À bord du Hokule’a, ils sont douze à voyager à travers le monde depuis 2013. Naviguant que grâce aux étoiles, l’Hokule’a déjà jeté l’ancre dans plus de 24 îles.
La marina du Caudan accueille, depuis le 17 septembre, le Hokule’a (étoile du bonheur, en hawaïen). Vieux de 40 ans, il transporte un équipage de 12 personnes depuis son départ d’Hawaï, en 2013. Cette odyssée, digne du voyage d’Ulysse, s’achèvera en 2017, quand ces femmes et ces hommes jetteront l’ancre en Polynésie Française.
Avec sa barbe de plusieurs jours, Kalepa Baybayan semble fatigué. Il répondra d’ailleurs à notre « Hello » par un « Aloha » fatigué.
Au fil de la conversation, il nous apprendra qu’il a 58 ans et que dans sa famille, il est le seul à avoir pris la mer pour aller aussi loin : « La navigation est profondément ancrée dans l’histoire du peuple hawaïen. Cependant, dans ma famille, je suis le seul à naviguer. Et à le faire à des milles nautiques de ma terre patrie. »
Mais qu’est-ce qui a donc poussé cet homme à quitter sa famille pour vivre une pareille aventure turquoise ? Là où beaucoup auraient répondu l’aventure, Kalepa répondra : « Je fais là un voyage dans le temps. Cette traversée me permet de naviguer comme mes ancêtres l’avaient fait il y a des centaines d’années. Pour moi, c’est plus qu’une simple aventure ; il me permet de vivre un héritage dont je suis fier. »
La particularité de cette traversée, c’est que l’équipage navigue avec la tête dans le ciel : « Vous ne trouverez pas de boussole à bord. Pour naviguer, on se fie uniquement aux étoiles et à la direction du vent. Et cela marche, la preuve nous sommes à Maurice », plaisante-t-il.
Cependant, ça ne rigole pas toujours à bord. « Quand on entreprend une traversée pareille, il faut s’attendre à subir les caprices de la nature et les colères de Poséidon. Mais jusqu’ici, on n’a heureusement pas eu de grosses difficultés en mer. »
Et si cela est le cas, c’est peut-être parce que ce périple a bénéficié d’une bénédiction de la nature vu qu’il a été entrepris pour une bonne cause : « Nous sommes en quelque sorte de chasseurs d’histoires. En effet, à chaque escale, nous collectons des informations pour connaître l’engagement d’un pays à protéger la biodiversité de sa zone maritime. Toutes nos données atterrissent sur notre site. Nous faisons aussi beaucoup de sensibilisation », explique Kalepa.
Question de confiance
Ingénieure de formation, Lehua Kamalu a 29 ans. Pour la jeune femme, la vie à bord n’a rien d’éreintant: « Ce n’est pas plus dur pour un homme que pour une femme. En toute modestie, je travaille autant qu’homme sinon plus », nous dit-elle en souriant.
De plus, à bord, les tâches sont bien réparties. Lehua s’occupe elle, de tout ce qui a trait à la logistique: « Les autres membres d’équipage me taquinent. Ils disent de moi que je suis un garçon marqué. Mais si m’occupe de la logistique, c’est parce que j’ai eu une formation en ingénierie. »
Formation qu’elle n’a pas encore utilisée pour une carrière professionnelle, ayant opté pour l’aventure avec le Hokule’a.
« Mon père ne manque jamais une occasion de me rappeler qu’à cette heure, j’aurais dû travailler comme ingénieure. Mais, avec le temps, il a fini par comprendre la passion que je nourris pour ce bateau depuis mon enfance. »
Comme Lehua, Billy Richard, 67 ans est amoureux fou de ce bateau. Il y a d’ailleurs consacré plus d’une décennie de sa vie: « J’ai effectivement beaucoup navigué sur ce bateau. Et à chaque fois, c’est avec le même plaisir que je le fais. C’est pour moi un privilège que de faire le tour du monde avec cet équipage. »
Cependant, outre d’avoir le pied marin pour un voyage pareil, le plus important demeure la foi. « Il faut d’abord avoir foi dans le capitaine. Ensuite, il faut faire confiance au bateau et à son équipage. Mais le plus important, c’est de se faire confiance à soi-même. Sinon, la traversée tombe à l’eau! »
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