust. « Je saisis l’occasion pour remercier Eshan Dinally, qui a toujours cru en moi comme journaliste d’investigation, de même qu’Ehshan Kodarbux, CEO du Défi Media Group. Un remerciement spécial également à mes formateurs du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) : Olivier Piot, Florence Al Aswad et Valérie Pailler, qui m’ont insufflé les bases du journalisme, tant au niveau de la déontologie que de l’éthique. Principes que j’ai appliqués lors de la rédaction de cette enquête », a-t-il souligné.
Le prix de Meilleur article de presse est revenu à Ronnie Antoine pour son papier intitulé Fast-food business : Rs 1,9 milliard de chiffre d’affaires pour quatre géants, paru dans l’édition du 4 novembre 2017 du Défi Quotidien. « Je suis très fier d’avoir décroché ce prix. L’objectif était de mettre en évidence le chiffre d’affaires des opérateurs de restauration rapide, ainsi que leur mode opératoire. Il était surprenant de constater que leur chiffre d’affaires s’élevait à plusieurs milliards de roupies. J’ai épluché leur compte et parcouru les études universitaires sur l’impact du fast-food sur les jeunes », a-t-il dit.
Quant à Reshmee Bheemuck, elle a été primée dans la catégorie Meilleure photo. C’est son cliché pris lors de la démolition d’une maison par les forces de l’ordre dans le cadre du projet Metro Express qui a été plébiscitée par les membres du jury. Surprise d’avoir été primé, elle se dit néanmoins contente, émue et fière de faire partie du Défi Media Group. « C’était lors de ma première sortie sur le terrain. À un certain moment, il y a eu une bousculade et j’ai fait une chute. Alors que je reprenais mes esprits, j’ai pris cette photo montrant un officier avec une masse à la main. »
Enfin, le prix dans la catégorie Meilleure production radiophonique a été octroyée à Nathalie Marie Didier, de la MBC Radio, pour l’émission Morisien konn ou la sante. « Je suis très heureuse car je n’imaginais pas, lors de la production de cette émission, qu’elle serait récompensée. Cela va me motiver à bosser encore plus dur et me rapprocher des gens en vue de connaître leur situation, les éduquer et leur apporter tout ce que je peux à mon niveau. »
Chayman Surajbali : «Le Media Trust n’est pas une instance régulatrice»
Dans son discours, le président du Media Trust a fait comprendre que le Media Trust a pour objectif de former les journalistes. « Le Media Trust n’établit pas de politique pour les médias et n’a pas l’intention de le faire aussi. » Et d’ajouter que les médias qui jouissent de la liberté d’expression doivent être gouvernés par des codes d’éthique.
Pour sa part, Barlen Vyapoory, président de la République par intérim, a fait ressortir lors de son discours que les médias devaient avoir un code d’éthique pour assurer l’équilibre entre les opinions et faire la différence entre l’information, l’opinion et l’analyse. « Un journaliste ne doit en aucun cas présenter une opinion comme une information. Le journaliste, en tant que patriote, doit se demander s’il trouvera une solution ou amplifiera le problème. »
Barlen Vyapoory a aussi demandé que les radios privées accordent plus de place à la langue de Shakespeare. « Cela aiderait les Mauriciens à améliorer leur anglais. Il y a un problème d’aisance à l’égard de cette langue. »
Gilbert Ahnee dénonce la médiocrité de certains textes publiés
Le président du jury a, lui, été très critique. Premièrement, car dans deux catégories, aucun article n’a été retenu. Gilbert Ahnee a fait comprendre qu’il y avait un faible intérêt pour les catégories Développement durable et économie et finances. Cela reflète la faiblesse de la presse, selon lui.
Gilbert Ahnee a affirmé que la qualité des envois dans la deuxième catégorie était « extrêmement médiocre ». Ce qui a interpellé le jury, c’est aussi la légèreté et presque l’absence de contenu de certains envois. « Est-ce qu’il y a un rédacteur en chef, un chef de service ou un chef d’édition qui a autorisé ce type d’envoi ou, pire, autorisé la publication de ce type d’article ? »
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