Pr Sheila Bunwaree: « L’identité de l’Afrique est multiple »

L’Université de Maurice, en collaboration avec le Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund, a célébré l’Africa Day 2016. Pour l’occasion, la Pr Sheila Bunwaree, première 'SSR African Studies Chair', a prononcé un vibrant discours sur l’Afrique. La Pr Bunwaree a fait ressortir que l’identité de l’Afrique est multiple et pas unique. Que c’est une terre de contradictions, qui aide les autres à se développer alors qu’elle-même reste pauvre et sous-développée. Elle a cité l’exemple du conseil africain Ubuntu qui met l’accent sur notre humanité commune, alors qu’un peu partout à travers le même continent, il y a des conflits. Elle a aussi démontré comment le regard sur l’Afrique change, les médias estimant que c’est un continent d’avenir. Elle a cité les discours des politiciens de l’hémisphère Nord invitant les investisseurs à aller en Afrique.

Le réveil du continent noir

Cependant, même si elle est optimiste pour l’Afrique, elle a mis en garde contre un programme de développement qui soit uniquement basé sur le système capitaliste néolibéral avec pour seule priorité le profit. Selon elle, l’Afrique ne devrait pas céder ses terres à des pays lointains qui n’ont rien à faire avec elle. Si les chiffres montrent un réveil, il ne faudrait pas se fier uniquement à eux. Elle cite l’exemple de la Zambie où certains investisseurs chinois exploiteraient la population locale. De plus, certaines des ressources naturelles exploitées ne se régénèrent pas. Elle a analysé le cas de la République démocratique du Congo, le pays africain avec le plus fort taux de croissance économique, mais qui figure parmi les derniers sur le plan du développement humain, de l’éducation et de la durée de vie moyenne. Elle a cité des études récentes qui ont révélé que seul un Africain sur trois est convaincu que les conditions s’améliorent sur le continent. La Pr Sheila Bunwaree propose un système de production et de consommation basé sur le modèle coopératif ou une forme d’agriculture gérée par de petites communautés. Elle recommande aussi la production d’énergie propre, comme c’est le cas au Maroc. L’important pour elle, c’est de ne pas se laisser aveugler par les chiffres de croissance économique et l’augmentation du Produit intérieur brut. Elle a cité Gandhi qui a dit : « La vitesse ne sert à rien si on va dans la mauvaise direction. »