Prévisions précises de la météo : restructuration, formation poussée et changement de protocole nécessaires

Depuis quelques années, les services météorologiques de Vacoas sont pointés du doigt par le public pour des prévisions qui seraient « inexactes ». Le lundi 30 décembre, par exemple, la météo avait émis l’alerte cyclonique 3 aux alentours de 9h00. Des membres du public, qui se sont rendus au travail, ont dû retourner chez eux. Que faire pour obtenir des prévisions précises ? Comment améliorer le fonctionnement de la météo ? D'anciens directeurs de la station de Vacoas, sollicités, estiment qu’une restructuration, une formation poussée et un changement de protocole lors de l’émission des avertissements cycloniques sont nécessaires. 

L’épisode du 30 décembre dernier, suite au passage de la forte tempête tropicale Calvinia, semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les gens, qui ont dû retourner chez eux peu après l’annonce de l'alerte 3, n’ont pas été tendres envers les responsables de la météo. Si certains réclamaient la démission du directeur de l’organisme, d’autres ont tout simplement dit qu’ils ne « font plus confiance » aux prévisions de la station météorologique de Vacoas. Un ex-directeur de la météo, maintenant à la retraite, avance que la station de Vacoas est dotée d’équipements de pointe et d’un personnel qualifié et d’expérience. Alors, où est la faille ? 

« Les services météorologiques de Vacoas ne sont pas fautifs. Le temps a changé et nous faisons face, depuis quelques années déjà, à des conditions climatiques extrêmes liées au réchauffement de la planète. C’est surprenant, voire désolant, de constater qu’à chaque détérioration du temps, il y a 1,3 million de Mauriciens qui deviennent immédiatement météorologues ou prévisionnistes. La météo, en soi, est une science qui ne cesse d’évoluer. Bien souvent, les données sont inexactes et il y a beaucoup d’incertitudes. N’oublions pas que ce ne sont que des prévisions du temps», explique notre premier interlocuteur. Selon le météorologue, « l’heure est venue d’expliquer les effets du changement climatique dans les écoles ».

« Personne » pour interpréter les données

Rajen Mungrah, un autre ex-directeur de la station de Vacoas, est, lui, avare de mots. « Avant mon départ de la météo, tout se déroulait très bien. Mais laissez-moi vous dire que la station de Vacoas est dotée d’appareils de pointe et de personnes qualifiées », déclare-t-il. 

Quant à l’ancien DG de la météo, Suresh Boodhoo, qui a passé 37 ans dans le service et a pris sa retraite en 2010, il fait ressortir que la station de Vacoas est pourvue de météorologues « sans expérience depi enba ziska mi-chemin". « Les technologies sont présentes mais il n’y a personne pour les interpréter les données », soutient-il. Selon lui, la météo de Vacoas serait pourvue de météorologues très qualifiés « mais certains détiennent un doctorat dans des sujets autres que les sciences physiques ou les mathématiques ». « Il y a des protocoles, comme par exemple l’heure pour l’émission des avertissements, qui méritent d’être revus, car il y a plusieurs secteurs impliqués. Maurice a évolué et on ne peut plaire à tout le monde. N’oublions pas qu’il y a aussi les effets du changement climatique », ajoute Suresh Boodhoo. Ce dernier a, pour rappel, été le président de la commission climatologie de l’Organisation Mondiale de la Météo (OMM).

Formation des météorologues

Subiraj Sok Appadoo a, lui, quitté la météo de Vacoas il y a 15 ans et il réclame un changement complet dans le fonctionnement de la station, car « une routine s’est installée au fil du temps et le travail ne se fait pas comme il se doit. On ne peut pas tout mettre sur le compte du changement climatique ! Je suis plutôt d’avis que la météo de Vacoas nécessite d’abord un inventaire des ressources financières, humaines et de ses équipements. Je pense qu’il est tout aussi important de mettre les principes de base de la météo en avant. Autrement dit : la pression atmosphérique et la direction du vent doivent être interprétées et maîtrisées comme il se doit », propose-t-il.

Selon l’ancien directeur général de la météo, « les météorologues de Vacoas travaillent avec un système daté de 1960 ». Le timing pour l’émission des avertissements cycloniques, par exemple, en serait la preuve, selon lui. Subiraj Sok Appadoo pense également qu’il faut revoir les protocoles lors des conditions extrêmes : « Une fois la saison cyclonique terminée, il faut former les professionnels de la météo. Une fois la formation complétée, des représentants de l’OMM peuvent dispenser d’autres sessions plus pointues suivies d’examens". 

L'actuel DG de la météo, Bhye Muslim Heetun, a été sollicité pour des explications à maintes reprises depuis jeudi soir. En vain...