Connue comme un centre névralgique de la capitale, la gare Victoria n’est plus cet endroit bouillonnant d’activités avec les va-et-vient incessants des voyageurs par autobus, les taxis qui embarquent et débarquent leurs clients, les magasins et les snacks qui vendent leurs produits divers aux nombreux clients potentiels.
Ce lundi 16 septembre. Il est 8 heures. Un soleil radieux a déjà fait son apparition. Mais Place Victoria affiche grise mine. Elle a pris un aspect désertique après la fermeture de la gare routière samedi.
Depuis, on n'entend plus les ronronnements des moteurs, ni les cris des marchands de rue. Le parfum des délicieux gâteaux «arouille» et autres beignets près de l’aire de stationnement du parc d’autobus individuels ne flotte plus dans l'air. C’est là que passaient, entre autres, les passagers se rendant à Sébastopol, Nouvelle-Découverte et Valetta.
Le marchand de «konfi» n'est plus là non plus. Ni les veilles dames qui d’habitude exposent des légumes en vente à même le sol.
Á quelques mètres de là, la place Decaen où étaient relogés des marchands ambulants de la capitale, il ne reste plus que des étals abandonnés, offrant une vue de désolation après le passage d’un cyclone.
La gare a ainsi perdu son pittoresque et les membres du public ont bien du mal à s’adapter dans le nouvel environnement où les bonnes vieilles habitudes ont été bousculées pour les besoins de la construction du Victoria Urban Terminal.
Développement oblige, c'est tout un pan de l'histoire de la capitale qui est appelé à disparaître. Tout sera rasé pour faire place au Victoria Urban Terminal. Il s'agit d'un complexe moderne sur une superficie de 5,25 arpents au coût de Rs 1,85 milliard à Place Victoria.
Les marchands ambulants de la place Decaen ont pris connaissance de leur nouvel emplacement ce lundi. Certains ont été relogés à Place de l'Immigration, d'autres à la rue Ingénieur et au Ruisseau du Pouce.
Noorani, un marchand ambulant, est résigné: «Nous devons faire preuve de patience en attendant que le nouveau terminal soit prêt », dit-il.
Ecoutez son témoignage :
Saïda, une marchande, trouve, elle, mauvaise la décision de faire les marchands changer d’emplacement. Ce qui importe pour elle par-dessus tout, c’est son propre sort : « J'ai des dettes.» Elle laisse sous-entendre que dorénavant elle n’aurait plus de clients comme avant.
Colère
Autre constat : les opérateurs d'autobus ont migré vers de nouveaux endroits aménagés en dehors de l’ancienne gare routière :
Des voyageurs arrivent difficilement à s’orienter. Et c'est la confusion totale pour arriver à prendre le bus. Ce qui est source d’agacements de de mécontentement. Un receveur de bus ne cache pas sa colère :
L'assistant surintendant de police (ASP), Subhas Domun, se veut lui rassurant. Il était sur place ce lundi matin pour veiller au bon déroulement du plan de relogement des opérateurs. «La situation est sous contrôle», affirme-t-il. «On va orienter le public tous les jours pendant un mois», dit-il.
Un inspecteur de la National Transport Authority (NTA) était aussi sur les lieux pour superviser l'opération. «Les passagers vont vite s’habituer à leur nouvel environnement», laisse-t-il entendre.
Un peu plus loin, des commerçants en face de la place taxis expriment des inquiétudes. Les travaux du Victoria Urban Terminal sont susceptibles d’affecter leurs chiffres d'affaires.
David Lee, un marchand de boulettes, abonde dans le même sens : «Nou pena swa. Bizin ress en plas. Automatik la vant pou besser.»
Un avis que partage, Dorine Maunick, gérante d'un magasin: «Pa pou ena publik ki pou passe ici. Lavant pou plis dan pins. Ti bizin met nou au kouran pli avan. Lerla nou ti kave diskit sa ek gouverneman pou trouv enn solision.»
Les chauffeurs de taxi ne nagent pas dans le confort non plus. Ils opèrent désormais en face du supermarché Winner’s, rue Celicourt Antelme. D'autres ont été relogés à rue Edith Cavell.
Il est 9 heures. Á une cinquantaine de mètres de l'hôtel Mexico, endroit où de nombreux passagers et employés du transport, font halte pour prendre le thé ou la casse-croûte, la place Victoria accueille ses premiers ouvriers. Ils entameront d'ici ce mardi des travaux de délimitation.
Aujourd’hui déserte, l'ancienne gare attend sa transformation pour accueillir ses premiers passagers en septembre 2021. On verra alors l’apparition d’un édifice alliant esthétique et fonctionnalité.
Un complexe moderne
Le Victoria Urban Terminal, qui s'étalera sur une superficie de 5,25 arpents, abritera un terminus comprenant 22 stands, des bureaux sur 2 992 m2, une aire de stationnement de 400 places sur 2 200 m2, le Victoria Market sur 7200 m2, le Victoria Shopping Center sur 8 480 m2, un supermarché sur 2 448 m2, un espace pour abriter 1 000 marchands ambulants sur 7 234 m2, un espace pour les taxis et un food-court de 1 049 m2. La station du Metro Express se trouvera non loin. Il est prévu qu'entre 50 000 et 100 000 passagers transiteront par le Victoria Urban Terminal chaque jour. Coût du projet : Rs 1,85 milliard. La première phase des travaux devrait prendre fin dans deux ans, soit en septembre 2021.
Voici le plan de relogement en marge des travaux du Victoria Urban Terminal :
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