2017 marque les dix ans de prêtrise de Laurent Rivet. Le trentenaire vient de finir des études bibliques à Rome et à Jérusalem. Il prendra de nouvelles fonctions en septembre. En attendant, il revient sur son parcours.
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« C’est la jeunesse qui m’a choisi. Je me suis rapproché d’elle par rapport au style et au langage. J’ai toujours laissé la place à la créativité »
Laurent Rivet, 37 ans, est réputé pour être un prêtre hors du commun. Cela fait trois semaines déjà qu’il est arrivé à Maurice. Il réside actuellement chez ses parents à Tamarin.
« Le mois prochain, je démarre une nouvelle étape dans ma vie de prêtre. Pour l’instant, je souhaite garder la surprise », dit le père Rivet avec un léger sourire. Son combat demeure le même : partager la joie et vibrer avec les jeunes dans leurs souffrances, comme l’a fait Don Bosco.
« C’est la jeunesse qui m’a choisi. Je me suis rapproché d’elle par rapport au style et au langage. J’ai toujours laissé la place à la créativité », dit-il d’emblée. Outre sa nouvelle fonction, le père Rivet célèbre cette année ses dix ans de prêtrise.
Plus jeune, il caresse le rêve d’être architecte, afin de mettre ses capacités au service du pays. Après les examens du Higher School Certificate (HSC), l’étudiant du collège du Saint-Esprit, à Quatre-Bornes, obtient une bourse d’études au Curtin University, en Australie. Mais l’appel de Dieu se fait sentir peu à peu. Les émeutes de 1999 secouent le jeune homme.
Triste événement
« J’habitais dans un quartier bourgeois à Quatre-Bornes. Donc, nous n’étions pas directement touchés par ce triste événement. Je commençais alors à me poser des questions sur la pauvreté, l’éducation et la disparité », relate notre interlocuteur.
Quelque temps plus tard, sa mère l’inscrit à une retraite à Riambel animée par la Communauté Chemin-Neuf. La révélation se fera pendant ces cinq jours. « Le prêtre m’a demandé ce que j’étais venu chercher. J’étais perplexe. À plusieurs reprises, je me suis interrogé sur l’existence de Dieu. Quand je priais, j’avais l’impression de m’adresser à moi-même. Je voulais croire en Dieu. Pendant cette retraite, j’ai redécouvert de manière plus forte Dieu, dans ma vie, à travers sa parole », dit-il.
À cette période-là, Laurent se lie d’amitié avec une fille. Les deux jeunes partagent une affinité spirituelle. « On éprouvait des sentiments l’un pour l’autre. Elle sentait que j’allais me tourner vers la prêtrise. Nous en avons parlé avant de prendre nos distances. C’était dur, mais cela m’a aidé à mieux prendre une décision », confie le prêtre. Il fait alors le choix du célibat et de servir le Seigneur.
« Le célibat nous met dans une position pour mieux servir Dieu », dit-il. Benjamin d’une fratrie de quatre enfants, il ne tarde pas à annoncer la bonne nouvelle à ses parents. Un soir, il s’invite dans leur chambre et leur propose de lire Seigneur, envoie-nous des fous. « Ils se doutaient déjà de mon cheminement. Ils ont eu peur de la vitesse à laquelle je progressais et le fait que j’ai renoncé à ma bourse d’études », ajoute-t-il.
Deux ans après, il met le cap sur Nantes, en France, pour le séminaire. Des doutes, il y en a eu. « En 2006, j’apprends qu’un frère quitte le ministère et il n’est pas le premier ! Je me suis alors dit que je n’étais pas mieux que les autres. J’ai parlé au Seigneur et je lui ai lancé : ‘Tu m’as appelé et je suis venu. Gete ki to kapav fer.’ Il m’a répondu : ‘Fais-moi confiance.’ Je continue à apprendre à le suivre dans le silence de mon cœur », raconte cet ancien scout.
Le père Rivet dit qu’il vit sa rencontre avec le divin au quotidien. Il le ressent à travers de nombreux événements. Il offrait des repas à des « tontons » (des sans-abri) à l’arrière de l’église Notre-Dame-de-Lourdes, à Rose-Hill, tous les jeudis, quand il était adolescent. Il se souvient de sa formation pour aider les sans domicile fixe.
En 2007, il est ordonné prêtre sous un ciel pluvieux à Tamarin. Durant sept ans, il va servir les paroisse de Pailles, Cassis et l’Immaculée-Conception, à Port-Louis. Il opte ensuite pour des études bibliques à Rome, en Italie, puis à Jérusalem. « Le peuple a beaucoup d’estime pour leur prêtre. Ils prient pour lui. On apprend à être prêtre au contact des paroissiens », dit-il.
En sus des enseignements de l’Église, il compte se remettre à la musique et se retrouver avec son groupe Zezi United. « Les chansons m’aident avant tout à mieux vivre ma foi. J’ai déjà quelques compositions. Donc, le quatrième album est au stade de réflexion », avance cet ancien interprète d’un groupe de rock au collège. S’il a cessé de jouer au football, il continue à courir pour le plaisir et lit des romans historiques et des essais.
« L’Église se renouvelle. Mais doit-elle se modeler sur le temps présent ? » s’interroge-t-il. En attendant une réponse, il participe à la traduction de l’Ancien Testament en kreol par la Société biblique de Maurice. « Nous lisons trop peu l’Ancien Testament. Nous voulons qu’il soit plus entendu », indique-t-il. Il souhaite également aider au renouvellement de la catéchèse biblique à travers le projet Kleopas.
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