Alors que la campagne électorale s’intensifie à Maurice, le marché des devises a été récemment évoqué lors des réunions. L’Alliance Lepep assure avoir mis en place des mesures pour stabiliser la situation, tandis que l’Alliance du Changement dénonce l’insuffisance de ces actions pour redresser un marché en difficulté. Quelle est la situation actuellement ? Que pensent les observateurs économiques ? Le point.
La situation actuelle
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Selon Tahir Wahab, observateur économique, la situation sur le marché des changes à Maurice est influencée par plusieurs facteurs, notamment la conjoncture économique mondiale, les revenus du tourisme et une demande croissante en cette fin d’année. « Les fluctuations actuelles sont le reflet d’une conjoncture complexe, où l’économie mauricienne dépend de plus en plus des devises pour assurer la stabilité des échanges commerciaux, » précise-t-il.
Depuis plusieurs mois, dit-il, des pénuries de devises, particulièrement en dollars et en euros, ont été rapportées. « Cette rareté limite la capacité des commerçants à importer leurs produits, provoquant des délais d’attente parfois longs pour accéder aux fonds nécessaires », poursuit-il.
Alexandre Sanchini, CEO de Blue Ship Capital, confirme cette situation. « La pénurie de devises touche principalement les acteurs privés, qu’ils soient entreprises ou particuliers. Malgré les récentes interventions de la Banque de Maurice, l’accès aux devises reste difficile », déplore-t-il. Le manque de liquidités en devises, selon lui, exerce une pression croissante sur le marché et contribue à la dépréciation de la roupie, avec des répercussions sur le coût de la vie et l’inflation.
Hafeez Toofail, expert financier, estime que bien que la BoM ait tenté de stabiliser la situation en intervenant deux fois en octobre 2024, ces efforts n’ont pas été suffisants pour combler la demande. « Le marché est sous pression en raison de la demande saisonnière, les entreprises renforcent leurs stocks en vue des fêtes et les particuliers voyagent davantage », observe-t-il. Selon lui, cette demande accrue accentue le déséquilibre entre l’offre et la demande de devises, poussant ainsi les prix à la hausse.
Dans un contexte où le pouvoir d’achat devient une préoccupation majeure des électeurs, les acteurs économiques regrettent que la question de la stabilité monétaire ne soit pas abordée plus largement dans les discours politiques. « Même si certains responsables politiques évoquent la stabilisation monétaire, les solutions proposées manquent souvent de profondeur », déclare Tahir Wahab. Il souligne que les politiques monétaires et les réformes nécessaires exigent une volonté politique solide pour pouvoir affecter durablement le marché des devises.
Alexandre Sanchini abonde dans le même sens. « La dépréciation de la roupie est souvent mentionnée comme un facteur de l’inflation importée. Cependant, le manque de devises, qui touche principalement les entreprises, n’est pas suffisamment pris en compte dans les discussions politiques, car il ne s’agit pas d’un sujet directement lié aux attentes des électeurs », avance-t-il.
HafeezToofail, quant à lui, déplore que les enjeux macroéconomiques tels que la stabilité monétaire et les politiques de change soient laissés de côté au profit de sujets plus populaires comme l’emploi, la santé et l’éducation. « Le marché des devises impacte pourtant directement le coût de la vie et la capacité de résilience de l’économie mauricienne face aux chocs externes », explique-t-il.
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