Il y a une quinzaine années, Pradeep Dassoa abandonnait son poste de conducteur à la United Bus Service pour se lancer dans le commerce de pistaches et « grammes bouillies ».
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Un véritable pari, mais aussi un risque calculé qui, aujourd’hui, paie. Son entreprise familiale, située à Valetta, est florissante alors que la succession est assurée.S’il fallait une preuve du succès de l’entreprise de Pradeep Dassoa, il suffirait d’admirer la belle berline acquise il n’y a pas longtemps.
« C’est un cadeau que la famille s’est offert. On ne voulait pas se tuer au travail, on aspirait aussi à profiter de la vie », confie Pradeep Dassoa, 50 ans, marié à Shalini. Tous deux sont parents de deux filles et d’un garçon, Vimal, lui-aussi étroitement lié à l’activité professionnelle de la famille.
À Valetta, l’enseigne des Dassoa est connue de tous et leur notoriété a gagné toute l’île grâce à la qualité de leurs produits, à une présence permanente sur leurs lieux de vente et à une excellente relation avec la clientèle. « Très vite, nous avons misé sur les normes pour assurer la qualité de nos produits », fait valoir Pradeep Dassoa.
Deuxième job
Mais avant d’en arriver là, les Dassoa ont connu la précarité, le salaire de Pradeep étant insuffisant pour subvenir aux besoins de la famille. Aussi, trois ans avant de quitter son emploi, décide-t-il de se trouver un deuxième job. C’est sur le commerce des pistaches salées grillées qu’il jette son dévolu. « Je me suis d’abord renseigné auprès des amis sur la confection des pistaches. Tout n’a pas toujours marché comme sur des roulettes, il y a eu des ratés », rigole-t-il. Mais son choix se révèle judicieux. Si bien qu’il décide de quitter son poste de conducteur pour se consacrer exclusivement aux pistaches.
Au départ, il s’approvisionnait en petites quantités auprès d’un importateur à Port-Louis et revendait les pistaches salées à Valetta. Au fil des années, lorsque son marché s’est stabilisé et que les perspectives se sont révélées prometteuses, il a commencé par importer ses pistaches de Chine.
Au même moment, il a réinvesti ses bénéfices en agrandissant sa maison pour accueillir un espace dédié à la cuisson et au stockage. Puis, il a acheté deux fourgons pour transporter son matériel aux points de vente.
« Notre première expérience, en dehors de Valetta, a été la foire de Flacq, où la réception a été vraiment au-delà de nos espérances. À partir de là, nous étions sûrs de pouvoir aller n’importe où à Maurice », explique Pradeep.
Eau salée et colorée
Durant la cuisson, son épouse, Shalini, est toujours à ses côtés. Après avoir trempé les pistaches dans de l’eau salée et colorée, les petites graines sont mises à sécher, soit sur le toit lorsqu’il fait beau ou à l’intérieur, lorsque le temps ne s’y prête pas. « Avant d’aller aux points de vente, nous sommes les premiers à vérifier le goût des pistaches, explique Karishma, sa belle-fille. Il nous est déjà arrivé de devoir recommencer la première étape parce que nous n’étions pas satisfaits du goût des pistaches ».
Les lundis et mardis sont consacrés à la cuisson et les jours suivants, la famille se scinde en deux pour faire la vente. Pradeep et son épouse sont, eux, à Curepipe et à Flacq, tandis que Vimal et Karishma concentrent leurs activités à Saint-Pierre et à Valetta. « Chacun gère ses recettes, explique Pradeep. Ce qui veut dire qu’on doit, chacun de son côté, s’employer à maintenir le chiffre d’affaires. Vimal a dû acheter son propre véhicule, mais l’entreprise reste sous l’enseigne familiale. »
L’approvisionnement en pistaches ne se fait pas sans problème, en raison des procédures de vérification de qualité en vigueur à Maurice. « Parfois, nos pistaches sont frappées d’interdiction. À ce moment-là, nous nous tournons vers d’autres importateurs. C’est pourquoi nous avons choisi de constituer des stocks pour trois ou quatre mois », explique le fondateur de l’entreprise.
La concurrence
Pradeep Dassoa a toujours fait son bonhomme de chemin sans jamais se préoccuper de la concurrence. « Je préfère me concentrer sur la qualité de mes produits, ma clientèle, les approvisionnements, sans oublier ma santé. Ce sont ces facteurs qui nous ont permis de progresser et de donner un sens à notre vie. »
Parmi la variété de produits sortis de sa petite entreprise, les pistaches douces sont les plus prisées, suivies de celles qui sont salées et grillées et celles qui sont bouillies. Quant à la teneur en sucre des pistaches douces, le choix appartient au client. « Je ne peux pas réduire le sucre et je ne l’augmente pas non plus. Mais il faut que je l’indique aux clients », fait-il valoir.
A-t-il pensé à diversifier son business, voire à l’étendre à la région ? « Cela m’est déjà venu à l’esprit, mais je ne suis pas prêt pour cette aventure. Cela exige des investissements si on souhaite aller à l’international, mais ça peut être rentable. Ce sera à mon fils de décider lorsqu’il prendra la relève. Dans l’immédiat, je me sens bien dans la gestion d’une entreprise qui marche », conclut Pradeep Dassoa.
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