On associe souvent le terme catastrophe aux cyclones. Cependant bien que destructeurs, ils jouent un rôle important pour les organismes et les dynamiques environnementales, comme tous les phénomènes naturels.
Batsirai est certes une catastrophe qui a fait beaucoup de dégâts pour l’homme. Cependant, d’un point de vue environnemental, ce n’est pas tout à fait le cas. Un cyclone peut jouer un rôle important pour l’équilibre de l’écosystème. Cependant, les spécialistes affirment qu’il ne faut pas négliger l’aspect destructeur d’un cyclone.
Selon l’ingénieur en environnement, Vassen Kauppaymuthoo, un cyclone est un phénomène qui aspire l’air chaud de la mer vers l’atmosphère. Lorsque Batsirai s’est formé, la température de la mer était de 27 °C. Il a, donc, aspiré cette chaleur de la mer pour la rendre plus froide. De ce fait après le cyclone nous commençons à ressentir un air plus frais. Pour les coraux c’est bénéfique, car la chaleur provoque leur blanchiment et leur mort.
De plus, Vassen Kauppaymuthoo explique que le cyclone permet aux jeunes arbres de pousser en éliminant les arbres et plantes malades et endommagés. D’ailleurs, le vent puissant éparpille les graines et favorise leur dissémination et la propagation de plantes sur des plaines dépourvues de végétation.
Un autre avantage d’un cyclone c’est qu’il provoque le « flushing » des canaux et des rivières de leurs pollutions. Mais malheureusement ces pollutions finissent dans le lagon. Par la même occasion, les cyclones sont attendus, car ils remplissent les réservoirs et les nappes phréatiques (voir encadré).
Mais le désavantage des cyclones c’est qu’il transporte la pollution venant des rivières vers la mer. Les cyclones provoquent l’accumulation de boue et de sédiments, ce qui tue les coraux du lagon. Le plus grave pour l’homme c’est que comme nous le voyons avec Batsirai, les infrastructures urbaines subissent les coups des rafales violents et des inondations. Vassen Kauppaymuthoo affirme que les tempêtes régulières provoquent, aussi, la migration des espèces animales et certains sont en voie de disparition.
Ces phénomènes endommagent les infrastructures. C’était visible mercredi : arbres déracinés, maisons détruites, routes inondées, panneaux publicitaires arrachés et récoltes perdues, entre autres.
résilience
Place aux infrastructures résilientes."
Pour l’urbaniste Zaheer Allam, il est temps de songer à mettre en place des infrastructures résilientes aux effets climatiques. Pour lui, la résilience urbaine est un thème souvent à l’ordre du jour, notamment dans les discours sur le changement climatique. Il ajoute que de nombreux rapports scientifiquement indiquent l’urgence du changement climatique. Le pays peut, dès maintenant, agir, sous la forme d’ajustements des infrastructures (comme la construction de drains, entre autres). Il peut aussi mettre à jour des plans de politique urbaine.
« À Maurice, nous avons un héritage intéressant, légué, du cyclone Carol, quand nous avons vu une vague de logements en béton, effacer ceux en bois coloniaux. À l’avenir, je pense que la résilience doit être abordée à la fois avec pragmatisme et prévoyance, tout en veillant à préserver notre qualité de vie, notre identité et notre caractère urbain », affirme l’urbaniste.
Campagnes de sensibilisation
Des campagnes de sensibilisation doivent être menées en amont, afin que la population soit mieux préparée à faire face à un cyclone. C’est l’avis de nos interlocuteurs.
« Ce n’est pas pendant un cyclone qu’il faut dire à la population les mesures à prendre. C’est une chose à faire en amont », avance Rakesh Narain, directeur et fondateur du site Météo et cyclone Maurice (MCM). Ce météorologue amateur explique que depuis le cyclone tropical Gamede en février 2007, de nombreuses personnes n’ont pas fait l’expérience d’un tel phénomène et ne savaient pas les précautions à prendre. Il préconise ainsi des campagnes de sensibilisation régulières.
« C’est une chose à enseigner dès l’école primaire dans les classes d’histoire et de géographie. Elle doit aussi se faire à travers les médias », dit-il. Selon lui, c’est ce qui aidera à éviter qu’il y ait des personnes inconscientes du danger que représente un cyclone. Elles ne s’aventureront pas en mer pour aller nager, alors que le pays est en alerte cyclonique de classe 3.
Rakesh Narain indique que l’une des missions de MCM est de sensibiliser la population. Dans cette optique, le groupe de météorologues-amateurs prépare une série de vidéos explicatives d’une à deux minutes. Elles expliquent les différents phénomènes météorologiques et comment se protéger. Il déplore que ce ne soit pas le cas sur le site de la station météorologique de Vacoas.
Edley Michaud, météorologue-amateur, plaide lui aussi pour des campagnes de sensibilisation. Il compte sur le National Disaster Risk Reduction and Management Centre pour les mener. Pour lui, des exercices de simulation devraient être faits plus souvent. De plus, la force policière devrait aussi intervenir pour rappeler à l’ordre ceux qui bravent les alertes cycloniques de classe 3 et 4 et s’aventurent en mer. Selon lui, le public est bien avisé, mais il y a des personnes qui font fi des avertissements des autorités.
Farook Mowlabucus : « Les grosses pluies bénéfiques pour les nappes souterraines »
L’hydrologue Farook Mowlabucus explique que bien que certaines régions aient été inondées à cause des averses, celles-ci alimentent les nappes souterraines. « Les averses d’un cyclone durent deux à trois jours contrairement aux autres qui ne durent que quelques heures. Avec cette situation, les rivières sont en crue et c’est très bon pour les réservoirs. Il faut souligner que ces averses infiltrent les terres jusqu’aux nappes souterraines, car c’est une pluie de longue durée. On peut être sûr que celles-ci seront bientôt dans une situation très confortable. »
Il poursuit que quand les nappes sont remplies, ils ne débordent pas. « Quand l’eau commence à monter à la surface alors il y a un endroit où l’eau qui est en surplus va sortir et c’est ce qui produit des sources de rivières. » Souvent on note qu’une rivière est sèche, c’est parce que l’aquifère qui se trouve tout près est sec.
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